dimanche 12 juin 2011

Bulletin 38


Vigilance

Info

N° 38 – février 2011

Bulletin de Justice & Libertés, Comité de vigilance contre l’extrême droite

et pour le respect de l’Etat de Droit

Pas de milice dans nos villes.
Pas de police dans mon ordinateur

Espace privé sans intrusion policière

Défendons nos libertés

Le projet de loi d’ «Orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure» couvre la période 2009-2013.

LOPPSI 2 c’est créer un «corps de volontaires» pour épauler la police. Selon des syndicats de policiers, le «corps de volontaires» s’apparente à une milice.

LOPPSI 2 c’est donner plus de pouvoir aux policiers municipaux. Ils pourront procéder à des contrôles d’identité.

LOPPSI 2 c’est privatiser la sécurité des Français, en faisant appel à des entreprises de sécurité privée, qui interviennent selon le gouvernement «dans des domaines où certaines compétences peuvent être partagées, voire déléguées par l’Etat». La privatisation des missions de sécurité devrait se développer. (Les effectifs privés sont de 170 000 salariés environ aujourd’hui et pourraient être supérieurs aux effectifs publics de la police et de la gendarmerie- 220 000).

LOPPSI 2 c’est la généralisation de la vidéosurveillance. Un maillage de vidéo du territoire est programmée. Il s’agit de passer de 20000 caméras aujourd’hui à 60 000 fin 2011. Pour éviter les abus, une «Commission nationale de vidéoprotection» est créée. Elle est directement rattachée au ministère de l’intérieur et non pas à la Commission nationale informatique et libertés (CNIL), dont c’est pourtant la vocation. Les personnes morales, et donc les entreprises, auront le droit d’installer des caméras dans la rue, plus seulement si elles sont exposées à des risques terroristes, mais «à des risques d’agression ou de vol». Les salariés de ces entreprises n’auront pas accès aux images.

LOPPSI 2 c’est le contrôle des ordinateurs. La police pourra espionner à distance les écrans d’ordinateurs. Il s’agit d’une intrusion beaucoup plus massive de la police dans la vie privée.

La CNIL a rendu le 24 juillet 2009 son avis sur ce projet de loi : «Nous sommes inquiets par ce projet de loi. Nous redoutons une utilisation excessive de ce système d’espionnage par la police, qui pourrait mettre en danger la protection des sources journalistiques. Le cadre de mise en œuvre de la captation des données informatiques doit être plus clairement défini. Nous demandons aux parlementaires de présenter des amendements pour mieux encadrer ce projet.»

LOPPSI 2 c’est l’interconnexion de fichiers. Le projet de loi autorise la création de nouveaux fichiers de police pendant les phases d’enquête, et des fichiers d’analyse sérielle (comparaison de banques de données) sur la petite délinquance et non plus seulement sur les tueurs en série. (ma question : quelle catégorie de la population sera la prochaine cible des fichiers d’analyse sérielle ?)

LOPPSI 2 c’est la vidéoconférence pour la rétention. Le gouvernement entend permettre un large recours à la vidéoconférence en centre de rétention. Le sort des étrangers en rétention est donc réglé hors la présence physique d’un magistrat.

LOPPSI 2 c’est l’instauration d’un couvre-feu pour les mineurs. Le projet de loi autorise les couvre-feux contre les mineurs de moins de 13 ans, qu’ils soient délinquants ou non.

(Franck Johannès- LM du 10/02/2010).

LOPPSI 2, au final, c’est plus de répression mais aucun traitement des causes de la délinquance et de l’insécurité.

Bulletin 39


Vigilance

Info

N° 39 – mars 2011

Bulletin de Justice & Libertés, Comité de vigilance contre l’extrême droite

et pour le respect de l’Etat de Droit

Les trois piliers de la dynastie Le Pen :

les fondamentaux, les mensonges et la peur.

Les fondamentaux déterminent l’essentiel du mouvement d’extrême droite et de tous ceux qui s’y rattachent ou le représentent. Ainsi, pour couper court à toutes les hypothèses extravagantes concernant Marine Le Pen- promue présidente du Front national (FN) dimanche 16 janvier 2011- son père se confiait, fin octobre 2010, aux étudiants du Centre de formation des journalistes (CFJ) : «Sur l’essentiel, Marine a les mêmes idées que moi

Aux yeux des Le Pen, qu’est-ce qui est essentiel? Comme l’indique Jean-Yves Camus, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), «le cœur de la doctrine de la droite identitaire est le refus du multiculturalisme…centralité de la question de l’identité…la hantise du métissage» (Le Monde du 15 janvier 2011).

Par ailleurs, Marine Le Pen n’a jamais condamné publiquement les propos de son père-qui font partie de l’essentiel de la doctrine du FN-tenus à l’hebdomadaire RIVAROL (7 janvier 2005) dans lequel il prétendait que «l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine, même s’il y eut des bavures.»

Comme son père et le FN, Marine Le Pen défend bec et ongles les thèmes favoris de l’extrême droite :

- La préférence nationale veut couper «les pompes aspirantes» de l’immigration et

- Réformer le code de la nationalité,

- Rétablir la peine de mort,

- En finir avec un système fiscal accusé de «brider l’initiative et l’esprit de conquête économique» (Politis- 13 janvier 2011).

