jeudi 11 juillet 2013
vendredi 12 avril 2013
Bulletin n° 52
Info
N° 52 – avril 2013
Bulletin de Justice &
Libertés, Comité de vigilance contre l’extrême droite
et pour le
respect de l’Etat de Droit
Membre de la Coordination Nationale
contre l’extrême droite (CONEX)
Lettre ouverte à François Hollande,
Monsieur le Président de la République
Monsieur le Président,
C’est avec beaucoup d’attention
que nous avons suivi votre intervention jeudi 28 mars sur la chaîne publique. (Suite page 2)
Le «virage libéral» : sortie de route assurée
De mauvaises nouvelles
s’accumulent. «Aulnay, PSA : 3000 salariés. Amiens-Nord, Goodyear :
1173 salariés. Deux usines en voie de disparition. Deux sites qui, à l’horizon
2014, devraient avoir été rayés de la carte industrielle de la France.»
(1)
(Suite page 3)
Le FN est-il l’avenir de l’UMP ?
«Ce n’est plus une digue, mais un simple lacet qui sépare
aujourd’hui la droite de l’extrême droite». (Suite page 4)
La politique migratoire
du gouvernement :
Changement, continuité ?
D'où vient
cette impression curieuse, dix mois après la présidentielle, de s'être trompé-e
de bulletin et d'avoir revoté Sarkozy? Examinons de plus près la politique du
gouvernement en matière migratoire, un marqueur de la politique sarkozyste. (Suite
page 5)
Lettre
ouverte à François Hollande…
Vous
employez un ton pédagogique pour expliquer au commun des mortels que l’emploi
est votre priorité et la croissance votre horizon. Pour nous rassurer, vous
martelez que «tous les outils sont là».
Or,
les faits sont têtus. La croissance est au point mort et chaque jour près de
1000 Français viennent se rajouter à l’armée des chômeurs.
Vous
voulez vous montrer maître à la barre mais vous négociez avec la Commission
européenne le niveau du déficit en 2014 et le contenu du programme de
stabilité. Or, ladite Commission est mue par le même esprit libéral que le
Fonds Monétaire International (FMI), qui ne jure que par des principes
économiques nuisibles au service public et aux besoins essentiels de la
population.
Monsieur
le Président, la pédagogie seule ne suffit pas pour ramener la croissance et
redonner confiance à une population qui souffre sur le terrain. Vous le
ressentez vous-même. Vous n’êtes plus en position de force pour imposer vos
promesses électorales de progrès social à une société où la droite-même
décomposée- et l’extrême droite sont à l’offensive. Vous ne parlez plus du
droit de vote des étrangers ; vous avez oublié l’amnistie des
syndicalistes; vous n’avancez aucun calendrier précis pour la suppression des
peines plancher, etc.
Par
contre, vous suivez les conseils néfastes de la Commission européenne et vous
envisagez de prolonger la durée de la cotisation retraite, de baisser les
dotations de l’Etat aux collectivités, ce qui aura un impact sur les finances
des associations, lesquelles jouent un rôle non négligeable sur le terrain de
lutte contre les injustices sociales.
Vous
êtes pour la rigueur, mais pas pour l’austérité dites-vous. Expliquez-nous la
différence, à l’aune de vos décisions, lesquelles ont contribué à ralentir
l’activité économique, augmenter le chômage, augmenter la dette publique qui
passe à 90,2% du PIB. Normal. La machine économique tourne au ralenti, les
entreprises délocalisent ou ferment, les rentrées fiscales se font rares, le
chômage augmente et le gouvernement donne un tour de vis supplémentaire qui
ralentit davantage l’activité économique.
Vous
nous avez promis la croissance, nous ne voyons que l’austérité qui étouffe nos
concitoyens. Vous nous avez promis le volontarisme, nous ne voyons que le
suivisme aveugle des préceptes libéraux de l’Union européenne que d’aucuns
voient sous la coupe de l’Allemagne.
Nous
sommes d’accord avec vous lorsque vous dites : «Prolonger
l’austérité c’est le risque de ne pas aboutir à réduire les déficits et la
certitude d’avoir des gouvernements impopulaires dont les populistes feront une
bouchée le moment venu.»
Nous
y voilà. Vous prolongez l’austérité, vous n’arrivez pas à réduire les déficits,
vous êtes, vous et votre gouvernement, impopulaires et la droite et l’extrême
droite fanfaronnent.
