vendredi 12 avril 2013

Bulletin n° 52


Vigilance
                      Info
N° 52 – avril 2013
Bulletin de Justice & Libertés, Comité de vigilance contre l’extrême droite
 et pour le respect de l’Etat de Droit
Membre de la Coordination Nationale contre l’extrême droite (CONEX)
                                                                                                                                                      
      Lettre ouverte à François Hollande,
    Monsieur le Président de la République

Monsieur le Président,

C’est avec beaucoup d’attention que nous avons suivi votre intervention jeudi 28 mars sur la chaîne publique. (Suite page 2)                                                                                       


           Le «virage libéral» : sortie de route assurée
   
De mauvaises nouvelles s’accumulent. «Aulnay, PSA : 3000 salariés. Amiens-Nord, Goodyear : 1173 salariés. Deux usines en voie de disparition. Deux sites qui, à l’horizon 2014, devraient avoir été rayés de la carte industrielle de la France.» (1)
(Suite page 3) 
 
                   Le FN est-il l’avenir de l’UMP ?

«Ce n’est plus une digue, mais un simple lacet qui sépare aujourd’hui la droite de l’extrême droite». (Suite page 4)


             La politique migratoire du gouvernement :
                        Changement, continuité ?

D'où vient cette impression curieuse, dix mois après la présidentielle, de s'être trompé-e de bulletin et d'avoir revoté Sarkozy? Examinons de plus près la politique du gouvernement en matière migratoire, un marqueur de la politique sarkozyste. (Suite page 5)

Lettre ouverte à François Hollande…


Vous employez un ton pédagogique pour expliquer au commun des mortels que l’emploi est votre priorité et la croissance votre horizon. Pour nous rassurer, vous martelez que «tous les outils sont là».
Or, les faits sont têtus. La croissance est au point mort et chaque jour près de 1000 Français viennent se rajouter à l’armée des chômeurs.

Vous voulez vous montrer maître à la barre mais vous négociez avec la Commission européenne le niveau du déficit en 2014 et le contenu du programme de stabilité. Or, ladite Commission est mue par le même esprit libéral que le Fonds Monétaire International (FMI), qui ne jure que par des principes économiques nuisibles au service public et aux besoins essentiels de la population.

Monsieur le Président, la pédagogie seule ne suffit pas pour ramener la croissance et redonner confiance à une population qui souffre sur le terrain. Vous le ressentez vous-même. Vous n’êtes plus en position de force pour imposer vos promesses électorales de progrès social à une société où la droite-même décomposée- et l’extrême droite sont à l’offensive. Vous ne parlez plus du droit de vote des étrangers ; vous avez oublié l’amnistie des syndicalistes; vous n’avancez aucun calendrier précis pour la suppression des peines plancher, etc.

Par contre, vous suivez les conseils néfastes de la Commission européenne et vous envisagez de prolonger la durée de la cotisation retraite, de baisser les dotations de l’Etat aux collectivités, ce qui aura un impact sur les finances des associations, lesquelles jouent un rôle non négligeable sur le terrain de lutte contre les injustices sociales.

Vous êtes pour la rigueur, mais pas pour l’austérité dites-vous. Expliquez-nous la différence, à l’aune de vos décisions, lesquelles ont contribué à ralentir l’activité économique, augmenter le chômage, augmenter la dette publique qui passe à 90,2% du PIB. Normal. La machine économique tourne au ralenti, les entreprises délocalisent ou ferment, les rentrées fiscales se font rares, le chômage augmente et le gouvernement donne un tour de vis supplémentaire qui ralentit davantage l’activité économique.

Vous nous avez promis la croissance, nous ne voyons que l’austérité qui étouffe nos concitoyens. Vous nous avez promis le volontarisme, nous ne voyons que le suivisme aveugle des préceptes libéraux de l’Union européenne que d’aucuns voient sous la coupe de l’Allemagne.
Nous sommes d’accord avec vous lorsque vous dites : «Prolonger l’austérité c’est le risque de ne pas aboutir à réduire les déficits et la certitude d’avoir des gouvernements impopulaires dont les populistes feront une bouchée le moment venu

Nous y voilà. Vous prolongez l’austérité, vous n’arrivez pas à réduire les déficits, vous êtes, vous et votre gouvernement, impopulaires et la droite et l’extrême droite fanfaronnent.

Les législatives partielles dans l’Oise des 17 et 24 mars sonnent comme un avertissement. Face à l’offensive conjointe de la droite et de l’extrême droite, le candidat socialiste a été balayé au premier tour. Le taux élevé de l’abstention est un autre indicateur de l’échec de votre politique économique et des promesses non tenues.