- Marine Le Pen contre le remboursement de l’IVG :

Dans un entretien à La Croix, mardi 15 février 2011, Marine Le Pen se dit favorable à un arrêt du remboursement de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) (Le Monde du 16 février 2011).

Elle-même assure, dans un entretien récent au quotidien maurrasso-pétainiste Présent (21 décembre 2010), être «dans la droite ligne» des députés FN qui, en 1986, se contentaient de demander… «le déremboursement» de l’IVG, et accuse le Planning familial d’être «une structure d’incitation à l’avortement […] en contradiction avec la loi de 1976» (Politis- 13 janvier 2011).

Marine Le Pen n’a pas remis en cause le contenu concret du programme du FN :

- Chasse aux sans-papiers et préférence nationale,

- Réduction des dépenses publiques (ce parti propose d’inscrire dans le préambule de la Constitution leur plafonnement à 35% du PIB !),

- Développement des régimes de retraite par capitalisation,

- Accession à la propriété au détriment du logement social.

- Conclusion : non seulement le FN opte pour le rejet de l’autre, mais il prend le parti du capital et de la propriété privée.

La laïcité : nouvelle arme raciste du FN

Pour Marine Le Pen, «il n’y a pas cinquante moyens de lutter contre l’islamisation de notre pays. Il y a soit la laïcité, soit la croisade. Comme je ne crois pas à la croisade, je pense qu’il faut user de la laïcité, qui n’est pas le laïcisme» (Présent du 22 décembre 2010).


Marine Le Pen veut s’appuyer sur un principe de la République Française afin de cibler la seule religion musulmane et prolonger ainsi la guerre quadridécennale du FN contre l’immigration.

La lecture par le FN- et par Marine Le Pen- de la laïcité est complètement biaisée, contraire à l’esprit républicain. L’extrême droite et les forces affidées ont transformé la laïcité en instrument d’inquisition et de guerre ethnique.

Pour les vrais républicains la laïcité c’est la tolérance, c’est le vivre ensemble. La tolérance laïque permet la vie en commun dans la diversité des désirs et des couleurs. La laïcité, c’est rechercher les éléments de convergence entre des cultures, des croyances, des philosophies. Chrétiens, juifs ou musulmans, nous sommes tous frères et vivons nos croyances dans le respect de celles d’autrui.

La laïcité ce n’est pas la police de la pensée, qui au pays des Lumières, brimerait les religions, les cultures, les croyances, les philosophies.

Les mensonges : paramètres variables et thèmes persistants

Les mensonges servent de paramètres variables aux frontistes. Faisant mine d’oublier leur servitude au capital, Marine Le Pen se trouve des affinités avec les couches populaires en France. Pour les séduire, elle promet de revenir au départ à la retraite à 60 ans, effaçant la référence à la retraite à 65 ans du site internet du parti.

Une étude détaillée du programme économique du Front national- publié en 1984- montre que «l’essentiel du volume est consacré à la défense des libertés économiques : apologie de l’entreprise privée, de son chef (le patron) et du profit, considérés comme des «moteurs de l’économie». A l’inverse, l’impôt est stigmatisé, la suppression de l’impôt sur le revenu est proposée, au nom de l’économie de l’offre. L’héritage poujadiste et un ancrage néolibéral sont ici nettement affirmés.

La crise financière de 2008 a conduit le Front national à radicaliser son opposition à la mondialisation. Dans un communiqué de Jean-Marie Le Pen du 9 octobre 2008, développé à l’occasion des élections européennes de 2009, on relève, en particulier : la sortie de la France du FMI, la «maîtrise» par la France de sa politique monétaire, l’«obligation d’intervention de l’Etat contre les raids boursiers étrangers», la «mise en place d’un plan de conservation du pouvoir d’achat au travers de l’application de la préférence nationale» (sont concernés ici l’emploi, le logement et les aides sociales), la «suppression» de la TVA sur les produits alimentaires de première nécessité et le retour au contrôle des prix par l’Etat.

Les dirigeants frontistes multiplient les prises de position contre les agents de notation et l’ultralibéralisme, insérant, de fait, le FN dans une mouvance anticapitaliste et antilibérale.

La lecture des discours et des propositions actuelles du FN pourrait donner le sentiment d’une contradiction profonde entre les années 2010 et les décennies précédentes. En fait, le procès qu’instruit le FN en fustigeant «l’ultralibéralisme», la «spéculation» et les «élites mondialistes» n’est pas celui de l’ensemble du capitalisme, mais de la «finance».

La lecture, non des tracts, mais du programme économique du FN atteste l’existence de thèmes permanents au fil du temps : rejet de l’Etat-providence, dénonciation des «rigidités réglementaires», souci de créer par la baisse de la pression fiscale un «cadre favorable à l’entreprise». Aujourd’hui, comme hier, l’impôt est stigmatisé au nom des théories de l’économie de l’offre, de la «révolution conservatrice américaine» et du reaganisme. Elles se combinent avec le thème, fondamental, de la «préférence nationale»».(Olivier Dard- Professeur d’histoire contemporaine à l’université Paul-Verlaine- Metz- Le Monde du 15 janvier 2001).