Les
législatives partielles dans l’Oise des 17 et 24 mars sonnent comme un
avertissement. Face à l’offensive conjointe de la droite et de l’extrême
droite, le candidat socialiste a été balayé au premier tour. Le taux élevé de
l’abstention est un autre indicateur de l’échec de votre politique économique
et des promesses non tenues.
«Le
populisme monte partout en Europe», donc en France. Qu’attendez-vous pour
emprunter le cap de la croissance, pourtant promis par le candidat
Hollande ? En 2014 il sera peut-être trop tard. «Le spectre des
jacqueries sociales»* pointe à l’horizon.
Vous
ne voulez pas être tenu pour responsable de l’arrivée de l’extrême droite au
pouvoir : Nous, Justice & Libertés, vous demandons d’appliquer
une politique de justice sociale et d’égalité, conforme aux valeurs
républicaines, seul moyen d’empêcher la montée de l’extrême droite.
*Michel Noblecourt,
éditorialiste- Le Monde du 28 mars 2013.
Le «virage libéral»…
«Trois
millions de Français semblent renoncer aux vacances en 2013 (…) le pouvoir
d’achat baisse. Et le cancer du tourisme, c’est le chômage» selon Didier Arino,
directeur de Protourisme. (2)
Alors
que l’OCDE critique la France sur le terrain de la croissance et du manque de
compétitivité des entreprises, cette dernière annonce dans le même temps un
taux de chômage qui «continue d’augmenter avant de se stabiliser à 11,25%
fin 2013» (3).
A
chaque fois que le patronat et les autorités économiques européennes parlent
d’augmenter la «compétitivité», le chômage augmente. En effet, la
France, dont le chômage en métropole repasse au-dessus de 10%, n’est pas aussi
«compétitive» que l’aurait souhaité l’OCDE. Fin 2013, la France gagnera
en «compétitivité» et le taux de chômage se stabilisera à 11,25% !
CQFD. En effet, la France doit présenter un programme de réforme douloureuse
à la Commission européenne mi-avril.(2) C’est-à-dire que les
salariés vont souffrir encore davantage. Le gouvernement qui projette de
raboter les allocations familiales, devrait ensuite s’attaquer à la
retraite : augmenter, d’une part la durée du travail et, d’autre part,
baisser les pensions. Ça va faire vraiment mal.
C’est
pourquoi, le premier ministre appelle les Français à un «compromis
historique» pour préserver le modèle social. C’est ce qu’on appelle de la
démagogie ! En effet, selon le dictionnaire Le Petit Robert, le
«compromis» signifie «convention par laquelle les parties, dans un litige,
recourent à l’arbitrage d’un tiers» ; ou «arrangement dans lequel on se
fait des concessions».
Tout
le monde sait que les deux parties en litige sont les salariés et le patronat
qui a les oreilles et les faveurs de l’arbitre (le gouvernement et l’OCDE).
C’est pourquoi le faux «arbitre» nous promet des réformes douloureuses-pour
les salariés bien sûr- qui devraient faire augmenter, sur le terrain, le taux
du chômage, développer la précarité de l’emploi, accélérer la baisse du pouvoir
d’achat et la diminution des pensions, allonger la durée du travail, augmenter
la flexibilité, cédant ainsi aux exigences du MEDEF. C’est précisément le
modèle social français qui en prend un coup. L’arbitre est vendu !
Lorsque
le premier ministre s’exprime, on croit entendre François Fillon, le premier
ministre potiche de Nicolas Sarkozy. C’est ce que pense Emmanuel Maurel,
secrétaire national du Parti Socialiste (PS), pour qui l’accord sur l’emploi
signé en janvier par les partenaires sociaux «reprend les fameux accords compétitivité-emploi de
Sarkozy, que François Hollande avait condamnés.»(4) A ceci près
que les «accords compétitivité-emploi» de Sarkozy ont été rebaptisés «accords
de maintien dans l’emploi» avec les conséquences que l’on sait :
augmentation du taux de chômage !
Au
PS «on» s’agace de plus en plus d’un «virage libéral» de M. Hollande.(4)
Sur le terrain, c’est Harlem Désir, premier secrétaire du PS, qui paie
les «pots cassés». Le 28 février, à Marmande (Lot-et-Garonne), il
animait des «ateliers du changement», lorsqu’un participant a lancé «revenez
à gauche» ! (5) Message on ne peut plus clair.
