jeudi 10 novembre 2011

Assemblée générale de Justice & Libertés-Rapport d'activité


Justice & Libertés

Comité de vigilance contre l’extrême droite

et pour le respect de l’État de Droit

justiceetlibertes2@gmail.com

http://collectifjusticeetlibertes.blogspot.com

Menaces sur l’Etat de Droit

Rapport d’activité

Avec l’accès à la présidence de Nicolas Sarkozy en 2007, l’Etat français expérimente une nouvelle politique, celle de la haine, «semée entre les composantes de notre société». Cette politique, à caractère populiste, stigmatise en particulier les étrangers, les Français d’origine étrangère, les Roms, les musulmans, les pauvres, les prostitués, les chômeurs, les jeunes des banlieues, tous visés par différentes campagnes ou lois les montrant à la vindicte populaire.

Le quinquennat de Nicolas Sarkozy se caractérise par le développement d’un racisme d’Etat que la France n’avait pas connu depuis la période de Vichy. Invité à donner son avis sur la nomination éventuelle à la présidence de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) de Malik Boutih-fils d’immigrés algériens, socialiste, ancien président de SOS racisme et membre du Conseil économique et social-, Monsieur Longuet, ministre de la défense déclara, en effet : «c’est un homme de grande qualité, mais ce n’est pas le bon personnage. Parce qu’il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l’accueil de tous nos compatriotes» (LM du 12/03/2010). «Le corps français traditionnel» c’est une autre façon de dire «Français blanc de souche et catholique».

S’exprimant au sujet de Dominique Strauss-Kahn quand celui-ci était encore fréquentable, Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale déclare : «Dominique Strauss-Kahn, ce n’est pas (…) l’image de la France des terroirs et des territoires» (Le Monde Magazine du 19 février 2011). C’est vrai que «Christian Jacob», «Nicolas Sarkozy» ou «Carla Bruni-Sarkozy», tous blonds aux yeux bleus, font penser à une «France des terroirs et des territoires» plutôt que «Strauss-Kahn», juif aux cheveux noirs… A son tour, Alain Marleix, député (UMP) du Cantal et responsable des élections à l’UMP, qualifie de «Coréen national» le responsable écologiste Jean-Vincent Placé, tête de liste de la gauche pour les élections sénatoriales dans l’Essonne. Un dérapage de plus? Non, la pensée raciste dominante au sein du pouvoir ; et le président nous promettait, voici 4 ans, une «République irréprochable». Les esprits simples avaient compris un pouvoir appliquant pleinement la Constitution, respectant l’Etat de Droit et la devise de la République- Liberté, Egalité, Fraternité.

Voici le «coup de torchon» de Didier Pourquery, rédacteur en chef du Monde Magazine : «Restons sur cette affaire Tron. Je veux dire : sa démission du gouvernement, pour le reste il n’y a pas d’affaire puisque présomption d’innocence, etc. Est-il le cinquième ou le sixième ministre à quitter un gouvernement Fillon dans cette «République irréprochable» que le président appelait de ses vœux? Egrenons : Alain Joyandet (transport aérien), Christian Blanc (gros cigares), Eric Woerth (micro- partis), Michèle Alliot-Marie (vacances tunisiennes), Georges Tron (voûte plantaire) ça fait cinq ministres démissionnaires pour affaires délicates ou soupçons de malfaisance. Le sixième cité ici ou là est Brice Hortefeux. Il a juste quitté l’équipe à l’occasion d’un remaniement, certes à la suite d’une condamnation pour des propos équivoques sur les Auvergnats... C’est un peu comme Bernard Laporte (l’ami des casinos). Ou André Santini…Ou… Depuis que la République a été déclarée irréprochable, finalement, pas mal de ministres ont sauté.» (Le Monde Magasine du 4 juin 2011).

Ce n’est pas tout. L’UMP vire de plus en plus à droite et chasse, désormais, sur le terrain de l’extrême droite. En son sein s’est constitué un «collectif de la droite populaire»- composé d’une quarantaine de députés- ouvertement racistes, qui a l’oreille du président de la République.

Depuis 2007, la tâche des militants antifascistes devient de plus en plus ardue. En effet, avant 2007, l’ennemi avait le visage du Front national (FN) ou d’Alsace d’abord (AA), les partis organisés de l’extrême droite nationale et régionale. Depuis 2007, en plus des deux organisations citées, nous devons combattre également «le collectif de la droite populaire», «Riposte laïque», groupuscule formé soi-disant de militants issus de la mouvance de «gauche» et s’affichant avec «Bloc identitaire» ou «Résistance républicaine», alliés à l’extrême droite américaine regroupée autour du site internet «Jihad Watch». Les partisans dudit site, associés à «Riposte laïque» et à «Résistance républicaine» ont voulu organiser un rassemblement islamophobe à Strasbourg le 2 juillet 2011 que «Justice et Libertés» a empêché en organisant un contre rassemblement place de la République.

Voilà ce qu’a écrit Pierre Cassen, rédacteur en chef de «Riposte laïque» : «Nous découvrons deux feuilles saumâtres d’un collectif strasbourgeois, Justice et Libertés, qui, fort de tout ce que la gauche compte de partis, syndicats ou associations, se permet non seulement de nous diffamer mais en plus de prouver son manque de sérieux en proférant des mensonges grossiers, sans parler de pratiques qui ressemblent fort à celles d’une extrême droite que ces imposteurs prétendent combattre…Certes, en affirmant que Riposte laïque et Résistance républicaine sont islamophobes, il nous fait un compliment sans le vouloir.»

«Riposte laïque» manifeste au moins son honnêteté en assumant son islamophobie. Contestant le qualificatif de «raciste» proféré à leur encontre par «Justice et Libertés», Pierre Cassen ajoute : «Demander l’interdiction des mosquées et des minarets serait-il raciste ?» Il achève son article en attaquant les organisations membres de Justice et Libertés, en citant notamment : les messieurs du PCF, du Parti de Gauche et du Parti socialiste, du Mouvement français pour le Planning familial, de la FSU, du SNES, du SNUEP et autres UNSA éducation, sans épargner les Amis du Monde Diplomatique, ATTAC, Ras l’front ou la Ligue des Droits de l’Homme. (Article du n° 26, publié le 4 juillet 2011 par Pierre Cassen).

Désormais, «ce n’est pas à l’immigré, à l’étranger que l’on s’attaque, mais à «l’islamiste*», au nom des valeurs de la République» (Caroline Monnot & Abel Mestre-Le système Le Pen-DENOËL). Dans l’une des ses sorties sur les musulmans, Claude Guéant, ministre de l’intérieur n’hésite pas à déclarer en avril 2011, en marge d’un déplacement à Nantes, à la veille du débat de l’UMP sur la laïcité : «c’est vrai que l’accroissement du nombre des fidèles de cette religion (l’islam), un certain nombre de comportements, posent problème» (Le Monde du 05/04/2011). Problème à qui ? Dans la Constitution, trouve-t-on une clause limitant le nombre des citoyens appartenant à une ethnie ou à une religion ?