On voit bien que la propagande officielle du FN, affichant ce parti soucieux des préoccupations des couches populaires de «souche»- lorsqu’il propose la «mise en place d’un plan de conservation du pouvoir d’achat au travers de l’application de la préférence nationale» ou le départ à la retraite à 60 ans- n’est qu’un mensonge savamment distillé, destiné à tromper les esprits simples.

Selon les journalistes du quotidien Le Monde, dépêchés à Tours, «de même, ce parti qui a eu comme cofondateurs plusieurs anciens collaborateurs, des anciens miliciens ou des anciens Waffen-SS, voit sa présidente invoquer les «résistants de 1940» et affirmer incarner «l’esprit de Résistance.» (Le Monde du 18 janvier 2011).

Les mensonges ne s’arrêtent pas à la récupération de la Résistance de la part d’un courant pétainiste, héritier des collaborateurs et admirateur de l’occupant nazi. Avancer de fausses statistiques est un autre subterfuge lepéniste.

Lors d’une conférence de presse au siège du parti d’extrême droite, lundi 21 février 2011, Marine Le Pen a accusé le gouvernement de dissimuler les «vrais chiffres» de l’immigration et dénoncé «un secret d’Etat» (Le Monde du 23 février 2011).

Journaliste du quotidien Le Monde, Elise Vincent écrit : «CONTRAIREMENT à ce qu’affirme la présidente du Front national, Marine Le Pen, les chiffres sur l’immigration qu’elle a rendus publics, lundi 21 février, ne sont pas un «secret d’Etat». Deux exemples parmi tant d’autres : selon Marine Le Pen, 19864 titres de séjours auraient été délivrés en 2010. Soit une augmentation «terrifiante» de 13,2% par rapport à 2009. Selon le ministère de l’intérieur, l’augmentation ne serait que de 3%.

Selon Marine Le Pen, l’immigration familiale aurait augmenté de 7,5% en 2010. Pour le ministre de l’intérieur, il y aurait en réalité une baisse de 2%. Les chiffres sont très en deçà de ceux de 2004, où 94384 titres avaient été accordés.

L’objectif des identitaires c’est agiter la peur de l’autre, frapper l’imagination des gens simples et mal informés. Leur faire croire, mensonges à l’appui, que la France est «envahie» par des étrangers, de surcroit, des musulmans qui débarquent en France par navires entiers pour «piquer le pain et le travail» des Français.

Des comparses de la droite identitaire à l’UMP

Une trentaine de députés UMP, regroupés dans un «Collectif de la droite populaire», se sont illustrés par leur surenchères verbales ou législatives à l’encontre des homos, des immigrés ou des plus précarisés. Instaurer des tests ADN avant d’accorder un visa à des étrangers souhaitant rejoindre leur famille en France ? Une idée de Thierry Mariani, rejetée par le Parlement en 2007. Exclure les personnes sans papiers des centres d’hébergement d’urgence ? Encore Mariani. Militariser «certains quartiers», devenus des zones de guerre tribales? Un souhait de son collègue Lionnel Lucas, un ancien de la Légion étrangère et favorable à la peine de mort. Etc., etc.

Les députés de la droite «populaire» n’épargnent pas les politiques sociales. Les 35 heures ? Une «démagogie criminelle du socialisme en France». La durée légale du travail ? «Un concept du XIXe siècle» qu’il faut purement et simplement «supprimer» selon Lionnel Lucas, également opposé au RSA.(Politis du 13 janvier 2011).

Les deux courants- Front national et «collectif de la droite populaire», voire l’UMP- vont-ils se rejoindre bientôt ? Les mieux avertis estiment que l’unité stratégique s’est déjà faite dans les têtes. La nomination de Gérard Longuet- un ancien d’Occident qui a participé à la rédaction du programme du Front national- au ministère de la défense et celle de Brice Hortefeux, un catholique intégriste et proche de la droite «populaire», comme conseiller de la présidence, sont-elles un signal envoyé en direction de la droite identitaire ?

Tout porte à croire que rendez-vous est pris pour les élections présidentielles et législatives de 2012.

samedi 4 juin 2011

Bulletin 40


Vigilance

Info

N° 40 – avril 2011

Bulletin de Justice & Libertés, Comité de vigilance contre l’extrême droite

et pour le respect de l’Etat de Droit

Jusqu’où ira

L’extrême droitisation de l’UMP?

Manœuvres électoralistes ou lame de fond?

Les résultats des cantonales marquent l’échec cuisant des tentatives de Nicolas Sarkozy et de la fraction «collectif de la droite populaire», l’aile extrême droite de l’UMP, de vouloir banaliser le Front national et ses thématiques afin d’en faire un allié.

La banalisation des thématiques de l’extrême droite a commencé bien avant les présidentielles de 2007. Mais elle a pris une tournure radicale le 30 juillet 2011, lorsque Nicolas Sarkozy a désigné les Roms et les gens du voyage à la vindicte populaire. Le débat sur «l’identité nationale» ou autres provocations de ce genre n’ont pas réussi à diviser les Français dont le chômage est la première priorité (87%), devant l’insécurité (49%) (Le Monde du 04/01/2011).