«Virage
libéral» signifie que parallèlement au développement de la précarité, du
chômage et de la pauvreté, le nombre des riches ne cesse d’augmenter. Ainsi,
nous apprenons que Liliane Bettencourt, héritière de l’Oréal, est désormais la
femme la plus riche au monde (9e rang, 30 milliards de dollars, soit
23 milliards d’euros) et Bernard Arnault, propriétaire du groupe de luxe LVMH,
est 10e, avec une fortune estimée à 29 milliards de dollars. (6)
Pourtant,
ce sont leurs serviteurs au MEDEF qui exigent encore et encore plus de «compétitivité» !
La mondialisation de l’économie augmente les moyens de pression du patronat
qui, devenu sans patrie, agit en position de force en France et ailleurs. Pour
preuve : «les destructions nettes d’emploi s’élèveraient quand
même à 74 000 pendant la première moitié de l’année.» (7)
Faute
de pouvoir compter sur les ménages français, «La reprise ne peut venir que
de l’extérieur», note Claire Guélaud, journaliste. (7) Car «le
pouvoir d’achat des ménages reculerait de 0,1% et leur consommation marquerait
le pas.» L’investisseur venu d’ailleurs exigerait également une hausse de
la «compétitivité» pour faire baisser le coût horaire du travail. C’est
un serpent qui se mord la queue.
Malgré
les mises en garde, le premier ministre persiste et signe : «Ma
rigueur, c’est la réforme» ce qui n’est rien d’autre qu’insister dans la
voie du «virage libéral», conduisant inéluctablement à une impasse
généralisée.
A.R.
(1) Francine
Aizicovici et Philippe Jacqué- Le Monde du 17-18 mars 2013.
(2) Dernières
Nouvelles d’Alsace (DNA)- 21 mars 2013.
(3) Claire Guélaud-
Le Monde du 20 mars 2013.
(4) S.I.- Le Monde
du 08 mars 2013.
(5) Hélène
Bekmezian, Bastien Bonnefous, Françoise Fressoz et thomas Wieder- Le Monde du
09 mars 2013.
(6) AFP, cité par Le
Monde du06 mars 2013.
(7) Claire Guélaud-
Le Monde du 23 mars 2013.
Le FN
est-il l’avenir de l’UMP ?
A
l’issue d’un mois de conflit à couteaux tirés, entre François Fillon et
Jean-François Copé, un accord de sortie
de crise a été signé entre les deux hommes le 17 décembre 2012.
Sous
une apparence trompeuse d’unité, rien ne va plus entre François Fillon et
Jean-François Copé. Dans un entretien accordé au quotidien Le Monde, François
Fillon s’exprime clairement sur ses valeurs : «La stratégie des boucs
émissaires en visant les étrangers, l’Europe ou les chefs d’entreprise. Moi je
m’y oppose.» (1)
En
prenant ses distances avec la «stratégie des boucs émissaires», François
Fillon se démarque donc des tenants d’une ligne populiste et clivante, soutenue
par les «amis» de Nicolas Sarkozy dont Jean-François Copé, conseillés par
Patrick Buisson, venu de l’extrême droite maurassienne.
La
brouille entre les deux hommes reflète avant tout la persistance d’une confusion
idéologique au sein de l’UMP, désormais privé d’un chef, capable d’unifier
toutes les tendances, dont celle qui n’hésite plus à considérer le «Front
national» (FN) comme un parti comme les autres.
Certains,
comme Michel Guénaire, avocat et écrivain, se réclament de cette
tendance. «Le temps est révolu de l’ancrage du Front national à l’extrême
droite (…) Alain Juppé dit qu’il y a une différence de valeurs entre
l’UMP et le Front national. Je ne le crois pas, ou je ne le crois plus.» (2)
Michel Guénaire n’avance aucun argument. Nous proposons de l’aider dans sa
réflexion.
Suite
à sa politique de «dédiabolisation», Marine Le Pen déclarait jeudi 03
février 2011 que «ce qui s’est passé dans les camps nazis est le summum de
la barbarie.» (3) Une prise de position claire et nette, mais
qui ne trompe personne en ce qui concerne sa nature opportuniste. En effet, en
politique il faut savoir mentir et l’extrême droite est maîtresse en la
matière. En réalité, le FN reste antisémite, pétainiste, raciste, nationaliste
et maurassien.
