samedi 13 août 2011

Bulletin 43


Vigilance

Info

N°43 – juillet- août 2011

Bulletin de

Justice & Libertés

Comité de vigilance contre l’extrême droite et pour le respect de l’Etat de Droit

L’impasse néolibérale

Une rupture radicale avec la politique néolibérale du

pouvoir sarkozyste s’impose

La politique économique néolibérale du pouvoir sarkozyste est une copie de celle de Ronald Reagan (1981-1989), appelée «Reaganomics». Celle-ci s’articulait autour de :

- la réduction massive des impôts sur les sociétés et les individus,

- la déréglementation et les coupes sombres dans les dépenses publiques.

Cette politique prétendait vouloir stimuler l’économie par des réductions d’impôts massives.

Elle a fait exploser la dette de l’Etat et le déséquilibre commercial, semant les germes d’une crise économique qui devait entraîner le krach boursier de Wall Street en 1987.

Reagan accordait de l’importance à l’opinion publique puritaine (The Moral Majority) et s’opposait aux questions liées à la protection de l’environnement et à l’avortement. En France, cette même politique est soutenue, en particulier, par l’aile droite extrême de l’UMP et par l’extrême droite.

- Entre 1981 et 1989, Reagan a augmenté massivement le budget de la Défense de 160%.

- Reagan prônait un Etat fédéral moins tentaculaire. C’est lui qui disait «l’Etat est notre problème». Comment aurait-il réagi lorsque son successeur néolibéral, Georges Bush, s’est appuyé sur l’Etat pour sauver des banques américaines de la faillite certaine ?

Conséquences de la politique de Reagan : les baisses d’impôt combinées à une augmentation forte des dépenses militaires conduisirent à un énorme déficit budgétaire et à une augmentation de la dette publique, qui gonfla de près de 200% entre le début du mandat de Reagan et celui de son successeur Georges Bush.

- La politique de Reagan a creusé le fossé entre riches et pauvres.

2- La même politique s’observe en France : l’offensive néolibérale avait déjà commencé sous Chirac. C’est lui qui disait «trop d’impôt tue l’impôt». Depuis, la politique poursuivie par la droite au pouvoir consiste à réduire massivement l’impôt sur les sociétés et les individus (taxe professionnelle = 26 milliards d’euros, bouclier fiscal, hausse du plafond d’imposition de l’ISF). Il est à souligner que «les grands groupes français internationaux sont bien moins imposés que les sociétés de taille plus modeste, les petites et les moyennes entreprises (PME) ou entreprises de taille intermédiaire (ETI)» (LM du 07 juillet 2011).

- En tant que premier ministre de François Mitterrand, Chirac avait supprimé l’impôt sur la fortune (ISF).

- …Avec la «réforme» de l’ISF -initiée par Sarkozy en 2011- les 592 168 personnes assujetties à l’ISF paieront en moyenne 3862 euros par an, soit 1115 euros en moyenne de moins qu’aujourd’hui (P.L.C.- LM du 15 mai 2011).

- La fusion des conseillers généraux et régionaux privera les collectivités locales de 26 milliards d’euros. Les départements n’arrivent plus à assumer leur mission de service public de proximité (personnes âgées, handicapés, familles, associations, etc.)

- Les dépenses consacrées aux familles, aux personnes âgées et aux handicapés représentent plus de 60% des charges des départements.

- Conséquences de la politique néolibérale du pouvoir sarkozyste : les dépenses des ménages sont en baisse de 0,9% en mars ; de 1,4% en avril et de 0,8% en mai. Remarque : après 5 jours de soldes, la Fédération des enseignes de l’habillement estime que les ventes accusent un repli de 5% par rapport à la même période de 2010 (LM du 3-4 juillet 2011) ;

- Déficit commercial : la part de la France dans le commerce mondial est passée en trois ans de 5,8% à 4,1%. Conséquences : ces mauvais chiffres vont freiner la hausse des rentrées fiscales et donc ralentir le redressement promis par Sarkozy ;

- Taux de croissance : 1,9% au lieu de 2,1% promis. Les déficits publics (Etat, collectivités locales, sécurité sociale) devraient frôler les 6% du PIB ;

- Dette publique : en 2012, la barre symbolique des 90% du PIB. Les trois A accordés par les agences de notation à la dette publique française risquent de sauter.