Les cantonales 2011 montrent bien que l’électorat de droite- en se détournant de l’UMP- est conscient que la xénophobie et le racisme d’Etat ne sont pas la réponse à leurs problèmes économiques et sociaux. Pour Yazid Sabeg, membre de l’UMP et commissaire à la diversité et à l’égalité des chances : «aux questions de fond telles que l’emploi des jeunes, la lutte anti-ghetto ou l’accès équitable à l’éducation et à la formation se sont substitués des pseudo-débats centrés sur ce qui serait une confrontation de l’islam avec la laïcité. C’est comme si désormais la crise de nos sociétés ne pouvait s’expliquer qu’à travers la figure des musulmans» (Le Monde du 02 mars 2011).

Une autre preuve du désintérêt des Français pour les discours racistes. L’intense tapage médiatique autour de Marine Le Pen, n’a pas empêché la baisse du vote en faveur du Front national qui perd 100 000 voix par rapport à 2004. Même l’Elysée n’est pas satisfait des performances du FN. «Le FN n’a pas transformé l’essai» explique Franck Louvrier, conseiller en communication de l’Elysée (Le Monde du 29 mars 2011).

Après la déroute de l’UMP aux cantonales, les tensions se sont exacerbées entre les ténors de la droite. Pour Dominique de Villepin «La tentation du côté de l’UMP, ce serait de redessiner en quelques jours une France aux couleurs du FN, c’est évidemment absurde.» (DNA du 25 mars 2011).

En public, le torchon brûle entre François Fillon, premier ministre, et Jean-François Copé, patron de l’UMP, en danger d’implosion.

A entendre Claude Guéant, ministre de l’intérieur, tout indique que la machine de l’extrême droitisation de l’UMP s’est emballée. Politiquement, il serait dangereux de vouloir limiter les sorties racistes de Nicolas Sarkozy et de ses lieutenants à des manœuvres purement électoralistes. Ce sont de véritables convictions qui sortent de la bouche de Nicolas Sarkozy et de ses proches.

Que pense Nicolas Sarkozy de l’histoire de France? Le 4 mars, au Puy-en-Velay, Nicolas Sarkozy a insisté sur les racines chrétiennes de la France, citant le baptême de Clovis comme date de naissance de celle-ci. Ces propos, partagés par Jean-Marie Le Pen et le Front national, sont contestés par M. Rioux, président du comité scientifique de la Maison de l’Histoire de France, pour qui : «Le président de la République est bien sûr libre, et il a même le devoir de valoriser sa conception de l’histoire nationale. Mais nous avons été nommément associés à une vision du passé national que nous ne partageons pas.» (Le Monde du 13-14/03/2011). En qualité de chanoine de Latran, Nicolas Sarkozy avait affirmé en 2007, que le «christianisme est dans notre ADN». Pour l’éditorialiste de Politis du 10 mars 2011, «ce mélange de génétique et de religion est antilaïque, et excluant. Idéologiquement, on ne peut pas faire plus extrême droite que cela.»

Que dit Jean-Marie Le Pen ? «La France stricto sensu est née à l’aube du Moyen-âge de l’union subtile du vieux fond indo-européen et du christianisme. «L’union subtile du vieux fond indo-européen et du christianisme» fait précisément allusion au baptême de Clovis. Un évènement auquel le Front national venait de consacrer un ouvrage de plus de 100 pages. (René MONZAT, les voleurs d’avenir- textuel).

Nicolas Sarkozy utilise le qualificatif ADN, alors que l’extrême droite en général et Jean-Marie Le Pen en particulier préfèrent le qualificatif «charnel», synonyme de «biologique», «ethnique».

Nicolas Sarkozy et ses proches n’hésitent plus à exprimer leurs opinions d’extrême droite. Il ne s’agit plus de dérapages racistes. Chantal Brunel, député (UMP) de Seine-et-Marne, intervenant mardi 8 mars à l’Assemblée nationale, a estimé qu’il fallait «rassurer les Français sur toutes les migrations de populations qui viendraient de la Méditerranée ». «Après tout, remettons-les dans les bateaux. Marine Le Pen n’a aucune solution à proposer. Nous, on doit montrer qu’on a des solutions» (Le Monde du 10/03/2011).

Le ministre de l’intérieur, Claude Guéant, a déclaré sur Europe 1, jeudi 17 mars, que les Français «ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux.» La veille, il souligné, dans Le Monde, qu’«ils veulent que la France reste la France.» (Le Monde du 19 mars 2011). «La France reste la France» est la version sarkozyste de «la France aux Français» lepéniste.

Pour stigmatiser leurs adversaires, le langage de charretier est souvent utilisé par les ténors du «collectif de la droite populaire». Christian Vanneste, dudit collectif, a déclaré à propos de Sandrine Mazetier, députée socialiste de Paris, chargée des questions d’immigration au groupe socialiste à l’Assemblée nationale : «Quand vous entendez des gens comme Sandrine Mazetier, vous croyez vous rappeler la notion du parti de l’étrange». «Parti de l’étranger» est un qualificatif utilisé par Jean-Marie Le Pen pour stigmatiser ses adversaires.