«Le populisme monte partout en Europe», donc en France. Qu’attendez-vous pour emprunter le cap de la croissance, pourtant promis par le candidat Hollande ? En 2014 il sera peut-être trop tard. «Le spectre des jacqueries sociales»* pointe à l’horizon.

Vous ne voulez pas être tenu pour responsable de l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir : Nous, Justice & Libertés, vous demandons d’appliquer une politique de justice sociale et d’égalité, conforme aux valeurs républicaines, seul moyen d’empêcher la montée de l’extrême droite.


*Michel Noblecourt, éditorialiste- Le Monde du 28 mars 2013.


Le «virage libéral»…


«Trois millions de Français semblent renoncer aux vacances en 2013 (…) le pouvoir d’achat baisse. Et le cancer du tourisme, c’est le chômage» selon Didier Arino, directeur de Protourisme. (2)

Alors que l’OCDE critique la France sur le terrain de la croissance et du manque de compétitivité des entreprises, cette dernière annonce dans le même temps un taux de chômage qui «continue d’augmenter avant de se stabiliser à 11,25% fin 2013» (3).

A chaque fois que le patronat et les autorités économiques européennes parlent d’augmenter la «compétitivité», le chômage augmente. En effet, la France, dont le chômage en métropole repasse au-dessus de 10%, n’est pas aussi «compétitive» que l’aurait souhaité l’OCDE. Fin 2013, la France gagnera en «compétitivité» et le taux de chômage se stabilisera à 11,25% ! CQFD. En effet, la France doit présenter un programme de réforme douloureuse à la Commission européenne mi-avril.(2) C’est-à-dire que les salariés vont souffrir encore davantage. Le gouvernement qui projette de raboter les allocations familiales, devrait ensuite s’attaquer à la retraite : augmenter, d’une part la durée du travail et, d’autre part, baisser les pensions. Ça va faire vraiment mal.

C’est pourquoi, le premier ministre appelle les Français à un «compromis historique» pour préserver le modèle social. C’est ce qu’on appelle de la démagogie ! En effet, selon le dictionnaire Le Petit Robert, le «compromis» signifie «convention par laquelle les parties, dans un litige, recourent à l’arbitrage d’un tiers» ; ou «arrangement dans lequel on se fait des concessions».  

Tout le monde sait que les deux parties en litige sont les salariés et le patronat qui a les oreilles et les faveurs de l’arbitre (le gouvernement et l’OCDE). C’est pourquoi le faux «arbitre» nous promet des réformes douloureuses-pour les salariés bien sûr- qui devraient faire augmenter, sur le terrain, le taux du chômage, développer la précarité de l’emploi, accélérer la baisse du pouvoir d’achat et la diminution des pensions, allonger la durée du travail, augmenter la flexibilité, cédant ainsi aux exigences du MEDEF. C’est précisément le modèle social français qui en prend un coup. L’arbitre est vendu !

Lorsque le premier ministre s’exprime, on croit entendre François Fillon, le premier ministre potiche de Nicolas Sarkozy. C’est ce que pense Emmanuel Maurel, secrétaire national du Parti Socialiste (PS), pour qui l’accord sur l’emploi signé en janvier par les partenaires sociaux «reprend  les fameux accords compétitivité-emploi de Sarkozy, que François Hollande avait condamnés(4) A ceci près que les «accords compétitivité-emploi» de Sarkozy ont été rebaptisés «accords de maintien dans l’emploi» avec les conséquences que l’on sait : augmentation du taux de chômage !

Au PS «on» s’agace de plus en plus d’un «virage libéral» de M. Hollande.(4) Sur le terrain, c’est Harlem Désir, premier secrétaire du PS, qui paie les «pots cassés». Le 28 février, à Marmande (Lot-et-Garonne), il animait des «ateliers du changement», lorsqu’un participant a lancé «revenez à gauche» ! (5) Message on ne peut plus clair.

