samedi 4 juin 2011

Bulletin 41


Vigilance

Info

N°41 − mai 2011

Bulletin de

Justice & Libertés

Comité de vigilance contre l’extrême droite et pour le respect de l’Etat de Droit

La crise alimente les forces les plus réactionnaires comme le Front national

Depuis quatre ans, la crise s’est bel et bien installée en France. Tout le monde la ressent sous différentes formes. Selon le FMI (Fonds monétaire international) la crise n’est pas finie. Pire, un «mur de dettes» de 3600 milliards d’euros menace l’existence des banques grecques, islandaises, portugaises, espagnoles, voire de certaines banques régionales allemandes.

Ce gouvernement organise l’insolvabilité de l’Etat au bénéfice des actionnaires du CAC 40 et au détriment des salariés. L’aide aux banques correspond à 120 milliards d’euros engagés (soit 6 fois le fameux trou de la Sécurité sociale) empruntés sur le marché financier et dont les intérêts sont payés par les salariés. La dette publique qui était de 1218 milliards d’euros (64,2% du PIB) en 2007, avant l’élection de Sarkozy, est passée à 1640 milliards d’euros (84,2% du PIB) en 2010. Parallèlement à la dépénalisation des affaires et à la disparition progressive des pôles financiers auprès des tribunaux, se met en place une série de lois liberticides (Suite page 2).

Samedi 28 mai 2011- 15 h

Rassemblement place

Kléber à Strasbourg

Pour exiger l’arrêt immédiat de la

politique raciste et xénophobe d’Etat

Conséquence des soi-disant «réformes» du pouvoir Sarkozy, c’est l’augmentation du chômage et la progression de la précarité qui menacent les Français de condition modeste. L’Education nationale et la recherche ont payé au prix fort la rigueur budgétaire. La fusion des conseillers généraux et régionaux privera de 26 milliards d’euros les collectivités territoriales. Avant même cette fusion, le gouvernement n’a pas respecté ses engagements financiers et les départements sont asphyxiés. Ils n’arrivent plus à assumer leur mission de service public de proximité (personnes âgées, handicapés, familles, associations, etc.). Les dépenses consacrées aux familles, aux personnes âgées et aux handicapés représentent plus de 60% des charges de gestion des départements (Michel Delberghe- Le Monde du 9 avril 2010).

Selon l’Association des départements de France (ADF), sur les 11,4 milliards d’euros d’allocations versées en 2008, l’Etat n’a, en réalité, compensé ces dépenses qu’à hauteur de 7,6 milliards d’euros (…) La réforme de la taxe professionnelle [a été] mise en œuvre pour 2010.» (Michel Delberghe- Le Monde du 09/04/2010). «Vingt-huit départements seraient en grande difficulté financières» (Michel Delberghe- Le Monde du 07/04/2010).

Incompétent pour résoudre la crise économique et face à la gronde sociale, le pouvoir actuel désigne des boucs émissaires, lance des «fatwas» contre les Roms, les gens du voyage, les immigrés, les musulmans et les désigne à la vindicte populaire. Depuis, la phraséologie de l’extrême droite se banalise et passe à l’antenne. Français, vous avez des problèmes économiques? Parlons de l’«identité nationale» ! Vous n’arrivez plus à boucler les fins de mois? Parlons du «rôle de l’islam en France». Vous craignez le déclassement social? Remettons en cause le droit à l’avortement et la suppression de la peine de mort.

La surenchère xénophobe n’est plus l’apanage de l’extrême droite. L’entourage de Nicolas Sarkozy s’exprime désormais sans tabou. Inspiré par le «concept» de «préférence nationale», Claude Guéant, ministre de l’intérieur, souhaite réduire l’immigration légale. Ce qui a provoqué l’ire du patron du MEDEF, Laurence Parisot, de Christine Lagarde, ministre de l’économie et d’Alain Minc, conseiller officieux de Nicolas Sarkozy (Le Monde du10-11/04/2011). Maxime Tandonnet, conseiller intérieur et immigration à l’Elysée va jusqu’à remettre en cause, sur son blog, l’Etat de Droit. Selon lui : «L’Etat de Droit semble s’emballer, devenir comme fou, au détriment de l’autorité politique, contre le pouvoir du peuple [c’es-à-dire la démocratie plébiscitaire- NDLR] et celui de ses représentants élus, contre la démocratie.» La «démocratie plébiscitaire» est un vrai marqueur d’extrême droite.

C’est un retour en arrière programmé dont les thématiques sont relayées par une bande sortie de je- ne-sais-où, se proclamant fièrement réactionnaire(1). En font partie Robert Ménard et Eric Zemmour, raciste et antiféministe, l’une des vedettes de l’émission de Laurent Ruquier, «on n’est pas couché» sur France 2. Robert Ménard a affirmé être favorable à la peine de mort et explique qu’il n’avait «pas envie que [ses] enfants soient homosexuels» Il s’apprête à publier un pamphlet intitulé «Vive Le Pen !», dans lequel il défend, dit-il, «la liberté d’expression et de représentation parlementaire du FN»(1). Eric Zemmour dit fièrement que «nous faisons trembler la République». Traduction : vive Pétain !