Nous voyons bien que la position des ministres et députés islamophobes est anticonstitutionnelle. En effet, l’Article premier de la Constitution est clair : «La République assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race et de religion.» En stigmatisant différentes composantes de la nation française, messieurs les représentants de la nation marchent dans le sillage des partis antirépublicains comme le Front national et Alsace d’abord. C’est également l’opinion de Patrick Weil, historien, chercheur au CNRS, professeur associé à l’université de Yale (Etats-Unis), spécialiste des questions d’immigration. Pour lui «M. Guéant, depuis qu’il est ministre de l’intérieur, ne cesse de faire des distinctions entre Français, selon leur religion ou leur origine. Il viole ainsi l’un des piliers de notre République, le principe d’égalité, qui toujours été pour la France le principal facteur d’intégration nationale.» (Le Monde du 08/07/2011).

Le dernier exemple en date d’un comportement antirépublicain est l’organisation, par le «collectif de la droite populaire», d’un apéritif «saucisson et vin rouge» le 12 juillet 2011 au salon Gabriel à l’Assemblée nationale (Le Monde du 14/07/2011). Nos concitoyens juifs et musulmans sont visés par ce genre d’apéritif, lancé initialement par le Front national.

L’insistance avec laquelle les hautes autorités de l’Etat et certains représentants de la nation refusent le caractère multi- ethnique et multi-religieux du peuple français en mettant l’accent sur «le corps français traditionnel», «l’image de la France des terroirs et des territoires» ou le «Coréen national», inquiète. On n’est pas loin de la légitimation de la vision lepéniste de la France, lorsque Le Pen déclare : «La France stricto-sensu est née à l’aube du Moyen-âge de l’union subtile du vieux fond indo-européen et du christianisme» (René Monzat- Les voleurs d’avenir- Textuel).

Faut-il voir dans cette dérive populiste la tentative du pouvoir de chasser sur le terrain de l’extrême droite, au prix d’un alignement sur ses positions, ou une «drogue» pour faire oublier la grave crise économique et sociale que traverse la France? D’aucuns n’hésitent pas à mettre en parallèle l’actuelle crise économique et celle des années 1930 et l’avalanche de xénophobie et de racisme qui ont conduit l’humanité aux catastrophes que nous connaissons.

Dans ses bulletins et communiqués, Justice et Libertés a toujours dénoncé avec vigueur les dérives racistes et xénophobes du pouvoir actuel. Parallèlement, nous avons dénoncé les politiques économique et sociale du pouvoir qui ont amplement participé à l’aggravation de la crise que connait la France, creusant l’injustice sociale, favorisant la progression des thèses ethniques et racistes de l’extrême droite.

Candidat à l’élection présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy promettait qu’il n’augmenterait pas les impôts. Pourtant ses services ont «taxé les clés USB, les disques durs, les véhicules selon des caractéristiques fluctuantes au gré des lois de finances.» Ils ont même «taxé les poissons, les crustacés et les mollusques, avant que la commission européenne ne [leur] dise que, décidément, celle-là était peut-être de trop !» raillait le socialiste Jérôme Cahuzac. (Le Monde du 27/10/2011). Sous Nicolas Sarkozy, les hausses d’impôts sont évaluées à 50 milliards d’euros. Ces hausses touchent souvent la consommation des classes moyennes et populaires. Lors de son intervention télévisée du 27 octobre, Nicolas Sarkozy a annoncé un tour de vis de 6 à 8 milliards d’euros supplémentaires. Parallèlement, les cadeaux fiscaux s’élèvent à 75 milliards d’euros et le nombre de chômeurs a augmenté de 1 millions depuis 2007. Seule une rupture radicale avec le néolibéralisme permettrait à la France de s’en sortir.

C’est dans l’actuel climat de crise que l’extrême droite progresse. Marine Le Pen a lissé son discours sans renoncer aux fondamentaux de son parti. Le «Front national a été créé pour servir de maison à tous les nostalgiques de la monarchie de droit divin ou encore du maréchal Pétain, qui ont en commun de ne pas porter la loi de 1905 dans leur cœur, ni la République. «La Gueuse», comme ils l’appellent.» (Caroline Fourest et Fiammetta Venner- Marine Le Pen- Grasset). Pourtant, les sondages situent Marine Le Pen à 16% des intentions de votes. Les élections présidentielles de mai 2012 s’annoncent donc chaudes et «Justice et Libertés» aura sûrement beaucoup à faire.

L’année écoulée a été très chargée pour notre collectif. De l’organisation de la manifestation du 4 septembre 2010, initiée nationalement par la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), jusqu’au rassemblement du 2 juillet 2011, «Justice & Libertés» a relevé les défis de la lutte contre le racisme et l’islamophobie, qu’ils soient le fait de l’exécutif ou des extrêmes droites, locales et nationales.

Il est à souligner que, contrairement aux partis politiques et aux syndicats, Justice & Libertés n’a pas de force militante, mobilisable, à chaque occasion. Depuis sa création, notre collectif s’appuie sur la mobilisation des citoyens et, de ce point de vue, au cours de chaque rassemblement ou manifestation, nous avons été témoins de la participation de citoyens qu’on ne voit pas forcement par ailleurs.

Quelques exemples que vous pouvez consulter dans le classeur qui circule :

1- Après la votation suisse concernant l’interdiction de la construction de minarets, notre collectif a organisé un rassemblement de protestation place Kléber. Le rassemblement avait été organisé dans le cadre du respect des croyances des citoyens européens. Une dizaine de membres et sympathisants du collectif judéo arabe et citoyen pour la paix a participé au rassemblement.

2- Lors de la «marche contre le racisme» du 12 mars 2011, qui s’est déroulée de la mairie de Hœnheim jusqu’à la mairie de Schiltigheim, les amis socialistes de Hœnheim et de Bischheim ont mobilisé leurs conseillers municipaux et adhérents qui ont défilé derrière la banderole du collectif.

3- Pour dénoncer la marche aux flambeaux de «Jeune Alsace», groupuscule néo nazi, nous avons appelé à une contre manifestation à BARR. La veille, avec un jeune socialiste, nous avons distribué des tracts dans les boîtes aux lettres des habitants et devant le lycée Schuré. Six camarades membres des organisations de Justice & Libertés s’étaient rendus à BARR. Un membre d’EELV de la ville et un ami antifasciste Mosellan nous ont rejoints. Plus de vingt jeunes citoyens de BARR nous ont rejoints et voulaient même se rendre à Rosheim, le lieu de repli de «Jeune Alsace».