«Virage libéral» signifie que parallèlement au développement de la précarité, du chômage et de la pauvreté, le nombre des riches ne cesse d’augmenter. Ainsi, nous apprenons que Liliane Bettencourt, héritière de l’Oréal, est désormais la femme la plus riche au monde (9e rang, 30 milliards de dollars, soit 23 milliards d’euros) et Bernard Arnault, propriétaire du groupe de luxe LVMH, est 10e, avec une fortune estimée à 29 milliards de dollars. (6)

Pourtant, ce sont leurs serviteurs au MEDEF qui exigent encore et encore plus de «compétitivité» ! La mondialisation de l’économie augmente les moyens de pression du patronat qui, devenu sans patrie, agit en position de force en France et ailleurs. Pour preuve : «les destructions nettes d’emploi s’élèveraient quand même à 74 000 pendant la première moitié de l’année(7)

Faute de pouvoir compter sur les ménages français, «La reprise ne peut venir que de l’extérieur», note Claire Guélaud, journaliste. (7) Car «le pouvoir d’achat des ménages reculerait de 0,1% et leur consommation marquerait le pas.» L’investisseur venu d’ailleurs exigerait également une hausse de la «compétitivité» pour faire baisser le coût horaire du travail. C’est un serpent qui se mord la queue.
Malgré les mises en garde, le premier ministre persiste et signe : «Ma rigueur, c’est la réforme» ce qui n’est rien d’autre qu’insister dans la voie du «virage libéral», conduisant inéluctablement à une impasse généralisée.


                                                                                                                                                          A.R.

(1)   Francine Aizicovici et Philippe Jacqué- Le Monde du 17-18 mars 2013.
(2)   Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA)- 21 mars 2013.
(3)   Claire Guélaud- Le Monde du 20 mars 2013.
(4)   S.I.- Le Monde du 08 mars 2013.
(5)   Hélène Bekmezian, Bastien Bonnefous, Françoise Fressoz et thomas Wieder- Le Monde du 09 mars 2013.
(6)   AFP, cité par Le Monde du06 mars 2013.
(7)   Claire Guélaud- Le Monde du 23 mars 2013.


Le FN est-il l’avenir de l’UMP ?


A l’issue d’un mois de conflit à couteaux tirés, entre François Fillon et Jean-François Copé, un accord de  sortie de crise a été signé entre les deux hommes le 17 décembre 2012.

Sous une apparence trompeuse d’unité, rien ne va plus entre François Fillon et Jean-François Copé. Dans un entretien accordé au quotidien Le Monde, François Fillon s’exprime clairement sur ses valeurs : «La stratégie des boucs émissaires en visant les étrangers, l’Europe ou les chefs d’entreprise. Moi je m’y oppose(1)

En prenant ses distances avec la «stratégie des boucs émissaires», François Fillon se démarque donc des tenants d’une ligne populiste et clivante, soutenue par les «amis» de Nicolas Sarkozy dont Jean-François Copé, conseillés par Patrick Buisson, venu de l’extrême droite maurassienne.

La brouille entre les deux hommes reflète avant tout la persistance d’une confusion idéologique au sein de l’UMP, désormais privé d’un chef, capable d’unifier toutes les tendances, dont celle qui n’hésite plus à considérer le «Front national» (FN) comme un parti comme les autres.

Certains, comme Michel Guénaire, avocat et écrivain, se réclament de cette tendance. «Le temps est révolu de l’ancrage du Front national à l’extrême droite (…) Alain Juppé dit qu’il y a une différence de valeurs entre l’UMP et le Front national. Je ne le crois pas, ou je ne le crois plus(2) Michel Guénaire n’avance aucun argument. Nous proposons de l’aider dans sa réflexion.

Suite à sa politique de «dédiabolisation», Marine Le Pen déclarait jeudi 03 février 2011 que «ce qui s’est passé dans les camps nazis est le summum de la barbarie(3) Une prise de position claire et nette, mais qui ne trompe personne en ce qui concerne sa nature opportuniste. En effet, en politique il faut savoir mentir et l’extrême droite est maîtresse en la matière. En réalité, le FN reste antisémite, pétainiste, raciste, nationaliste et maurassien.

On voit bien qu’il y a une différence radicale de valeurs entre les républicains et le Front national, issu de l’alliance du groupuscule d’extrême droite «Ordre nouveau» et du groupe «Militant» dirigé par d’anciens SS, Pierre Bousquet et Jean Castrillo. Il n’est de secret pour personne que le FN comprend des monarchistes, des catholiques intégristes, des maurassiens et autres nostalgiques de Pétain et de l’Algérie française.

Certaines franges de l’UMP ne veulent pas voir la vérité en face et, au prix de perdre leur âme républicaine, embellissent le FN. Car, une crise profonde secoue l’UMP. Pour 2014, dans de nombreuses villes, le parti n’arrive même pas à former de liste pour les municipales.