Pour l’éditorialiste de Politis du 10 mars 2011 : «la droite «décomplexée» de Nicolas Sarkozy ressemble à s’y méprendre à ce qu’on nommait extrême droite il y a dix ans encore.»

Abderrahmane Dahmane, ancien «conseiller à l’intégration» à l’Elysée, dit la même chose. «L’UMP de Copé, c’est la peste pour les musulmans», comparant le patron du parti présidentiel à «une poignée de néonazis» (Le Monde du 13-14/03/2011). Vendredi 11 mars, Nicolas Sarkozy a mis un terme aux fonctions de son conseiller à l’intégration.

Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé, Gérard Longuet- qui a participé à la rédaction du programme du Front national et de la charte du GUD- Brice Hortefeux, Eric Besson, Claude Guéant, Chantal Brunel, la trentaine de députés du «collectif de la droite populaire» de l’UMP, ouvertement racistes, ça fait un paquet à la tête de l’Etat. Peut-on encore qualifier cette «tête» de républicaine? La question mérite d’être posée.

Bulletin 41


Vigilance

Info

N°41 − mai 2011

Bulletin de

Justice & Libertés

Comité de vigilance contre l’extrême droite et pour le respect de l’Etat de Droit

La crise alimente les forces les plus réactionnaires comme le Front national

Depuis quatre ans, la crise s’est bel et bien installée en France. Tout le monde la ressent sous différentes formes. Selon le FMI (Fonds monétaire international) la crise n’est pas finie. Pire, un «mur de dettes» de 3600 milliards d’euros menace l’existence des banques grecques, islandaises, portugaises, espagnoles, voire de certaines banques régionales allemandes.

Ce gouvernement organise l’insolvabilité de l’Etat au bénéfice des actionnaires du CAC 40 et au détriment des salariés. L’aide aux banques correspond à 120 milliards d’euros engagés (soit 6 fois le fameux trou de la Sécurité sociale) empruntés sur le marché financier et dont les intérêts sont payés par les salariés. La dette publique qui était de 1218 milliards d’euros (64,2% du PIB) en 2007, avant l’élection de Sarkozy, est passée à 1640 milliards d’euros (84,2% du PIB) en 2010. Parallèlement à la dépénalisation des affaires et à la disparition progressive des pôles financiers auprès des tribunaux, se met en place une série de lois liberticides (Suite page 2).

Samedi 28 mai 2011- 15 h

Rassemblement place

Kléber à Strasbourg

Pour exiger l’arrêt immédiat de la

politique raciste et xénophobe d’Etat

Conséquence des soi-disant «réformes» du pouvoir Sarkozy, c’est l’augmentation du chômage et la progression de la précarité qui menacent les Français de condition modeste. L’Education nationale et la recherche ont payé au prix fort la rigueur budgétaire. La fusion des conseillers généraux et régionaux privera de 26 milliards d’euros les collectivités territoriales. Avant même cette fusion, le gouvernement n’a pas respecté ses engagements financiers et les départements sont asphyxiés. Ils n’arrivent plus à assumer leur mission de service public de proximité (personnes âgées, handicapés, familles, associations, etc.). Les dépenses consacrées aux familles, aux personnes âgées et aux handicapés représentent plus de 60% des charges de gestion des départements (Michel Delberghe- Le Monde du 9 avril 2010).

Selon l’Association des départements de France (ADF), sur les 11,4 milliards d’euros d’allocations versées en 2008, l’Etat n’a, en réalité, compensé ces dépenses qu’à hauteur de 7,6 milliards d’euros (…) La réforme de la taxe professionnelle [a été] mise en œuvre pour 2010.» (Michel Delberghe- Le Monde du 09/04/2010). «Vingt-huit départements seraient en grande difficulté financières» (Michel Delberghe- Le Monde du 07/04/2010).

Incompétent pour résoudre la crise économique et face à la gronde sociale, le pouvoir actuel désigne des boucs émissaires, lance des «fatwas» contre les Roms, les gens du voyage, les immigrés, les musulmans et les désigne à la vindicte populaire. Depuis, la phraséologie de l’extrême droite se banalise et passe à l’antenne. Français, vous avez des problèmes économiques? Parlons de l’«identité nationale» ! Vous n’arrivez plus à boucler les fins de mois? Parlons du «rôle de l’islam en France». Vous craignez le déclassement social? Remettons en cause le droit à l’avortement et la suppression de la peine de mort.

La surenchère xénophobe n’est plus l’apanage de l’extrême droite. L’entourage de Nicolas Sarkozy s’exprime désormais sans tabou. Inspiré par le «concept» de «préférence nationale», Claude Guéant, ministre de l’intérieur, souhaite réduire l’immigration légale. Ce qui a provoqué l’ire du patron du MEDEF, Laurence Parisot, de Christine Lagarde, ministre de l’économie et d’Alain Minc, conseiller officieux de Nicolas Sarkozy (Le Monde du10-11/04/2011). Maxime Tandonnet, conseiller intérieur et immigration à l’Elysée va jusqu’à remettre en cause, sur son blog, l’Etat de Droit. Selon lui : «L’Etat de Droit semble s’emballer, devenir comme fou, au détriment de l’autorité politique, contre le pouvoir du peuple [c’es-à-dire la démocratie plébiscitaire- NDLR] et celui de ses représentants élus, contre la démocratie.» La «démocratie plébiscitaire» est un vrai marqueur d’extrême droite.