4- Pour dénoncer le rassemblement islamophobe de «Résistance républicaine» et de «Riposte laïque», rejoint par des islamophobes euro-américains, nous avons appelé à une contre manifestation le 2 juillet, place de la République. Les organisations islamophobes avaient, entre-temps annulé leur rassemblement. Mais, de façon symbolique, nous avons maintenu notre présence, annonçant une ronde de surveillance, organisée par le «Comité de vigilance». Il y avait pourtant une vingtaine de manifestants présents place de la République et notamment des personnes qu’on n’avait pas vu lors de nos manifestations antérieures.

Ces quelques exemples montrent bien que nous arrivons à mobiliser des citoyens lors des actions coup de poing, fréquentes, que nous préparons dans la précipitation.

Pour faire face aux nouveaux défis, «Justice & Libertés» devra renouveler son «Comité de vigilance», composé de camarades réactifs et relativement disponibles. En effet, nous ne pouvons pas laisser la rue à l’extrême droite dont l’agenda nous est souvent imposé. Je vous propose également de choisir un ou deux porte-paroles en mesure de prendre des décisions et d’intervenir au nom du collectif.

Nous devons également choisir un comité de rédaction dont la tâche est de mener un travail d’éducation populaire permanent et efficace. Voilà les enjeux. A nous de les relever.

*Musulman intégriste

Ali, 09/11/2011

samedi 13 août 2011

Bulletin 43


Vigilance

Info

N°43 – juillet- août 2011

Bulletin de

Justice & Libertés

Comité de vigilance contre l’extrême droite et pour le respect de l’Etat de Droit

L’impasse néolibérale

Une rupture radicale avec la politique néolibérale du

pouvoir sarkozyste s’impose

La politique économique néolibérale du pouvoir sarkozyste est une copie de celle de Ronald Reagan (1981-1989), appelée «Reaganomics». Celle-ci s’articulait autour de :

- la réduction massive des impôts sur les sociétés et les individus,

- la déréglementation et les coupes sombres dans les dépenses publiques.

Cette politique prétendait vouloir stimuler l’économie par des réductions d’impôts massives.

Elle a fait exploser la dette de l’Etat et le déséquilibre commercial, semant les germes d’une crise économique qui devait entraîner le krach boursier de Wall Street en 1987.

Reagan accordait de l’importance à l’opinion publique puritaine (The Moral Majority) et s’opposait aux questions liées à la protection de l’environnement et à l’avortement. En France, cette même politique est soutenue, en particulier, par l’aile droite extrême de l’UMP et par l’extrême droite.

- Entre 1981 et 1989, Reagan a augmenté massivement le budget de la Défense de 160%.

- Reagan prônait un Etat fédéral moins tentaculaire. C’est lui qui disait «l’Etat est notre problème». Comment aurait-il réagi lorsque son successeur néolibéral, Georges Bush, s’est appuyé sur l’Etat pour sauver des banques américaines de la faillite certaine ?

Conséquences de la politique de Reagan : les baisses d’impôt combinées à une augmentation forte des dépenses militaires conduisirent à un énorme déficit budgétaire et à une augmentation de la dette publique, qui gonfla de près de 200% entre le début du mandat de Reagan et celui de son successeur Georges Bush.

- La politique de Reagan a creusé le fossé entre riches et pauvres.

2- La même politique s’observe en France : l’offensive néolibérale avait déjà commencé sous Chirac. C’est lui qui disait «trop d’impôt tue l’impôt». Depuis, la politique poursuivie par la droite au pouvoir consiste à réduire massivement l’impôt sur les sociétés et les individus (taxe professionnelle = 26 milliards d’euros, bouclier fiscal, hausse du plafond d’imposition de l’ISF). Il est à souligner que «les grands groupes français internationaux sont bien moins imposés que les sociétés de taille plus modeste, les petites et les moyennes entreprises (PME) ou entreprises de taille intermédiaire (ETI)» (LM du 07 juillet 2011).

- En tant que premier ministre de François Mitterrand, Chirac avait supprimé l’impôt sur la fortune (ISF).

- …Avec la «réforme» de l’ISF -initiée par Sarkozy en 2011- les 592 168 personnes assujetties à l’ISF paieront en moyenne 3862 euros par an, soit 1115 euros en moyenne de moins qu’aujourd’hui (P.L.C.- LM du 15 mai 2011).

- La fusion des conseillers généraux et régionaux privera les collectivités locales de 26 milliards d’euros. Les départements n’arrivent plus à assumer leur mission de service public de proximité (personnes âgées, handicapés, familles, associations, etc.)

- Les dépenses consacrées aux familles, aux personnes âgées et aux handicapés représentent plus de 60% des charges des départements.

- Conséquences de la politique néolibérale du pouvoir sarkozyste : les dépenses des ménages sont en baisse de 0,9% en mars ; de 1,4% en avril et de 0,8% en mai. Remarque : après 5 jours de soldes, la Fédération des enseignes de l’habillement estime que les ventes accusent un repli de 5% par rapport à la même période de 2010 (LM du 3-4 juillet 2011) ;

- Déficit commercial : la part de la France dans le commerce mondial est passée en trois ans de 5,8% à 4,1%. Conséquences : ces mauvais chiffres vont freiner la hausse des rentrées fiscales et donc ralentir le redressement promis par Sarkozy ;

- Taux de croissance : 1,9% au lieu de 2,1% promis. Les déficits publics (Etat, collectivités locales, sécurité sociale) devraient frôler les 6% du PIB ;

- Dette publique : en 2012, la barre symbolique des 90% du PIB. Les trois A accordés par les agences de notation à la dette publique française risquent de sauter.

- Remarque : la dette publique était de 1218 milliards d’euros (64,2%) du PIB en 2007, avant l’élection de Sarkozy.

3- La situation est encore pire en Irlande, en Grèce ou au Portugal. Les prêts accordés par la banque centrale européenne (BCE) aux banques irlandaises représentent plus de 90% du PIB du pays, ceux des banques grecques, 60% du PIB, et ceux des portugaises, 40% (LM du 09 juillet 2011).

Le pillage programmé

Mécanisme des prêts : «de par ses statuts, la Banque centrale européenne (BCE) a l’interdiction de financer directement les Etats. De plus, en vertu du traité de Lisbonne, la solidarité financière entre les Etats membres est interdite… l’UE se place donc au service des marchés financiers, puisque les gouvernements des pays de la zone euro dépendent du secteur privé pour leur financement.»

- Les investisseurs institutionnels (banques, fonds de pension, assurances) et les hedge funds (fonds spéculatifs) se sont attaqués en 2010 à la Grèce, maillon le plus faible de la chaîne européenne d’endettement, avant de s’en prendre à l’Irlande, au Portugal et à l’Espagne. (Eric Toussaint- LM du 30 juin 2011).

- Parmi les investisseurs institutionnels (appelés les «zinzins»), ce sont les banques privées qui ont fait le plus de profits, car elles pouvaient directement se financer auprès de la BCE en lui empruntant des capitaux à 1% de taux d’intérêt (1,25% depuis fin avril 2011), alors que, dans le même temps, elles prêtaient sur une durée de trois ans à la Grèce à des taux environ 4% ou 5%. A dix ans, elles n’acceptent d’acheter des titres grecs, irlandais ou portugais que si l’intérêt dépasse 10% (Eric Toussaint- LM du 30 juin 2011).