Pour certains analystes de la vie politique, les électeurs de droite ont une culture politique bonapartiste et ont l’habitude de suivre un chef. Or, le spectacle de division donné par François Fillon et Jean-François Copé a laissé des séquelles et fait fuir les électeurs. (4)

Comment sortir de la crise actuelle ? Vu la confusion idéologique de l’UMP ainsi que le manque de charisme de Jean-François Copé et de François Fillon, certains n’hésitent pas à se tourner, ne serait-ce que timidement, vers le Front national, dirigé par une «chef» qui monte dans les sondages.
Mardi 19 mars 2013, Marion Maréchal Le Pen interpelle Manuel Valls à l’Assemblée nationale : «Vous dénoncez le fait que la majorité des Roms ne souhaite pas s’intégrer dans notre pays, monsieur le ministre, je rejoins votre constat, car vous avez raison.»(5) Elle a été acclamée par une vingtaine de députés UMP ! Pour l’ex-ministre UMP de l’agriculture, «le pire c’est que ces encouragements [des députés UMP] ont été spontanés. Et il fallait voir ceux qui sont allés ensuite la féliciterCe n’est plus une digue, mais un simple lacet qui sépare aujourd’hui la droite de l’extrême droite(5)

A travers Marion Maréchal Le Pen, la vingtaine de députés UMP, applaudissait en fait Le FN et envoyait un message à Marine Le Pen et à l’UMP. A moins d’un miracle, une scission de l’UMP, entre les lepénistes et les républicains de droite semble inévitable.

Pour nous, le plus inquiétant, c’est l’approbation par la députée frontiste des propos inacceptables anti-Roms du ministre socialiste de l’intérieur. Nous osons espérer, Monsieur le ministre, que vous n’êtes pas sur la même longueur d’onde populiste que l’extrême droite, qui saisit toutes les occasions pour s’en prendre à des populations fragiles et marginalisées afin de mieux défendre le grand capital.

Si certains Roms ont des problèmes d’intégration, c’est avant tout à cause des difficultés administratives, rencontrées en France par cette population, martyrisée et discriminée dans son pays d’origine et du racisme dont elle est victime. L’exemple d’«Anina, la petite mendiante rom devenue major de la Sorbonne», (6) fait mentir tous les clichés diffusés par l’extrême droite et les racistes sur les Roms.

L’avenir ne semble pas très rose, d’autant plus que la réorganisation de la droite finira par donner un certain avantage à l’extrême droite, peut-être bientôt au sein d’un gouvernement à l’italienne. Merci monsieur Nicolas Sarkozy ; vous avez bien abimé la République !

                                                                                                                                                          A.R.

(1)   Alexandre Lemarié et Vanessa Schneider-Le Monde du 27 février 2013.
(2)   Michel Guénaire- Le Monde du 14 septembre 2012.
(3)   Le Monde du 05 février 2011.
(4)   Thomas Guénolé- Le Monde du 16 mars 2013.
(5)   Ariane Chemin- Le Monde du 24-25 mars 2013.
(6)   Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) du 25 mars 2013.

La politique migratoire…


Si l'été fut éreintant pour CASAS( l'association qui se charge d'aider les demandeurs d'asile à constituer leur dossier), le travail augmentant alors qu'elle avait perdu 50% de ses salariés, la situation de l'hébergement d'urgence sérieusement dégradée, l'espoir demeurait: en ce début d'été : les familles avec des enfants de moins de trois ans étaient logées par le Conseil Général du Bas-Rhin, et Valls avait annoncé en juin une loi promettant un titre de séjour pour trois ans(1).Cependant pas moyen de trouver un hébergement pour un lycéen et sa mère, et à la fin de l'été on trouvait à nouveau des familles avec jeunes enfants à la rue.

Les annonces allaient dans le bon sens: les possibilités de passer de la carte d'étudiant-e à celle de salarié-e étaient étendues (même si elles existaient sous Guéant) (1). Valls annonçait la fin de la rétention des familles et précisait qu'elles seraient assignées à résidence. Cependant il y a eu des familles retenues à Metz et ailleurs, et il a fallu intervenir pour faire cesser leur rétention.
-Fin du délit de solidarité.
- Abrogation du paiement de trente euros pour avoir droit à l'aide médicale d'urgence.

-En août 2012 suite aux évacuations contestées des campements de Roms paraît une circulaire prévoyant des mesures d'accompagnement (scolaire, santé, etc. ;). La liste des métiers qui leur sont ouverts est rallongée.
-Les taxes payées par l'employeur et le ressortissant étranger pour bénéficier de la carte de travail sont supprimées. Ils peuvent bénéficier de formations. (On remarquera que le statut particulier des Roumains et Bulgares prenant fin en janvier 2014, ces réformes sont obligatoires).
-Cependant le droit de travailler est soumis à autorisation préfectorale.