On
voit bien qu’il y a une différence radicale de valeurs entre les républicains
et le Front national, issu de l’alliance du groupuscule d’extrême droite «Ordre
nouveau» et du groupe «Militant» dirigé par d’anciens SS, Pierre Bousquet et
Jean Castrillo. Il n’est de secret pour personne que le FN comprend des
monarchistes, des catholiques intégristes, des maurassiens et autres
nostalgiques de Pétain et de l’Algérie française.
Certaines
franges de l’UMP ne veulent pas voir la vérité en face et, au prix de perdre
leur âme républicaine, embellissent le FN. Car, une crise profonde secoue
l’UMP. Pour 2014, dans de nombreuses villes, le parti n’arrive même pas à
former de liste pour les municipales.
Pour
certains analystes de la vie politique, les électeurs de droite ont une culture
politique bonapartiste et ont l’habitude de suivre un chef. Or, le spectacle de
division donné par François Fillon et Jean-François Copé a laissé des séquelles
et fait fuir les électeurs. (4)
Comment
sortir de la crise actuelle ? Vu la confusion idéologique de l’UMP ainsi
que le manque de charisme de Jean-François Copé et de François Fillon, certains
n’hésitent pas à se tourner, ne serait-ce que timidement, vers le Front
national, dirigé par une «chef» qui monte dans les sondages.
Mardi
19 mars 2013, Marion Maréchal Le Pen interpelle Manuel Valls à l’Assemblée
nationale : «Vous dénoncez le fait que la majorité des Roms ne
souhaite pas s’intégrer dans notre pays, monsieur le ministre, je rejoins votre
constat, car vous avez raison.»(5) Elle a été acclamée par une
vingtaine de députés UMP ! Pour l’ex-ministre UMP de l’agriculture, «le
pire c’est que ces encouragements [des députés UMP] ont été spontanés.
Et il fallait voir ceux qui sont allés ensuite la féliciter… Ce n’est
plus une digue, mais un simple lacet qui sépare aujourd’hui la droite de
l’extrême droite.» (5)
A
travers Marion Maréchal Le Pen, la vingtaine de députés UMP, applaudissait en
fait Le FN et envoyait un message à Marine Le Pen et à l’UMP. A moins d’un
miracle, une scission de l’UMP, entre les lepénistes et les républicains de
droite semble inévitable.
Pour
nous, le plus inquiétant, c’est l’approbation par la députée frontiste des
propos inacceptables anti-Roms du ministre socialiste de l’intérieur. Nous
osons espérer, Monsieur le ministre, que vous n’êtes pas sur la même longueur
d’onde populiste que l’extrême droite, qui saisit toutes les occasions pour
s’en prendre à des populations fragiles et marginalisées afin de mieux défendre
le grand capital.
Si
certains Roms ont des problèmes d’intégration, c’est avant tout à cause des
difficultés administratives, rencontrées en France par cette population,
martyrisée et discriminée dans son pays d’origine et du racisme dont elle est
victime. L’exemple d’«Anina, la petite mendiante rom devenue major de la
Sorbonne», (6) fait mentir tous les clichés diffusés par l’extrême
droite et les racistes sur les Roms.
L’avenir
ne semble pas très rose, d’autant plus que la réorganisation de la droite
finira par donner un certain avantage à l’extrême droite, peut-être bientôt au
sein d’un gouvernement à l’italienne. Merci monsieur Nicolas Sarkozy ;
vous avez bien abimé la République !
A.R.
(1)
Alexandre Lemarié et Vanessa Schneider-Le Monde du 27
février 2013.
(2)
Michel Guénaire- Le Monde du 14 septembre 2012.
(3)
Le Monde du 05 février 2011.
(4)
Thomas Guénolé- Le Monde du 16 mars 2013.
(5)
Ariane Chemin- Le Monde du 24-25 mars 2013.
(6)
Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) du 25 mars 2013.
La
politique migratoire…
Si l'été fut éreintant pour CASAS(
l'association qui se charge d'aider les demandeurs d'asile à constituer leur
dossier), le travail augmentant alors qu'elle avait perdu 50% de ses salariés,
la situation de l'hébergement d'urgence sérieusement dégradée, l'espoir
demeurait: en ce début d'été : les familles avec des enfants de moins de
trois ans étaient logées par le Conseil Général du Bas-Rhin, et Valls avait
annoncé en juin une loi promettant un titre de séjour pour trois
ans(1).Cependant pas moyen de trouver un hébergement pour un lycéen et sa mère,
et à la fin de l'été on trouvait à nouveau des familles avec jeunes enfants à la
rue.