Agence de notation : outil de pillage des investisseurs

Les investisseurs ont un outil imparable : les agences de notation telles que Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch qui font trembler les pays endettés. «Les agences de notation [qui de facto] dictent aux gouvernements démocratiques leurs programmes, souvent avec le soutien d’institutions financières internationales» (Amartya Sen- LM du 3-4 juillet 2011).

Selon l’éditorial du quotidien Le Monde du 10 août 2011 : «les agences de notation n’évaluent pas seulement les comptes des Etats. Elles s’arrogent le droit de sonder les reins et les cœurs, d’évaluer les intentions, les démarches, les temps de réaction des autorités politiques, en principe souveraines (…) ignorant froidement le temps démocratique-celui de la délibération, de l’arbitrage et de l’explication-elles imposent leur agenda, leurs normes et leurs urgences.» Ainsi, «il a suffit que Standard & Poor’s abaisse d’un cran la «note» des Etats-Unis [le 5 août 2011]- c’es-à-dire leur capacité à rembourser leur dette- pour déclencher la dégringolade des Bourses, attiser la spéculation et rendre plus délicate encore la situation des économies occidentales. Ce pouvoir exorbitant est, à bien des égards, choquant

Un autre exemple : Moody’s, une agence américaine a récemment déclaré que la dette portugaise est désormais reléguée en catégorie «spéculative», autrement dit au rang d’obligations «pourrie». Conséquence : la pression des marchés augmente sur le Portugal et les taux portugais à dix ans passent au-dessus des 12% (Marie de Vergès- LM du 08 juillet 2011). A qui profite ce genre de classement ? Suivez mon regard…

Nous connaissons les conséquences de la politique des agences de notation imposée à la Grèce : une baisse des dépenses publiques conduisant à une récession brutale et au freinage de l’économie, suite à une énorme compression budgétaire. En serait-il autrement pour les autres pays saignés par l’oligarchie financière mondiale ? Jeudi 21 juillet 2011, un deuxième plan d’aide de 158 milliards d’euros a été élaboré par les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone d’euro, réunis à Bruxelles. On sait déjà que ce plan ne changera rien sur le fond.

En France, la politique néolibérale du pouvoir sarkozyste est une offensive brutale de l’oligarchie financière en quête effrénée de profits au détriment de la population la plus fragile de notre pays. Cette politique, la plus réactionnaire depuis Vichy, conduit à une impasse et seul un changement radical- non pas un replâtrage- de cette politique permettrait à la France de s’en sortir.

dimanche 12 juin 2011

Bulletin 38


Vigilance

Info

N° 38 – février 2011

Bulletin de Justice & Libertés, Comité de vigilance contre l’extrême droite

et pour le respect de l’Etat de Droit

Pas de milice dans nos villes.
Pas de police dans mon ordinateur

Espace privé sans intrusion policière

Défendons nos libertés

Le projet de loi d’ «Orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure» couvre la période 2009-2013.

LOPPSI 2 c’est créer un «corps de volontaires» pour épauler la police. Selon des syndicats de policiers, le «corps de volontaires» s’apparente à une milice.

LOPPSI 2 c’est donner plus de pouvoir aux policiers municipaux. Ils pourront procéder à des contrôles d’identité.

LOPPSI 2 c’est privatiser la sécurité des Français, en faisant appel à des entreprises de sécurité privée, qui interviennent selon le gouvernement «dans des domaines où certaines compétences peuvent être partagées, voire déléguées par l’Etat». La privatisation des missions de sécurité devrait se développer. (Les effectifs privés sont de 170 000 salariés environ aujourd’hui et pourraient être supérieurs aux effectifs publics de la police et de la gendarmerie- 220 000).

LOPPSI 2 c’est la généralisation de la vidéosurveillance. Un maillage de vidéo du territoire est programmée. Il s’agit de passer de 20000 caméras aujourd’hui à 60 000 fin 2011. Pour éviter les abus, une «Commission nationale de vidéoprotection» est créée. Elle est directement rattachée au ministère de l’intérieur et non pas à la Commission nationale informatique et libertés (CNIL), dont c’est pourtant la vocation. Les personnes morales, et donc les entreprises, auront le droit d’installer des caméras dans la rue, plus seulement si elles sont exposées à des risques terroristes, mais «à des risques d’agression ou de vol». Les salariés de ces entreprises n’auront pas accès aux images.

LOPPSI 2 c’est le contrôle des ordinateurs. La police pourra espionner à distance les écrans d’ordinateurs. Il s’agit d’une intrusion beaucoup plus massive de la police dans la vie privée.

La CNIL a rendu le 24 juillet 2009 son avis sur ce projet de loi : «Nous sommes inquiets par ce projet de loi. Nous redoutons une utilisation excessive de ce système d’espionnage par la police, qui pourrait mettre en danger la protection des sources journalistiques. Le cadre de mise en œuvre de la captation des données informatiques doit être plus clairement défini. Nous demandons aux parlementaires de présenter des amendements pour mieux encadrer ce projet.»

LOPPSI 2 c’est l’interconnexion de fichiers. Le projet de loi autorise la création de nouveaux fichiers de police pendant les phases d’enquête, et des fichiers d’analyse sérielle (comparaison de banques de données) sur la petite délinquance et non plus seulement sur les tueurs en série. (ma question : quelle catégorie de la population sera la prochaine cible des fichiers d’analyse sérielle ?)

LOPPSI 2 c’est la vidéoconférence pour la rétention. Le gouvernement entend permettre un large recours à la vidéoconférence en centre de rétention. Le sort des étrangers en rétention est donc réglé hors la présence physique d’un magistrat.

LOPPSI 2 c’est l’instauration d’un couvre-feu pour les mineurs. Le projet de loi autorise les couvre-feux contre les mineurs de moins de 13 ans, qu’ils soient délinquants ou non.

(Franck Johannès- LM du 10/02/2010).

LOPPSI 2, au final, c’est plus de répression mais aucun traitement des causes de la délinquance et de l’insécurité.

Bulletin 39


Vigilance

Info

N° 39 – mars 2011

Bulletin de Justice & Libertés, Comité de vigilance contre l’extrême droite

et pour le respect de l’Etat de Droit

Les trois piliers de la dynastie Le Pen :

les fondamentaux, les mensonges et la peur.

Les fondamentaux déterminent l’essentiel du mouvement d’extrême droite et de tous ceux qui s’y rattachent ou le représentent. Ainsi, pour couper court à toutes les hypothèses extravagantes concernant Marine Le Pen- promue présidente du Front national (FN) dimanche 16 janvier 2011- son père se confiait, fin octobre 2010, aux étudiants du Centre de formation des journalistes (CFJ) : «Sur l’essentiel, Marine a les mêmes idées que moi

Aux yeux des Le Pen, qu’est-ce qui est essentiel? Comme l’indique Jean-Yves Camus, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), «le cœur de la doctrine de la droite identitaire est le refus du multiculturalisme…centralité de la question de l’identité…la hantise du métissage» (Le Monde du 15 janvier 2011).