Le 28 novembre une circulaire précise les critères de régularisation des sans-papiers. Le but n’est pas de régulariser en masse. Le dossier est compliqué et long à constituer. Même si toutes les conditions sont remplies, c’est le Préfet qui décide en dernière instance, car une circulaire n’est pas opposable en droit.

Le refus de séjour est accompagné d’une obligation de quitter le territoire, voire d’une interdiction du territoire. La régularisation est difficile. On demande les bulletins de salaire, qui sont impossibles à fournir pour des travailleurs et des travailleuses qui ne sont pas déclaré-es (2)

Nouvelle circulaire le 11 mars 2013 : Elle prétend rompre avec la politique du chiffre mais a pour objectif de faire un maximum d’éloignements. Chaque décision de libération sera comptabilisée comme un échec du préfet.

Objectifs :- Identifier  les patrons faisant travailler les sans-papiers
-          déclarer les personnes en situation irrégulière au fichier des personnes recherchées
-          est considéré comme un délit la non-communication de papiers permettant d’éloigner la personne. Il peut être puni de 5 ans d’interdiction du territoire.
-          les retours volontaires ne seront plus comptabilisés.
Des protocoles sont signés avec les autorités judiciaires. (3)

La publication de la circulaire coïncide à Strasbourg avec la mise en place d’une politique d’accès plus difficile pour les citoyens souhaitant assister aux audiences du JLD (juge des libertés et de la détention), qui prolonge la rétention des sans papiers en l’absence de solution (régularisation, renvoi dans le pays d’origine quand on peut l’identifier ou audience au Tribunal Administratif). Auparavant nous pouvions avoir communication des audiences par téléphone. Dorénavant on doit se présenter au greffe le matin même pour avoir les informations, m’a dit la greffière quand je me suis présentée le lundi matin 18 mars pour avoir communication des audiences de la semaine.

 Pour que le message soit clair Manuel Valls déclare dans la presse que les Roms ont vocation à retourner en Roumanie parce que beaucoup « ne souhaiteraient pas s’intégrer dans notre pays ».

A l’été 2010 Nicolas Sarkozy Président s’était déjà  aventuré sur ce terrain- là dans son « discours de Grenoble ». Mais « début septembre le Parlement Européen avait « enjoint » au gouvernement français de suspendre l’expulsion des Roms. Fait curieux, il se trouve que le président du plus important groupe parlementaire européen, le Parti Populaire Européen, qui regroupe les démocrates-chrétiens et les conservateurs, est un adhérent de l’UMP : il s’agit de l’Alsacien Joseph Daul.»(4) Le problème est récurrent.

Nos ministres de l’intérieur, à droite comme à gauche, sont fort occupés des problèmes migratoires. Nos gouvernements  traitent un  symptôme sans s’attaquer aux raisons profondes de la crise, en utilisant le système du bouc émissaire pour faire diversion.


                                                                                                                                                          E.H.                                                                                                                                                                        

1.    Intervention d’Annie Kayser, présidente du Conseil Régional de la CIMADE au stammtisch du Club Jacques Peirotes le 25 mars 2013-04-07
2.    Journal de l’Organisation de Femmes Egalité n°67mars 2013 p 26-27
3.    L‘enregistrement audio de l’intervention d’Annie Kayser est disponible sur La feuille de chou
Bulletin de la Fédération Syndicale Unitaire d’Alsace n°56 p 6

lundi 18 mars 2013

Bulletin n° 51 de Justice & Libertés


Vigilance
Info
N°51 – février- mars 2013
Bulletin de
Justice & Libertés
Comité de vigilance contre l’extrême droite et pour le respect de l’Etat de Droit
Membre de la Coordination Nationale Contre l’Extrême Droite (CONEX)

Non aux politiques d’austérité !

   La politique économique «merkozy» nuit
            gravement à la santé sociale

«Austérité», «rigueur» ou «désendettement». Quel que soit le terme choisi, les conséquences en sont catastrophiques pour les salariés : précarité, licenciement-surtout financier-, chômage : «Le taux de chômage actuellement de 10,5% en France devrait grimper à 10,7% en 2013, puis à 11% en 2014, selon Bruxelles(1) (Suite page 2)
    
Les ayatollahs de la régression sociale de la droite décomplexée

Les deux prétendants à la direction de l’UMP, comparés à Nicolas Sarkozy, sont des «seconds couteaux», des exécutants.