Dans un article très intéressant, Abel Mestre, journaliste du quotidien Le Monde, rapporte l’analyse de Pascal Perrineau(2) pour qui les raisons de la poussée du FN ne reposeraient pas uniquement sur des facteurs nationaux : «ce qui s’est passé en Norvège, aux Pays-Bas, en Hongrie, en Autriche, montre que l’on a affaire à une crise économique et financière qui a redonné, en Europe, un espace aux forces protestataires»(3) d’extrême droite.

Le Front national (FN) représente l’élément central des «forces protestataires» dont certains représentants (Robert Ménard, Eric Zemmour, Yvon Rioufol, Eric Brunet, Elisabeth Lévy) mènent campagne pour nous faire accepter que le «FN est un parti comme les autres». Ils sont présents sur RTL, Europe 1, i-télé, BFM Tv, qui appartiennent à des milieux militaro-financiers(4).

Pour faire croire que le FN est un parti fréquentable, Marine Le Pen a changé de discours. Fini les «Durafour crématoire» ou «les détails de l’histoire». Elle va jusqu’à condamner les «nostalgiques bottés et casqués, la matraque à la main». Contrairement à son père, elle prend ses distances avec les nostalgiques du troisième Reich et déclare : «Ce qui s’est passé dans les camps (…) est le summum de la barbarie

Peut-on dire pour autant que le FN est devenu un parti comme les autres, alors que les idées d’extrême droite sont toujours les mêmes : la volonté d’exclure et même de détruire (par la mort) ceux qui sont différents? Un exemple : la «préférence nationale» en matière d’embauche, de logement, d’aides sociales, constitue le cœur du programme du FN. Pour Louis Aliot, le numéro deux du parti lepéniste, la «préférence nationale» est «un point non négligeable». Or, cette proposition est contraire à la Constitution. «La préférence nationale découle d’une vision ethnique de la nation, fondée sur le droit du sang (…) Marine Le Pen a beau essayer de donner un visage humain à la xénophobie. Cela reste de la xénophobie(5) D’autant plus que l’aile radicale des soutiens de Bruno Gollnisch, issue de l’Œuvre française, groupuscule antisémite et pétainiste, est toujours au FN.

Les enquêtes d’opinion et les études sociologiques montrent un recul lent mais constant des préjugés racistes, antisémites et xénophobes en France. Mais l’extrême droite est toujours là, revigorée par la crise économique, sociale et soutenue par une fraction de l’UMP, qui relaye ses idées, et certains «intellectuels» qui expriment leurs penchants pour les idées réactionnaires. Les acquis sociaux tels que la légalisation de l’avortement, l’abolition de la peine de mort, la tolérance envers les homosexuels, la retraite, la sécurité sociale, le vivre ensemble, etc., sont constamment malmenés au nom de la «liberté d’expression» qui n’est rien d’autre que la liberté d’exprimer les idées les plus réactionnaires et anticonstitutionnelles. Dopées par des faux débats gouvernementaux, l’islamophobie et les discriminations en tout genre gagnent du terrain. Dans une telle situation, nous avons l’impression que notre travail de militants de l’Etat de Droit et de défenseurs des acquis sociaux ne fait que commencer.

(1) Raphaël Bacqué- Le Monde du 05/04/2011.

(2) Directeur du Centre de recherche politiques de Sciences Po (Cevipof).

(3) Le Monde du 23/03/2011.

(4) Le groupe Dassault est propriétaire du Figaro. Le groupe Lagardère détient 17% des actions du groupe Le Monde, et contrôle le journal du dimanche, Paris Match, la radio Europe 1 et des éditions Hachettes. Le groupe Bouygues est propriétaire de TF1.

(5) Sylvain Crépon, sociologue spécialiste du FN- Le Monde du 30 :03/2011.

Appel pour une mobilisation nationale et unitaire contre le racisme, la politique excluante d’immigration du gouvernement et pour la

régularisation des sans-papiers

http://www.dailleursnoussommesdici.org/

Au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007 était créé, pour la première fois dans l’histoire de la République, un ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du Co-développement. Depuis, des dizaines de milliers d’étrangers en situation irrégulière, hommes, femmes, enfants, sont traqués, arrêtés et expulsés, y compris dans un pays en guerre comme l’Afghanistan. Voulue par le chef de l’Etat, mise en œuvre par ses gouvernements successifs, le ministère de l'Intérieur aujourd'hui, et soutenue par l’UMP et ses alliés à l’Assemblée, cette politique est inacceptable car elle viole des principes humanitaires élémentaires et des dispositions internationales ratifiées par la France. A cela se sont ajoutés les effets désastreux du pseudo-débat sur l’identité nationale puis la chasse aux Roms.

Pour que cesse cette situation qui porte atteinte à des droits fondamentaux, menace gravement le droit d’asile et ruine l’existence des personnes étrangères visées, nous appelons à une manifestation nationale et unitaire au mois de mai 2011, à la date anniversaire de la création du ministère de l’Immigration qui perdure aujourd'hui sous une autre forme.

Nous exigeons sa suppression, l’arrêt immédiat de cette politique et la régularisation des sans- papiers.

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