Par ailleurs, Marine Le Pen n’a jamais condamné publiquement les propos de son père-qui font partie de l’essentiel de la doctrine du FN-tenus à l’hebdomadaire RIVAROL (7 janvier 2005) dans lequel il prétendait que «l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine, même s’il y eut des bavures.»

Comme son père et le FN, Marine Le Pen défend bec et ongles les thèmes favoris de l’extrême droite :

- La préférence nationale veut couper «les pompes aspirantes» de l’immigration et

- Réformer le code de la nationalité,

- Rétablir la peine de mort,

- En finir avec un système fiscal accusé de «brider l’initiative et l’esprit de conquête économique» (Politis- 13 janvier 2011).

- Marine Le Pen contre le remboursement de l’IVG :

Dans un entretien à La Croix, mardi 15 février 2011, Marine Le Pen se dit favorable à un arrêt du remboursement de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) (Le Monde du 16 février 2011).

Elle-même assure, dans un entretien récent au quotidien maurrasso-pétainiste Présent (21 décembre 2010), être «dans la droite ligne» des députés FN qui, en 1986, se contentaient de demander… «le déremboursement» de l’IVG, et accuse le Planning familial d’être «une structure d’incitation à l’avortement […] en contradiction avec la loi de 1976» (Politis- 13 janvier 2011).

Marine Le Pen n’a pas remis en cause le contenu concret du programme du FN :

- Chasse aux sans-papiers et préférence nationale,

- Réduction des dépenses publiques (ce parti propose d’inscrire dans le préambule de la Constitution leur plafonnement à 35% du PIB !),

- Développement des régimes de retraite par capitalisation,

- Accession à la propriété au détriment du logement social.

- Conclusion : non seulement le FN opte pour le rejet de l’autre, mais il prend le parti du capital et de la propriété privée.

La laïcité : nouvelle arme raciste du FN

Pour Marine Le Pen, «il n’y a pas cinquante moyens de lutter contre l’islamisation de notre pays. Il y a soit la laïcité, soit la croisade. Comme je ne crois pas à la croisade, je pense qu’il faut user de la laïcité, qui n’est pas le laïcisme» (Présent du 22 décembre 2010).


Marine Le Pen veut s’appuyer sur un principe de la République Française afin de cibler la seule religion musulmane et prolonger ainsi la guerre quadridécennale du FN contre l’immigration.

La lecture par le FN- et par Marine Le Pen- de la laïcité est complètement biaisée, contraire à l’esprit républicain. L’extrême droite et les forces affidées ont transformé la laïcité en instrument d’inquisition et de guerre ethnique.

Pour les vrais républicains la laïcité c’est la tolérance, c’est le vivre ensemble. La tolérance laïque permet la vie en commun dans la diversité des désirs et des couleurs. La laïcité, c’est rechercher les éléments de convergence entre des cultures, des croyances, des philosophies. Chrétiens, juifs ou musulmans, nous sommes tous frères et vivons nos croyances dans le respect de celles d’autrui.

La laïcité ce n’est pas la police de la pensée, qui au pays des Lumières, brimerait les religions, les cultures, les croyances, les philosophies.

Les mensonges : paramètres variables et thèmes persistants

Les mensonges servent de paramètres variables aux frontistes. Faisant mine d’oublier leur servitude au capital, Marine Le Pen se trouve des affinités avec les couches populaires en France. Pour les séduire, elle promet de revenir au départ à la retraite à 60 ans, effaçant la référence à la retraite à 65 ans du site internet du parti.

Une étude détaillée du programme économique du Front national- publié en 1984- montre que «l’essentiel du volume est consacré à la défense des libertés économiques : apologie de l’entreprise privée, de son chef (le patron) et du profit, considérés comme des «moteurs de l’économie». A l’inverse, l’impôt est stigmatisé, la suppression de l’impôt sur le revenu est proposée, au nom de l’économie de l’offre. L’héritage poujadiste et un ancrage néolibéral sont ici nettement affirmés.

La crise financière de 2008 a conduit le Front national à radicaliser son opposition à la mondialisation. Dans un communiqué de Jean-Marie Le Pen du 9 octobre 2008, développé à l’occasion des élections européennes de 2009, on relève, en particulier : la sortie de la France du FMI, la «maîtrise» par la France de sa politique monétaire, l’«obligation d’intervention de l’Etat contre les raids boursiers étrangers», la «mise en place d’un plan de conservation du pouvoir d’achat au travers de l’application de la préférence nationale» (sont concernés ici l’emploi, le logement et les aides sociales), la «suppression» de la TVA sur les produits alimentaires de première nécessité et le retour au contrôle des prix par l’Etat.

Les dirigeants frontistes multiplient les prises de position contre les agents de notation et l’ultralibéralisme, insérant, de fait, le FN dans une mouvance anticapitaliste et antilibérale.

La lecture des discours et des propositions actuelles du FN pourrait donner le sentiment d’une contradiction profonde entre les années 2010 et les décennies précédentes. En fait, le procès qu’instruit le FN en fustigeant «l’ultralibéralisme», la «spéculation» et les «élites mondialistes» n’est pas celui de l’ensemble du capitalisme, mais de la «finance».

La lecture, non des tracts, mais du programme économique du FN atteste l’existence de thèmes permanents au fil du temps : rejet de l’Etat-providence, dénonciation des «rigidités réglementaires», souci de créer par la baisse de la pression fiscale un «cadre favorable à l’entreprise». Aujourd’hui, comme hier, l’impôt est stigmatisé au nom des théories de l’économie de l’offre, de la «révolution conservatrice américaine» et du reaganisme. Elles se combinent avec le thème, fondamental, de la «préférence nationale»».(Olivier Dard- Professeur d’histoire contemporaine à l’université Paul-Verlaine- Metz- Le Monde du 15 janvier 2001).

On voit bien que la propagande officielle du FN, affichant ce parti soucieux des préoccupations des couches populaires de «souche»- lorsqu’il propose la «mise en place d’un plan de conservation du pouvoir d’achat au travers de l’application de la préférence nationale» ou le départ à la retraite à 60 ans- n’est qu’un mensonge savamment distillé, destiné à tromper les esprits simples.

Selon les journalistes du quotidien Le Monde, dépêchés à Tours, «de même, ce parti qui a eu comme cofondateurs plusieurs anciens collaborateurs, des anciens miliciens ou des anciens Waffen-SS, voit sa présidente invoquer les «résistants de 1940» et affirmer incarner «l’esprit de Résistance.» (Le Monde du 18 janvier 2011).