La course aux arguments empruntés à l’extrême droite, et à la régression sociale, bat son plein à l’UMP. (Suite page 3)

         Hommage à
 Stéphane Hessel l’indigné
 (Suite page 4)




Non aux politiques d’austérité ! (Suite de la 1ère page)

La paupérisation se développe de plus en plus et les organisations charitables-Restaurants du Cœur, Croix Rouge, Secours Populaire, Banque Alimentaire- sont submergées. Personne n’y échappe : jeunes ou moins jeunes, vieux, femmes et hommes en pleine force de travail sont réduits à manifester ou à s’accrocher à leur outil de travail, susceptible d’être délocalisé ou d’être fermé définitivement. «GAD SAS [la société bretonne des abattoirs], Doux, mais aussi PSA Aulnay, Petroplus, Goodyear,…la liste des défaillances et des fermetures d’entreprises ne cesse de s’allonger. En 2012, quelque 266 fermetures de sites industriels ont été recensés, soit 42% de plus qu’en 2011. En l’espace de quatre ans, 1087 fermetures ont été annoncées(2)

En face, la bourse se porte comme un charme et les patrons n’hésitent pas à afficher leur salaire mirobolant (comme Carlos Ghosn, patron de Renault). L’écart entre la minorité de Français nantis et les autres se creuse et le pays n’a jamais compté autant de millionnaires, redevables de l’«impôt sur la fortune» (ISF).

C’est la politique d’austérité appelée également «merkozy», cette politique économique imposée par les institutions ultra libérales telles que le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque centrale européenne (BCE) ; cette politique appliquée assidûment par le couple Merkel-Sarkozy qui est à l’origine des problèmes de stagnation, de paupérisation, de fermeture d’usines et de chômage de masse que connait la zone euro.

Rien qu’en France, «30 000 chômeurs par mois depuis l’élection de François Hollande» (1) s’ajoutent à l’armée des chômeurs du pays. Même les différents plans comme le «contrat de génération» ou les «emplois d’avenir», si louables et nécessaires soient-ils, ne sont pas en mesure de combattre ou de ralentir la poussée du chômage, du déclassement et de la paupérisation qui gagnent du terrain. François Hollande reconnaît lui-même : «l’année 2013 sera marquée par une progression du chômage.» (1)  En effet, «les entreprises pourraient supprimer 200 000 emplois d’ici à fin 2014 en France(3) Si la croissance se maintient à zéro en 2013 et 2014, ce sont 500 000 emplois supplémentaires qui disparaîtront, selon Eric Heyer, de l’Observatoire Français des Conjonctures économiques. (3)

Et même une partie de la majorité est consciente qu’elle «se coupe du social, du monde syndical et associatif» selon Jérôme Guedj, l’élu de l’Essonne. Toujours selon lui : «Je ne vois pas où on va, j’ai peur qu’on revive 2002 en 2017(4)
C’est dans un tel climat d’explosion du chômage que le ministre du budget, Jérôme Cahuzac annonce qu’il faudra trouver en 2014 «6 milliards d’euros de recette» en plus pour assurer la stabilité fiscale. (4)

Un autre gagnant de la crise actuelle est l’extrême droite. Marine Le Pen et ses alliés identitaires n’hésitent pas à distribuer des tracts incendiaires à connotation «sociale» devant les usines en difficulté.

Ainsi le Collectif Antifasciste Rennais explique : «Le 23 Mars le groupe d’extrême droite Jeune Bretagne organise à Chartres de Bretagne une conférence intitulée : «Que faire face à la crise sociale européenne ?».  Cette organisation n'a pas choisi cette ville de façon anodine. Elle compte utiliser  les licenciements et l'attaque patronale de la direction de PSA frappant l'usine de La Janais, comme les autres sites du groupe, pour se faire connaître et développer ses thèses xénophobes et violentes.»

 «Désendettement- rentrées fiscales supplémentaires-récession-chômage-baisse du pouvoir d’achat-récession» devient un cercle vicieux. Alors, pourquoi continuer sur une pente glissante qui conduit droit à tant de désastres sociaux ? Nous avons combattus ensemble la «TVA sociale» du pouvoir   sarkozyste  et,   maintenant,    on   nous informe que, pour trouver les 6 milliards de recettes supplémentaires pour 2014, «les députés PS envisagent d’augmenter la TVA à 20,5%» (5) en lieu et place de 20%. Cet impôt injuste touche en particulier les catégories sociales défavorisées et ne fera qu’aggraver la récession.

Pour éviter que la politique actuelle n’entraîne notre pays dans une paupérisation de masse aggravée avec le risque de développement de l’extrême droite, Justice & Libertés demande que soit mise en œuvre une politique de justice sociale et fiscale véritable.