- Remarque : la dette publique était de 1218 milliards d’euros (64,2%) du PIB en 2007, avant l’élection de Sarkozy.

3- La situation est encore pire en Irlande, en Grèce ou au Portugal. Les prêts accordés par la banque centrale européenne (BCE) aux banques irlandaises représentent plus de 90% du PIB du pays, ceux des banques grecques, 60% du PIB, et ceux des portugaises, 40% (LM du 09 juillet 2011).

Le pillage programmé

Mécanisme des prêts : «de par ses statuts, la Banque centrale européenne (BCE) a l’interdiction de financer directement les Etats. De plus, en vertu du traité de Lisbonne, la solidarité financière entre les Etats membres est interdite… l’UE se place donc au service des marchés financiers, puisque les gouvernements des pays de la zone euro dépendent du secteur privé pour leur financement.»

- Les investisseurs institutionnels (banques, fonds de pension, assurances) et les hedge funds (fonds spéculatifs) se sont attaqués en 2010 à la Grèce, maillon le plus faible de la chaîne européenne d’endettement, avant de s’en prendre à l’Irlande, au Portugal et à l’Espagne. (Eric Toussaint- LM du 30 juin 2011).

- Parmi les investisseurs institutionnels (appelés les «zinzins»), ce sont les banques privées qui ont fait le plus de profits, car elles pouvaient directement se financer auprès de la BCE en lui empruntant des capitaux à 1% de taux d’intérêt (1,25% depuis fin avril 2011), alors que, dans le même temps, elles prêtaient sur une durée de trois ans à la Grèce à des taux environ 4% ou 5%. A dix ans, elles n’acceptent d’acheter des titres grecs, irlandais ou portugais que si l’intérêt dépasse 10% (Eric Toussaint- LM du 30 juin 2011).

Agence de notation : outil de pillage des investisseurs

Les investisseurs ont un outil imparable : les agences de notation telles que Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch qui font trembler les pays endettés. «Les agences de notation [qui de facto] dictent aux gouvernements démocratiques leurs programmes, souvent avec le soutien d’institutions financières internationales» (Amartya Sen- LM du 3-4 juillet 2011).

Selon l’éditorial du quotidien Le Monde du 10 août 2011 : «les agences de notation n’évaluent pas seulement les comptes des Etats. Elles s’arrogent le droit de sonder les reins et les cœurs, d’évaluer les intentions, les démarches, les temps de réaction des autorités politiques, en principe souveraines (…) ignorant froidement le temps démocratique-celui de la délibération, de l’arbitrage et de l’explication-elles imposent leur agenda, leurs normes et leurs urgences.» Ainsi, «il a suffit que Standard & Poor’s abaisse d’un cran la «note» des Etats-Unis [le 5 août 2011]- c’es-à-dire leur capacité à rembourser leur dette- pour déclencher la dégringolade des Bourses, attiser la spéculation et rendre plus délicate encore la situation des économies occidentales. Ce pouvoir exorbitant est, à bien des égards, choquant

Un autre exemple : Moody’s, une agence américaine a récemment déclaré que la dette portugaise est désormais reléguée en catégorie «spéculative», autrement dit au rang d’obligations «pourrie». Conséquence : la pression des marchés augmente sur le Portugal et les taux portugais à dix ans passent au-dessus des 12% (Marie de Vergès- LM du 08 juillet 2011). A qui profite ce genre de classement ? Suivez mon regard…

Nous connaissons les conséquences de la politique des agences de notation imposée à la Grèce : une baisse des dépenses publiques conduisant à une récession brutale et au freinage de l’économie, suite à une énorme compression budgétaire. En serait-il autrement pour les autres pays saignés par l’oligarchie financière mondiale ? Jeudi 21 juillet 2011, un deuxième plan d’aide de 158 milliards d’euros a été élaboré par les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone d’euro, réunis à Bruxelles. On sait déjà que ce plan ne changera rien sur le fond.

En France, la politique néolibérale du pouvoir sarkozyste est une offensive brutale de l’oligarchie financière en quête effrénée de profits au détriment de la population la plus fragile de notre pays. Cette politique, la plus réactionnaire depuis Vichy, conduit à une impasse et seul un changement radical- non pas un replâtrage- de cette politique permettrait à la France de s’en sortir.