Les mensonges ne s’arrêtent pas à la récupération de la Résistance de la part d’un courant pétainiste, héritier des collaborateurs et admirateur de l’occupant nazi. Avancer de fausses statistiques est un autre subterfuge lepéniste.

Lors d’une conférence de presse au siège du parti d’extrême droite, lundi 21 février 2011, Marine Le Pen a accusé le gouvernement de dissimuler les «vrais chiffres» de l’immigration et dénoncé «un secret d’Etat» (Le Monde du 23 février 2011).

Journaliste du quotidien Le Monde, Elise Vincent écrit : «CONTRAIREMENT à ce qu’affirme la présidente du Front national, Marine Le Pen, les chiffres sur l’immigration qu’elle a rendus publics, lundi 21 février, ne sont pas un «secret d’Etat». Deux exemples parmi tant d’autres : selon Marine Le Pen, 19864 titres de séjours auraient été délivrés en 2010. Soit une augmentation «terrifiante» de 13,2% par rapport à 2009. Selon le ministère de l’intérieur, l’augmentation ne serait que de 3%.

Selon Marine Le Pen, l’immigration familiale aurait augmenté de 7,5% en 2010. Pour le ministre de l’intérieur, il y aurait en réalité une baisse de 2%. Les chiffres sont très en deçà de ceux de 2004, où 94384 titres avaient été accordés.

L’objectif des identitaires c’est agiter la peur de l’autre, frapper l’imagination des gens simples et mal informés. Leur faire croire, mensonges à l’appui, que la France est «envahie» par des étrangers, de surcroit, des musulmans qui débarquent en France par navires entiers pour «piquer le pain et le travail» des Français.

Des comparses de la droite identitaire à l’UMP

Une trentaine de députés UMP, regroupés dans un «Collectif de la droite populaire», se sont illustrés par leur surenchères verbales ou législatives à l’encontre des homos, des immigrés ou des plus précarisés. Instaurer des tests ADN avant d’accorder un visa à des étrangers souhaitant rejoindre leur famille en France ? Une idée de Thierry Mariani, rejetée par le Parlement en 2007. Exclure les personnes sans papiers des centres d’hébergement d’urgence ? Encore Mariani. Militariser «certains quartiers», devenus des zones de guerre tribales? Un souhait de son collègue Lionnel Lucas, un ancien de la Légion étrangère et favorable à la peine de mort. Etc., etc.

Les députés de la droite «populaire» n’épargnent pas les politiques sociales. Les 35 heures ? Une «démagogie criminelle du socialisme en France». La durée légale du travail ? «Un concept du XIXe siècle» qu’il faut purement et simplement «supprimer» selon Lionnel Lucas, également opposé au RSA.(Politis du 13 janvier 2011).

Les deux courants- Front national et «collectif de la droite populaire», voire l’UMP- vont-ils se rejoindre bientôt ? Les mieux avertis estiment que l’unité stratégique s’est déjà faite dans les têtes. La nomination de Gérard Longuet- un ancien d’Occident qui a participé à la rédaction du programme du Front national- au ministère de la défense et celle de Brice Hortefeux, un catholique intégriste et proche de la droite «populaire», comme conseiller de la présidence, sont-elles un signal envoyé en direction de la droite identitaire ?

Tout porte à croire que rendez-vous est pris pour les élections présidentielles et législatives de 2012.

samedi 4 juin 2011

Bulletin 40


Vigilance

Info

N° 40 – avril 2011

Bulletin de Justice & Libertés, Comité de vigilance contre l’extrême droite

et pour le respect de l’Etat de Droit

Jusqu’où ira

L’extrême droitisation de l’UMP?

Manœuvres électoralistes ou lame de fond?

Les résultats des cantonales marquent l’échec cuisant des tentatives de Nicolas Sarkozy et de la fraction «collectif de la droite populaire», l’aile extrême droite de l’UMP, de vouloir banaliser le Front national et ses thématiques afin d’en faire un allié.

La banalisation des thématiques de l’extrême droite a commencé bien avant les présidentielles de 2007. Mais elle a pris une tournure radicale le 30 juillet 2011, lorsque Nicolas Sarkozy a désigné les Roms et les gens du voyage à la vindicte populaire. Le débat sur «l’identité nationale» ou autres provocations de ce genre n’ont pas réussi à diviser les Français dont le chômage est la première priorité (87%), devant l’insécurité (49%) (Le Monde du 04/01/2011).

Les cantonales 2011 montrent bien que l’électorat de droite- en se détournant de l’UMP- est conscient que la xénophobie et le racisme d’Etat ne sont pas la réponse à leurs problèmes économiques et sociaux. Pour Yazid Sabeg, membre de l’UMP et commissaire à la diversité et à l’égalité des chances : «aux questions de fond telles que l’emploi des jeunes, la lutte anti-ghetto ou l’accès équitable à l’éducation et à la formation se sont substitués des pseudo-débats centrés sur ce qui serait une confrontation de l’islam avec la laïcité. C’est comme si désormais la crise de nos sociétés ne pouvait s’expliquer qu’à travers la figure des musulmans» (Le Monde du 02 mars 2011).

Une autre preuve du désintérêt des Français pour les discours racistes. L’intense tapage médiatique autour de Marine Le Pen, n’a pas empêché la baisse du vote en faveur du Front national qui perd 100 000 voix par rapport à 2004. Même l’Elysée n’est pas satisfait des performances du FN. «Le FN n’a pas transformé l’essai» explique Franck Louvrier, conseiller en communication de l’Elysée (Le Monde du 29 mars 2011).

Après la déroute de l’UMP aux cantonales, les tensions se sont exacerbées entre les ténors de la droite. Pour Dominique de Villepin «La tentation du côté de l’UMP, ce serait de redessiner en quelques jours une France aux couleurs du FN, c’est évidemment absurde.» (DNA du 25 mars 2011).

En public, le torchon brûle entre François Fillon, premier ministre, et Jean-François Copé, patron de l’UMP, en danger d’implosion.

A entendre Claude Guéant, ministre de l’intérieur, tout indique que la machine de l’extrême droitisation de l’UMP s’est emballée. Politiquement, il serait dangereux de vouloir limiter les sorties racistes de Nicolas Sarkozy et de ses lieutenants à des manœuvres purement électoralistes. Ce sont de véritables convictions qui sortent de la bouche de Nicolas Sarkozy et de ses proches.

Que pense Nicolas Sarkozy de l’histoire de France? Le 4 mars, au Puy-en-Velay, Nicolas Sarkozy a insisté sur les racines chrétiennes de la France, citant le baptême de Clovis comme date de naissance de celle-ci. Ces propos, partagés par Jean-Marie Le Pen et le Front national, sont contestés par M. Rioux, président du comité scientifique de la Maison de l’Histoire de France, pour qui : «Le président de la République est bien sûr libre, et il a même le devoir de valoriser sa conception de l’histoire nationale. Mais nous avons été nommément associés à une vision du passé national que nous ne partageons pas.» (Le Monde du 13-14/03/2011). En qualité de chanoine de Latran, Nicolas Sarkozy avait affirmé en 2007, que le «christianisme est dans notre ADN». Pour l’éditorialiste de Politis du 10 mars 2011, «ce mélange de génétique et de religion est antilaïque, et excluant. Idéologiquement, on ne peut pas faire plus extrême droite que cela.»