(1)                Jean-Baptiste Chastand- Le Monde du 27 février 2013.
(2)                Laurence Girard- Le Monde du 27 février 2013.
(3)                Dominique Gallois- Le Monde du 28 février 2013.
(4)                Hélène Bekmezian et Bastien Bonnefous- Le Monde du 28 février 2013.
(5)          Claire Guélaud- Le Monde du 1er mars 2013.


Les ayatollahs… (Suite de la 1ère page)

Suite au processus de «dédiabolisation» du FN-satisfaisant aussi bien pour le FN que pour ses compères de l’UMP-, c’est maintenant au tour de l’UMP de s’éloigner du cadre républicain pour se rapprocher davantage du FN, de ses valeurs et de celles de ses composantes. C’est la démarche de la «droite décomplexée» si chère à Jean-François Copé et à ses lieutenants. Ci-dessous, quelques démarches de convergence :

Le 16 janvier 2013, Lionnel Luca, député UMP et un des chefs de file du «Collectif de la droite populaire», déposait une proposition de loi, cosignée par Marion Maréchal-Le Pen, Alain Marleix, l’ancien secrétaire d’Etat UMP et d’autres UMP «décomplexés». La proposition portait sur la reconnaissance du «génocide vendéen de 1793-1794» (1).

Un autre signal de convergence est venu de Christine Boutin- une figure des intégristes au sein de l’UMP- à qui le testament de Louis XVI «révèle son amour pour Dieu, sa famille et son peuple». Ce signal devrait satisfaire les intégristes des deux bords.

A l’initiative de Jacques Bompard, élu d’extrême droite et un des fondateurs du FN, plusieurs responsables d’extrême droite débattront des libertés à l’Assemblée nationale, où sont invités des représentants de leur mouvance mais aussi deux membres de l’UMP, qui ont confirmé leur présence à l’AFP. (2)
Convergences UMP-FN sur la lecture de l’histoire, sur la figure «martyre» de Louis XVI, sur les «libertés», grâce aux projets de lois, des dialogues et des colloques. Que veut le peuple de droite ?!!!

Faut-il rappeler que le travail de «convergence» a commencé sous Nicolas Sarkozy, conseillé par Patrick Buisson, venu de l’extrême droite. Actuellement, ledit conseiller continue son travail d’«unification de toutes les droites» auprès des responsables de l’UMP dont Jean-François Copé qui admet avoir «adopté pendant la campagne interne pour la présidence du parti une ligne clivante, dans la continuité de celle préconisée par M. Buisson pour la campagne présidentielle de M. Sarkozy.» (3)

Voici ce que pense Patrick Buisson du combat fratricide Copé-Fillon : «Incontestablement, Jean-François Copé aura fait montre d’un grand courage dans le combat des idées(4)
Y a-t-il une différence notable entre Jean-François Copé et François Fillon ? Force est de constater que les deux candidats à la présidence de l’UMP ne ratent aucune occasion pour se réclamer de l’héritage sarkozyste. Le 21 août 2012, sur RMC, Jean-François Copé a parlé de son «lien très singulier, très personnel» avec Nicolas Sarkozy, et souligné qu’il a «partagé avec lui tous ses combats» (5)

De son côté, François Fillon dit haut et fort que «toutes critiques contre le bilan de Nicolas Sarkozy sont des critiques contre moi-même(6)

Ces déclarations montrent bien que les deux prétendants à la direction de l’UMP sont, par rapport à Nicolas Sarkozy, des «seconds couteaux», des exécutants d’un théoricien que Renaud Dély (7) qualifie d’«inventeur de la droite brune». Les journalistes ne se sont pas trompés lorsqu’ils notent que dans son programme, François Fillon a intégré des fondamentaux de la campagne de Nicolas Sarkozy : pas d’aide sociale sans contreparties ; «assimilation» obligatoire pour les immigrés, qui seraient «sanctionnés quand ils ne s’intègrent pas» ; fermeté en matière de sécurité. (8)

A son tour, Jean-François Copé reprend la plupart des thèmes de campagne de Nicolas Sarkozy, de la lutte contre l’assistanat à l’immigration incontrôlée. «Je m’inscris dans sa continuité (…) en incarnant une droite décomplexée. » (8)

On voit bien que sur le fond, il n’y a pas de différence notable entre Jean-François Copé et François Fillon qui a mené campagne sur une ligne radicale. Il devrait exister de petites différences de méthodes, liées au parcours ou à la personnalité de chacun.