Les annonces allaient dans le bon sens: les
possibilités de passer de la carte d'étudiant-e à celle de salarié-e étaient
étendues (même si elles existaient sous Guéant) (1). Valls annonçait
la fin de la rétention des familles et précisait qu'elles seraient assignées à
résidence. Cependant il y a eu des familles retenues à Metz et ailleurs, et il
a fallu intervenir pour faire cesser leur rétention.
-Fin du délit de solidarité.
- Abrogation du paiement de trente euros pour
avoir droit à l'aide médicale d'urgence.
-En août 2012 suite aux évacuations contestées
des campements de Roms paraît une circulaire prévoyant des mesures
d'accompagnement (scolaire, santé, etc. ;). La liste des métiers qui leur
sont ouverts est rallongée.
-Les taxes payées par l'employeur et le
ressortissant étranger pour bénéficier de la carte de travail sont supprimées.
Ils peuvent bénéficier de formations. (On remarquera que le statut particulier
des Roumains et Bulgares prenant fin en janvier 2014, ces réformes sont
obligatoires).
-Cependant le droit de travailler est soumis à
autorisation préfectorale.
Le 28 novembre une circulaire précise les
critères de régularisation des sans-papiers. Le but n’est pas de régulariser en
masse. Le dossier est compliqué et long à constituer. Même si toutes les
conditions sont remplies, c’est le Préfet qui décide en dernière instance, car
une circulaire n’est pas opposable en droit.
Le refus de séjour est accompagné d’une
obligation de quitter le territoire, voire d’une interdiction du territoire. La
régularisation est difficile. On demande les bulletins de salaire, qui sont
impossibles à fournir pour des travailleurs et des travailleuses qui ne sont
pas déclaré-es (2)
Nouvelle circulaire le 11 mars 2013 :
Elle prétend rompre avec la politique du chiffre mais a pour objectif de faire
un maximum d’éloignements. Chaque décision de libération sera comptabilisée
comme un échec du préfet.
Objectifs :-
Identifier les patrons faisant
travailler les sans-papiers
-
déclarer
les personnes en situation irrégulière au fichier des personnes recherchées
-
est
considéré comme un délit la non-communication de papiers permettant d’éloigner
la personne. Il peut être puni de 5 ans d’interdiction du territoire.
-
les
retours volontaires ne seront plus comptabilisés.
Des protocoles sont signés avec les autorités
judiciaires. (3)
La publication de la circulaire coïncide à
Strasbourg avec la mise en place d’une politique d’accès plus difficile pour
les citoyens souhaitant assister aux audiences du JLD (juge des libertés et de
la détention), qui prolonge la rétention des sans papiers en l’absence de
solution (régularisation, renvoi dans le pays d’origine quand on peut
l’identifier ou audience au Tribunal Administratif). Auparavant nous pouvions
avoir communication des audiences par téléphone. Dorénavant on doit se
présenter au greffe le matin même pour avoir les informations, m’a dit la
greffière quand je me suis présentée le lundi matin 18 mars pour avoir
communication des audiences de la semaine.
Pour
que le message soit clair Manuel Valls déclare dans la presse que les Roms ont
vocation à retourner en Roumanie parce que beaucoup « ne
souhaiteraient pas s’intégrer dans notre pays ».
A l’été 2010 Nicolas Sarkozy Président s’était
déjà aventuré sur ce terrain- là dans
son « discours de Grenoble ». Mais « début septembre le Parlement
Européen avait « enjoint » au gouvernement français de suspendre
l’expulsion des Roms. Fait curieux, il se trouve que le président du plus
important groupe parlementaire européen, le Parti Populaire Européen, qui
regroupe les démocrates-chrétiens et les conservateurs, est un adhérent de
l’UMP : il s’agit de l’Alsacien Joseph Daul.»(4) Le problème
est récurrent.
Nos ministres de l’intérieur, à droite comme à
gauche, sont fort occupés des problèmes migratoires. Nos gouvernements traitent un
symptôme sans s’attaquer aux raisons profondes de la crise, en utilisant
le système du bouc émissaire pour faire diversion.