Que dit Jean-Marie Le Pen ? «La France stricto sensu est née à l’aube du Moyen-âge de l’union subtile du vieux fond indo-européen et du christianisme. «L’union subtile du vieux fond indo-européen et du christianisme» fait précisément allusion au baptême de Clovis. Un évènement auquel le Front national venait de consacrer un ouvrage de plus de 100 pages. (René MONZAT, les voleurs d’avenir- textuel).

Nicolas Sarkozy utilise le qualificatif ADN, alors que l’extrême droite en général et Jean-Marie Le Pen en particulier préfèrent le qualificatif «charnel», synonyme de «biologique», «ethnique».

Nicolas Sarkozy et ses proches n’hésitent plus à exprimer leurs opinions d’extrême droite. Il ne s’agit plus de dérapages racistes. Chantal Brunel, député (UMP) de Seine-et-Marne, intervenant mardi 8 mars à l’Assemblée nationale, a estimé qu’il fallait «rassurer les Français sur toutes les migrations de populations qui viendraient de la Méditerranée ». «Après tout, remettons-les dans les bateaux. Marine Le Pen n’a aucune solution à proposer. Nous, on doit montrer qu’on a des solutions» (Le Monde du 10/03/2011).

Le ministre de l’intérieur, Claude Guéant, a déclaré sur Europe 1, jeudi 17 mars, que les Français «ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux.» La veille, il souligné, dans Le Monde, qu’«ils veulent que la France reste la France.» (Le Monde du 19 mars 2011). «La France reste la France» est la version sarkozyste de «la France aux Français» lepéniste.

Pour stigmatiser leurs adversaires, le langage de charretier est souvent utilisé par les ténors du «collectif de la droite populaire». Christian Vanneste, dudit collectif, a déclaré à propos de Sandrine Mazetier, députée socialiste de Paris, chargée des questions d’immigration au groupe socialiste à l’Assemblée nationale : «Quand vous entendez des gens comme Sandrine Mazetier, vous croyez vous rappeler la notion du parti de l’étrange». «Parti de l’étranger» est un qualificatif utilisé par Jean-Marie Le Pen pour stigmatiser ses adversaires.

Pour l’éditorialiste de Politis du 10 mars 2011 : «la droite «décomplexée» de Nicolas Sarkozy ressemble à s’y méprendre à ce qu’on nommait extrême droite il y a dix ans encore.»

Abderrahmane Dahmane, ancien «conseiller à l’intégration» à l’Elysée, dit la même chose. «L’UMP de Copé, c’est la peste pour les musulmans», comparant le patron du parti présidentiel à «une poignée de néonazis» (Le Monde du 13-14/03/2011). Vendredi 11 mars, Nicolas Sarkozy a mis un terme aux fonctions de son conseiller à l’intégration.

Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé, Gérard Longuet- qui a participé à la rédaction du programme du Front national et de la charte du GUD- Brice Hortefeux, Eric Besson, Claude Guéant, Chantal Brunel, la trentaine de députés du «collectif de la droite populaire» de l’UMP, ouvertement racistes, ça fait un paquet à la tête de l’Etat. Peut-on encore qualifier cette «tête» de républicaine? La question mérite d’être posée.

Bulletin 41


Vigilance

Info

N°41 − mai 2011

Bulletin de

Justice & Libertés

Comité de vigilance contre l’extrême droite et pour le respect de l’Etat de Droit

La crise alimente les forces les plus réactionnaires comme le Front national

Depuis quatre ans, la crise s’est bel et bien installée en France. Tout le monde la ressent sous différentes formes. Selon le FMI (Fonds monétaire international) la crise n’est pas finie. Pire, un «mur de dettes» de 3600 milliards d’euros menace l’existence des banques grecques, islandaises, portugaises, espagnoles, voire de certaines banques régionales allemandes.

Ce gouvernement organise l’insolvabilité de l’Etat au bénéfice des actionnaires du CAC 40 et au détriment des salariés. L’aide aux banques correspond à 120 milliards d’euros engagés (soit 6 fois le fameux trou de la Sécurité sociale) empruntés sur le marché financier et dont les intérêts sont payés par les salariés. La dette publique qui était de 1218 milliards d’euros (64,2% du PIB) en 2007, avant l’élection de Sarkozy, est passée à 1640 milliards d’euros (84,2% du PIB) en 2010. Parallèlement à la dépénalisation des affaires et à la disparition progressive des pôles financiers auprès des tribunaux, se met en place une série de lois liberticides (Suite page 2).

Samedi 28 mai 2011- 15 h

Rassemblement place

Kléber à Strasbourg

Pour exiger l’arrêt immédiat de la

politique raciste et xénophobe d’Etat

Conséquence des soi-disant «réformes» du pouvoir Sarkozy, c’est l’augmentation du chômage et la progression de la précarité qui menacent les Français de condition modeste. L’Education nationale et la recherche ont payé au prix fort la rigueur budgétaire. La fusion des conseillers généraux et régionaux privera de 26 milliards d’euros les collectivités territoriales. Avant même cette fusion, le gouvernement n’a pas respecté ses engagements financiers et les départements sont asphyxiés. Ils n’arrivent plus à assumer leur mission de service public de proximité (personnes âgées, handicapés, familles, associations, etc.). Les dépenses consacrées aux familles, aux personnes âgées et aux handicapés représentent plus de 60% des charges de gestion des départements (Michel Delberghe- Le Monde du 9 avril 2010).

Selon l’Association des départements de France (ADF), sur les 11,4 milliards d’euros d’allocations versées en 2008, l’Etat n’a, en réalité, compensé ces dépenses qu’à hauteur de 7,6 milliards d’euros (…) La réforme de la taxe professionnelle [a été] mise en œuvre pour 2010.» (Michel Delberghe- Le Monde du 09/04/2010). «Vingt-huit départements seraient en grande difficulté financières» (Michel Delberghe- Le Monde du 07/04/2010).

Incompétent pour résoudre la crise économique et face à la gronde sociale, le pouvoir actuel désigne des boucs émissaires, lance des «fatwas» contre les Roms, les gens du voyage, les immigrés, les musulmans et les désigne à la vindicte populaire. Depuis, la phraséologie de l’extrême droite se banalise et passe à l’antenne. Français, vous avez des problèmes économiques? Parlons de l’«identité nationale» ! Vous n’arrivez plus à boucler les fins de mois? Parlons du «rôle de l’islam en France». Vous craignez le déclassement social? Remettons en cause le droit à l’avortement et la suppression de la peine de mort.