C’est un retour en arrière programmé dont les thématiques sont relayées par une bande sortie de je- ne-sais-où, se proclamant fièrement réactionnaire(1). En font partie Robert Ménard et Eric Zemmour, raciste et antiféministe, l’une des vedettes de l’émission de Laurent Ruquier, «on n’est pas couché» sur France 2. Robert Ménard a affirmé être favorable à la peine de mort et explique qu’il n’avait «pas envie que [ses] enfants soient homosexuels» Il s’apprête à publier un pamphlet intitulé «Vive Le Pen !», dans lequel il défend, dit-il, «la liberté d’expression et de représentation parlementaire du FN»(1). Eric Zemmour dit fièrement que «nous faisons trembler la République». Traduction : vive Pétain !

Dans un article très intéressant, Abel Mestre, journaliste du quotidien Le Monde, rapporte l’analyse de Pascal Perrineau(2) pour qui les raisons de la poussée du FN ne reposeraient pas uniquement sur des facteurs nationaux : «ce qui s’est passé en Norvège, aux Pays-Bas, en Hongrie, en Autriche, montre que l’on a affaire à une crise économique et financière qui a redonné, en Europe, un espace aux forces protestataires»(3) d’extrême droite.

Le Front national (FN) représente l’élément central des «forces protestataires» dont certains représentants (Robert Ménard, Eric Zemmour, Yvon Rioufol, Eric Brunet, Elisabeth Lévy) mènent campagne pour nous faire accepter que le «FN est un parti comme les autres». Ils sont présents sur RTL, Europe 1, i-télé, BFM Tv, qui appartiennent à des milieux militaro-financiers(4).

Pour faire croire que le FN est un parti fréquentable, Marine Le Pen a changé de discours. Fini les «Durafour crématoire» ou «les détails de l’histoire». Elle va jusqu’à condamner les «nostalgiques bottés et casqués, la matraque à la main». Contrairement à son père, elle prend ses distances avec les nostalgiques du troisième Reich et déclare : «Ce qui s’est passé dans les camps (…) est le summum de la barbarie

Peut-on dire pour autant que le FN est devenu un parti comme les autres, alors que les idées d’extrême droite sont toujours les mêmes : la volonté d’exclure et même de détruire (par la mort) ceux qui sont différents? Un exemple : la «préférence nationale» en matière d’embauche, de logement, d’aides sociales, constitue le cœur du programme du FN. Pour Louis Aliot, le numéro deux du parti lepéniste, la «préférence nationale» est «un point non négligeable». Or, cette proposition est contraire à la Constitution. «La préférence nationale découle d’une vision ethnique de la nation, fondée sur le droit du sang (…) Marine Le Pen a beau essayer de donner un visage humain à la xénophobie. Cela reste de la xénophobie(5) D’autant plus que l’aile radicale des soutiens de Bruno Gollnisch, issue de l’Œuvre française, groupuscule antisémite et pétainiste, est toujours au FN.

Les enquêtes d’opinion et les études sociologiques montrent un recul lent mais constant des préjugés racistes, antisémites et xénophobes en France. Mais l’extrême droite est toujours là, revigorée par la crise économique, sociale et soutenue par une fraction de l’UMP, qui relaye ses idées, et certains «intellectuels» qui expriment leurs penchants pour les idées réactionnaires. Les acquis sociaux tels que la légalisation de l’avortement, l’abolition de la peine de mort, la tolérance envers les homosexuels, la retraite, la sécurité sociale, le vivre ensemble, etc., sont constamment malmenés au nom de la «liberté d’expression» qui n’est rien d’autre que la liberté d’exprimer les idées les plus réactionnaires et anticonstitutionnelles. Dopées par des faux débats gouvernementaux, l’islamophobie et les discriminations en tout genre gagnent du terrain. Dans une telle situation, nous avons l’impression que notre travail de militants de l’Etat de Droit et de défenseurs des acquis sociaux ne fait que commencer.

(1) Raphaël Bacqué- Le Monde du 05/04/2011.

(2) Directeur du Centre de recherche politiques de Sciences Po (Cevipof).

(3) Le Monde du 23/03/2011.

(4) Le groupe Dassault est propriétaire du Figaro. Le groupe Lagardère détient 17% des actions du groupe Le Monde, et contrôle le journal du dimanche, Paris Match, la radio Europe 1 et des éditions Hachettes. Le groupe Bouygues est propriétaire de TF1.

(5) Sylvain Crépon, sociologue spécialiste du FN- Le Monde du 30 :03/2011.