La «droite décomplexée» est donc une droite qui cible les couches défavorisées de la société qualifiées d’«assistés», terme employé par l’extrême droite. Comme elle, la «droite décomplexée» attise les peurs de la société en ciblant les «étrangers» -Roms, Musulmans, Maghrébins- qui ne s’«intègrent» pas et sont la cause des maux dont souffre le pays. En détournant la colère des travailleurs français vers les travailleurs étrangers et les sans-papiers, l’étranger devient le bouc émissaire qui protège la grande bourgeoisie financière et industrielle de la colère populaire. La stigmatisation des «élites», jetées en pâture au «peuple», la dénonciation du «système»- la République-, l’éloge des électeurs d’extrême droite qualifiés de «voix de la France qui souffre», sont quelques traits caractéristiques du populisme à la française.

Imitant Jean-Marie Le Pen au soir du 21 avril 2002, qui prétendait en appeler «aux petits, aux sans-grades», Nicolas Sarkozy lançait à ses partisans rassemblés pour son premier meeting d’entre-deux-tours : «Je veux parler aux petits, je veux parler aux sans-grades, je veux parler aux ruraux qui ne veulent pas mourir, je veux parler aux travailleurs qui ne veulent pas que celui qui ne travaille pas gagne davantage que lui […], je veux parler à tous ceux dont l’opinion ne compte pas parce qu’ils ne manifestent pas, parce qu’ils ne protestent pas, parce qu’ils ne cassent pas, mais qu’ils ont le droit d’être respectés et, nous, le devoir de leur répondre !... »(7)

Bref, c’est le langage et le projet lepénistes qui forment le discours et le projet de la «droite décomplexée».

Comparant Nicolas Sarkozy à ses lieutenants, Stéphane Rozès, président de la société de conseil Cap, écrit : «La droite décomplexée de Nicolas Sarkozy pouvait emprunter au bonapartisme, au conservatisme ou à la droite maurassienne, avec la grande plasticité idéologique qui le caractérise. Mais, aujourd’hui, la droite décomplexée, c’est la ligne maurassienne de Patrick Buisson(9)

Le cœur du projet de la «droite décomplexée» est  rétrograde, antisocial, xénophobe et raciste.

D’aucuns pensent que la «droite décomplexée» a perdu le contact avec le pays réel. «De part et d’autre de l’Atlantique, la guerre à l’impôt, le moindre d’Etat, la remise en cause des acquis sociaux, le nationalisme, le procès fait au libéralisme post-1968 en matière de mœurs, ne suffisent plus nécessairement à unir une majorité. Analogues par leurs origines, les crises d’identité que traversent les deux droites, française et américaine, supposent de profonds aggiornamentos(10)
L’avenir nous dira si la «droite décomplexée» est un mirage sans lendemain pour la droite ou un cauchemar pour les Français.

(1) Le Monde du 19 janvier 2013.
(2) L’EXPRESS.fr du 25 janvier 2013.
(3) Le Monde du 26 janvier 2013.
(4) Le Figaro du 13 novembre 2012.
(5)  Patrick Jarreau- Le Monde du 24 août 2012.
(6)  Abel Mestre- Le Monde du 28 août 2012.
(7) Renaud Dély- La droite Brune- Flammarion ENQUÊTE.
(8) Alexandre Lemarié- Le Monde du 1er septembre 2012.
(9) Pierre Jaxel-Truer- Le Monde magazine du 1er décembre 2012.
(10)Philippe Bernard-Service International- Le Monde du 08 décembre 2012.

 Hommage à Stéphane Hessel (suite de la 1ère page)

Décédé le 27 février 2013 à 95 ans, Stéphane Hessel fut toute sa vie un infatigable défenseur des Droits de l'Homme.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il participa à la Résistance, fut arrêté et déporté en camps de concentration, dont il réchappa de justesse.

Devenu diplomate à l'ONU, il participa à l'élaboration de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme en 1948, déclaration qui fut pour lui une référence constante et le conduisit à s'engager dans de multiples combats pour leur défense, contre toutes les oppressions.

Son autre référence fut le programme du Conseil National de la Résistance, programme élaborant une politique de justice sociale pour la France.

En 2010, il publiait : «Indignez-vous !» pour inciter les jeunes générations à ne pas accepter et à résister contre un monde d'injustices et d'inégalités.

Cet ouvrage fut suivit rapidement de : «Engagez-vous !».

Ses engagements divers et prolongés lui valurent de nombreuses attaques et calomnies.
Il nous a montré la voix de l'esprit de résistance et de non- résignation à l'injustice.

Pour tout ce qu'il nous a apporté et l'exemple qu'il nous a montré, nous lui rendons un très sincère hommage.

                                                                                                                                B.R. Le 17 mars 2013