La surenchère xénophobe n’est plus l’apanage de l’extrême droite. L’entourage de Nicolas Sarkozy s’exprime désormais sans tabou. Inspiré par le «concept» de «préférence nationale», Claude Guéant, ministre de l’intérieur, souhaite réduire l’immigration légale. Ce qui a provoqué l’ire du patron du MEDEF, Laurence Parisot, de Christine Lagarde, ministre de l’économie et d’Alain Minc, conseiller officieux de Nicolas Sarkozy (Le Monde du10-11/04/2011). Maxime Tandonnet, conseiller intérieur et immigration à l’Elysée va jusqu’à remettre en cause, sur son blog, l’Etat de Droit. Selon lui : «L’Etat de Droit semble s’emballer, devenir comme fou, au détriment de l’autorité politique, contre le pouvoir du peuple [c’es-à-dire la démocratie plébiscitaire- NDLR] et celui de ses représentants élus, contre la démocratie.» La «démocratie plébiscitaire» est un vrai marqueur d’extrême droite.

C’est un retour en arrière programmé dont les thématiques sont relayées par une bande sortie de je- ne-sais-où, se proclamant fièrement réactionnaire(1). En font partie Robert Ménard et Eric Zemmour, raciste et antiféministe, l’une des vedettes de l’émission de Laurent Ruquier, «on n’est pas couché» sur France 2. Robert Ménard a affirmé être favorable à la peine de mort et explique qu’il n’avait «pas envie que [ses] enfants soient homosexuels» Il s’apprête à publier un pamphlet intitulé «Vive Le Pen !», dans lequel il défend, dit-il, «la liberté d’expression et de représentation parlementaire du FN»(1). Eric Zemmour dit fièrement que «nous faisons trembler la République». Traduction : vive Pétain !

Dans un article très intéressant, Abel Mestre, journaliste du quotidien Le Monde, rapporte l’analyse de Pascal Perrineau(2) pour qui les raisons de la poussée du FN ne reposeraient pas uniquement sur des facteurs nationaux : «ce qui s’est passé en Norvège, aux Pays-Bas, en Hongrie, en Autriche, montre que l’on a affaire à une crise économique et financière qui a redonné, en Europe, un espace aux forces protestataires»(3) d’extrême droite.

Le Front national (FN) représente l’élément central des «forces protestataires» dont certains représentants (Robert Ménard, Eric Zemmour, Yvon Rioufol, Eric Brunet, Elisabeth Lévy) mènent campagne pour nous faire accepter que le «FN est un parti comme les autres». Ils sont présents sur RTL, Europe 1, i-télé, BFM Tv, qui appartiennent à des milieux militaro-financiers(4).

Pour faire croire que le FN est un parti fréquentable, Marine Le Pen a changé de discours. Fini les «Durafour crématoire» ou «les détails de l’histoire». Elle va jusqu’à condamner les «nostalgiques bottés et casqués, la matraque à la main». Contrairement à son père, elle prend ses distances avec les nostalgiques du troisième Reich et déclare : «Ce qui s’est passé dans les camps (…) est le summum de la barbarie

Peut-on dire pour autant que le FN est devenu un parti comme les autres, alors que les idées d’extrême droite sont toujours les mêmes : la volonté d’exclure et même de détruire (par la mort) ceux qui sont différents? Un exemple : la «préférence nationale» en matière d’embauche, de logement, d’aides sociales, constitue le cœur du programme du FN. Pour Louis Aliot, le numéro deux du parti lepéniste, la «préférence nationale» est «un point non négligeable». Or, cette proposition est contraire à la Constitution. «La préférence nationale découle d’une vision ethnique de la nation, fondée sur le droit du sang (…) Marine Le Pen a beau essayer de donner un visage humain à la xénophobie. Cela reste de la xénophobie(5) D’autant plus que l’aile radicale des soutiens de Bruno Gollnisch, issue de l’Œuvre française, groupuscule antisémite et pétainiste, est toujours au FN.

Les enquêtes d’opinion et les études sociologiques montrent un recul lent mais constant des préjugés racistes, antisémites et xénophobes en France. Mais l’extrême droite est toujours là, revigorée par la crise économique, sociale et soutenue par une fraction de l’UMP, qui relaye ses idées, et certains «intellectuels» qui expriment leurs penchants pour les idées réactionnaires. Les acquis sociaux tels que la légalisation de l’avortement, l’abolition de la peine de mort, la tolérance envers les homosexuels, la retraite, la sécurité sociale, le vivre ensemble, etc., sont constamment malmenés au nom de la «liberté d’expression» qui n’est rien d’autre que la liberté d’exprimer les idées les plus réactionnaires et anticonstitutionnelles. Dopées par des faux débats gouvernementaux, l’islamophobie et les discriminations en tout genre gagnent du terrain. Dans une telle situation, nous avons l’impression que notre travail de militants de l’Etat de Droit et de défenseurs des acquis sociaux ne fait que commencer.

(1) Raphaël Bacqué- Le Monde du 05/04/2011.

(2) Directeur du Centre de recherche politiques de Sciences Po (Cevipof).

(3) Le Monde du 23/03/2011.

(4) Le groupe Dassault est propriétaire du Figaro. Le groupe Lagardère détient 17% des actions du groupe Le Monde, et contrôle le journal du dimanche, Paris Match, la radio Europe 1 et des éditions Hachettes. Le groupe Bouygues est propriétaire de TF1.

(5) Sylvain Crépon, sociologue spécialiste du FN- Le Monde du 30 :03/2011.

Appel pour une mobilisation nationale et unitaire contre le racisme, la politique excluante d’immigration du gouvernement et pour la

régularisation des sans-papiers

http://www.dailleursnoussommesdici.org/

Au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007 était créé, pour la première fois dans l’histoire de la République, un ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du Co-développement. Depuis, des dizaines de milliers d’étrangers en situation irrégulière, hommes, femmes, enfants, sont traqués, arrêtés et expulsés, y compris dans un pays en guerre comme l’Afghanistan. Voulue par le chef de l’Etat, mise en œuvre par ses gouvernements successifs, le ministère de l'Intérieur aujourd'hui, et soutenue par l’UMP et ses alliés à l’Assemblée, cette politique est inacceptable car elle viole des principes humanitaires élémentaires et des dispositions internationales ratifiées par la France. A cela se sont ajoutés les effets désastreux du pseudo-débat sur l’identité nationale puis la chasse aux Roms.

Pour que cesse cette situation qui porte atteinte à des droits fondamentaux, menace gravement le droit d’asile et ruine l’existence des personnes étrangères visées, nous appelons à une manifestation nationale et unitaire au mois de mai 2011, à la date anniversaire de la création du ministère de l’Immigration qui perdure aujourd'hui sous une autre forme.

Nous exigeons sa suppression, l’arrêt immédiat de cette politique et la régularisation des sans- papiers.