Appel pour une mobilisation nationale et unitaire contre le racisme, la politique excluante d’immigration du gouvernement et pour la

régularisation des sans-papiers

http://www.dailleursnoussommesdici.org/

Au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007 était créé, pour la première fois dans l’histoire de la République, un ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du Co-développement. Depuis, des dizaines de milliers d’étrangers en situation irrégulière, hommes, femmes, enfants, sont traqués, arrêtés et expulsés, y compris dans un pays en guerre comme l’Afghanistan. Voulue par le chef de l’Etat, mise en œuvre par ses gouvernements successifs, le ministère de l'Intérieur aujourd'hui, et soutenue par l’UMP et ses alliés à l’Assemblée, cette politique est inacceptable car elle viole des principes humanitaires élémentaires et des dispositions internationales ratifiées par la France. A cela se sont ajoutés les effets désastreux du pseudo-débat sur l’identité nationale puis la chasse aux Roms.

Pour que cesse cette situation qui porte atteinte à des droits fondamentaux, menace gravement le droit d’asile et ruine l’existence des personnes étrangères visées, nous appelons à une manifestation nationale et unitaire au mois de mai 2011, à la date anniversaire de la création du ministère de l’Immigration qui perdure aujourd'hui sous une autre forme.

Nous exigeons sa suppression, l’arrêt immédiat de cette politique et la régularisation des sans- papiers.

jeudi 2 juin 2011

Bulletin 42


Vigilance

Info

N°42 − Juin 2011

Bulletin de

Justice & Libertés

Comité de vigilance contre l’extrême droite et pour le respect de l’Etat de Droit

Notre pays est-il en voie de fascisation*?

(Analyse discutée lors de la réunion de Justice et Libertés du 18 mai 2011)

Tous les ingrédients «classiques» sont là : une grave crise économique qui ne s’estompe pas ; l’envolée des déficits publics (Etat, collectivités locales, sécurité sociale), le développement du chômage, de la précarité et de la pauvreté suite à l’accroissement exponentiel des inégalités ; le discrédit de la classe politique ; la montée du populisme parallèlement à la montée de l’extrême droite et des intolérances ; les guerres à relent colonialiste ou la présence militaire française à l’étranger (Afghanistan, Irak, Côte d’Ivoire, Libye).

La crise économique

1- Concernant la crise économique, comme nous l’avons déjà développé dans nos bulletins, elle n’est pas finie. D’aucuns pensent qu’elle va même s’aggraver. Une chose est sûre : aucun docteur es sciences économiques n’est en mesure de diagnostiquer avec exactitude l’état de santé économique.

*Dictature de l’extrême droite, appuyée sur la préférence nationale.

1- Fin mars 2011, le déficit du budget de l’Etat français s’est creusé à 33,6 milliards d’euros contre 28,9 milliards un an plus tôt. (DNA du 07/05/2011). Certes, Bercy avance des raisons «exceptionnelles», assurant les marchés de recettes en nette amélioration. Mais ce sont le système social et les salariés qui souffrent en premier de l’aggravation du déficit du budget de l’Etat.

2- La fusion des conseillers généraux et régionaux privera de 26 milliards d’euros les collectivités territoriales. Avant même cette fusion, le gouvernement n’a pas respecté ses engagements financiers et les départements sont asphyxiés. Ils n’arrivent plus à assumer leur mission de service public de proximité (personnes âgées, handicapés, familles, associations, etc.) Les dépenses consacrées aux familles, aux personnes âgées et aux handicapés représentent plus de 60% des charges de gestion des départements (Michel Delberghe- LM du 9 avril 2010).

3- Selon l’Association des départements de France (ADF), sur les 11,4 milliards d’euros d’allocations versées en 2008, l’Etat n’a, en réalité, compensé ces dépenses qu’à hauteur de 7,6 milliards d’euros (…) 28 départements seraient en grande difficultés financières (Michel Delberghe- LM du 07/04/2010).

4- Durant l’hiver 2010-2011, les Restos du cœur ont accueilli près de 860 000 personnes, un chiffre en hausse de près de 4% par rapport à la campagne précédente (LM du 01/04/2011). En 2009, six millions de personnes vivaient des minimas sociaux et deux millions de travailleurs gagnaient moins de 60% du revenu médian, seuil définissant pour certains le seuil de pauvreté (Politis du 31 mars 2011).

La disparité salariale- Les riches toujours plus riches

5- A la question «peut-on augmenter les salaires ?», Anne Rodier et Adrien de Tricornot, journalistes, rapportent : «au-delà du CAC 40, la faiblesse des marges des entreprises rend difficile une hausse des rémunérations» (LM du 17 mai 2011).

6- Or, Edouard Challe, chargé de recherche CNRS et professeur à l’Ecole polytechnique, nous apprend que : «la recherche économique a démontré l’existence d’une tendance mondiale, depuis vingt ans, à la hausse des très hauts revenus des capitaux, mais aussi des très hauts salaires, y compris les bonus. Plus on se rapproche des 10%, des 1%, des 0,1% les mieux payés, plus cette hausse a été forte.» D’autant plus qu’«à qualification égale, les rémunérations sont bien supérieures dans la finance à celles des autres secteurs.» Or, le revenu salarial moyen a «quasiment stagné depuis trente ans» en France, expliquait le rapport Cotis publié le 13 mars 2009 (LM du 17 mai 2011).

7- Deuxièmement, «la mondialisation «tire vers le bas» les salaires des moins qualifiés, car ils sont concurrencés par le travail à bas coût des pays émergents.»

Les profits du CAC 40

8- Nous voyons bien que la question de la redistribution des richesses est plus que jamais d’actualité.

9- Un exemple : les profits des entreprises du CAC 40 seront de nouveau très élevés en 2011. Les analystes en évaluent la hausse à 16%, pour atteindre un montant de 95 milliards d’euros (Annie Kahn- LM du 14/05/2011). Or, dans un élan de «générosité» à relent électoral, le président de la République a demandé aux entreprises d’octroyer une prime de 1000 euros par salarié. Seulement 4 millions de salariés (sur un total de 17 millions) seront concernés par la prime. Ce qui représente 4,25% des bénéfices des entreprises du CAC 40 à distribuer.

La recherche de boucs émissaires

La propagation de mensonges

10- Dans une telle situation, le gouvernement, incapable de guérir, tente de punir, en cherchant des boucs émissaires et en développant des lois répressives, contre les Français et les immigrés : «Base élèves », «LOPPSI 2» et autres lois sur la psychiatrie, «une logique répressive en quête de responsables», selon Daniel Zagury, psychiatre, médecin-chef au Centre psychiatrique du Bois-de-Bondy, expert auprès des tribunaux (LM du 22 mars 2011).

11- Les milieux de droite et d’extrême droite font circuler beaucoup de mensonges sur les immigrés. A les entendre, les immigrés viennent en France pour voler le pain des Français et profiter du système de santé et du système social. Les dernières enquêtes prouvent le contraire. En effet, si les immigrés «coûtent» annuellement 47,9 milliards d’euros en dépenses de protection sociale, ils rapportent 60,3 milliard en cotisation diverses.

12- Certains hommes politiques de droite contestent les mensonges propagés par la droite sarkozyste. Pour Dominique Paillé, membre du Parti radical et ancien porte-parole de l’UMP : «Le problème, ce n’est pas l’immigration, mais la concentration. C’est la ghettoïsation de certains quartiers qui donne le sentiment d’exclusion à ceux qui y habitent.»

13- Des mensonges circulent également sur l’«invasion de l’Europe» par des Maghrébins venus d’Afrique du Nord. Or, 720 000 personnes ont déjà fui la Libye pour la Tunisie et l’Egypte. Seules 10 000 sont arrivées à Lampedusa. C’est un chiffre gérable si on le rapporte aux 60 millions d’Italiens.» (Laura Boldrini, porte-parole du Haut-commissaire aux réfugiés en Italie (HCR)- LM du 10/05/2011)

Le populisme

14- Le populisme gagne du terrain. Pour Michel Winock, professeur émérite à Sciences Po, «les populismes s’adressent aux émotions et à la psychologie des foules.»

15- Pour Michel Winock : «Le FN est populiste, en ce sens qu’il est un mouvement protestataire contre les élites.» (LM du 16-17/01/2011). C’est ainsi que Marine Le Pen désigne les responsables de la crise actuelle : «la mondialisation et l’UMPS au pouvoir depuis trente ans» (Politis du 31 mars 2011). «Il est crucial pour le populiste de se créer un «Autre», un bouc émissaire que l’on peut charger de toutes les fautes», remarque Raffaele Simone, auteur de «Monstre doux : l’Occident vire-t-il à droite?» (LM du 30/04/2011).

16- La recherche de bouc émissaire ne s’arrête pas à la mondialisation ou à l’«UMPS». La «préférence nationale» et l’immigré complètent la panoplie démagogique lepéniste.

La «préférence nationale»

17- «La préférence nationale découle d’une vision ethnique de la nation, fondée sur le droit du sang (…) Marine Le Pen a beau essayer de donner un visage humain à la xénophobie. Cela reste de la xénophobie.» (Sylvain Crépon, sociologue spécialiste du FN- LM du 30/03/2011). L’aile radicale des soutiens de Bruno Gollnisch, issue de «l’Œuvre française», groupuscule antisémite et pétainiste, est toujours présente au FN.

18- Pour expliquer la droitisation des sociétés occidentales, d’aucuns pensent que «la droitisation intellectuelle est liée à l’importation en Europe du modèle néoconservateur né une décennie plus tôt aux Etats-Unis.» Dans ce cas, «la référence aux années 1930 et la «réductio ad Hitlerum» (réduction à l’hitlérisme) ne convainquent plus personne.» (Gaël Brustier & Jean-Philippe Huelin- LM du 30/04/2011). Ce concept oublie un facteur : la crise économique accompagné de la peur de la mondialisation.

19- Un autre facteur peut expliquer la droitisation des sociétés occidentales : la faillite du modèle soviétique qui aurait permis aux idées de droite et à l’ultralibéralisme de justifier leur offensive.

20- Droitisation voire extrême droitisation : phénomène ou épiphénomène? La référence aux années 1930 est-elle justifiée ? Sommes-nous vraiment menacés par la fascisation ? Le débat reste ouvert.

Conclusion du débat : Les idées conservatrices, qui ne sont pas synonymes d’idées fascistes, se développent en France ; cette généralisation permet un rapprochement entre une partie importante de la droite sarkozyste et du FN maquillé en «bleu marine».

Ce scénario inquiétant n’est pas une fatalité ; le collectif «Justice et Libertés» s’engage à faire tout ce qui est possible pour qu’il ne se réalise pas.