E.H.
1. Intervention d’Annie Kayser, présidente du Conseil Régional de la CIMADE
au stammtisch du Club Jacques Peirotes le 25 mars 2013-04-07
2. Journal de l’Organisation de Femmes Egalité n°67mars 2013 p
26-27
3. L‘enregistrement audio de l’intervention d’Annie Kayser est disponible
sur La feuille de chou
Bulletin de la Fédération Syndicale Unitaire d’Alsace n°56
p 6
lundi 18 mars 2013
Bulletin n° 51 de Justice & Libertés
Info
N°51 – février- mars 2013
Bulletin de
Justice & Libertés
Comité de vigilance contre l’extrême droite et pour le respect de l’Etat de Droit
Comité de vigilance contre l’extrême droite et pour le respect de l’Etat de Droit
Membre de la
Coordination Nationale Contre l’Extrême Droite (CONEX)
Non aux politiques d’austérité !
La
politique économique «merkozy» nuit
gravement à la santé sociale
«Austérité», «rigueur» ou «désendettement». Quel que soit le terme choisi, les conséquences en sont catastrophiques pour les salariés : précarité, licenciement-surtout financier-, chômage : «Le taux de chômage actuellement de 10,5% en France devrait grimper à 10,7% en 2013, puis à 11% en 2014, selon Bruxelles.» (1) (Suite page 2)
Les ayatollahs de la régression sociale de la droite décomplexée
Les deux prétendants à la direction
de l’UMP, comparés à Nicolas Sarkozy, sont des «seconds couteaux», des
exécutants.
La course aux arguments empruntés à l’extrême droite, et à la
régression sociale, bat son plein à l’UMP. (Suite page 3)
Hommage à
Stéphane Hessel l’indigné
(Suite page 4)
Non aux politiques
d’austérité ! (Suite de la 1ère page)
La paupérisation se développe de plus en
plus et les organisations charitables-Restaurants du Cœur, Croix Rouge, Secours
Populaire, Banque Alimentaire- sont submergées. Personne n’y échappe :
jeunes ou moins jeunes, vieux, femmes et hommes en pleine force de travail sont
réduits à manifester ou à s’accrocher à leur outil de travail, susceptible
d’être délocalisé ou d’être fermé définitivement. «GAD SAS [la société
bretonne des abattoirs], Doux, mais aussi PSA Aulnay, Petroplus,
Goodyear,…la liste des défaillances et des fermetures d’entreprises ne cesse de
s’allonger. En 2012, quelque 266 fermetures de sites industriels ont été
recensés, soit 42% de plus qu’en 2011. En l’espace de quatre ans, 1087
fermetures ont été annoncées.» (2)
En face, la bourse se porte comme un
charme et les patrons n’hésitent pas à afficher leur salaire mirobolant (comme Carlos
Ghosn, patron de Renault). L’écart entre la minorité de Français nantis et les
autres se creuse et le pays n’a jamais compté autant de millionnaires,
redevables de l’«impôt sur la fortune» (ISF).
C’est la politique d’austérité appelée
également «merkozy», cette politique économique imposée par les institutions
ultra libérales telles que le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque
centrale européenne (BCE) ; cette politique appliquée assidûment par le
couple Merkel-Sarkozy qui est à l’origine des problèmes de stagnation, de
paupérisation, de fermeture d’usines et de chômage de masse que connait la zone
euro.
Rien qu’en France, «30 000
chômeurs par mois depuis l’élection de François Hollande» (1)
s’ajoutent à l’armée des chômeurs du pays. Même les différents plans comme le «contrat
de génération» ou les «emplois d’avenir», si louables et nécessaires
soient-ils, ne sont pas en mesure de combattre ou de ralentir la poussée du
chômage, du déclassement et de la paupérisation qui gagnent du terrain.
François Hollande reconnaît lui-même : «l’année 2013 sera marquée par
une progression du chômage.» (1)
En effet, «les entreprises pourraient supprimer
200 000 emplois d’ici à fin 2014 en France.» (3) Si la
croissance se maintient à zéro en 2013 et 2014, ce sont 500 000 emplois
supplémentaires qui disparaîtront, selon Eric Heyer, de l’Observatoire Français
des Conjonctures économiques. (3)
Et même une partie de la majorité est
consciente qu’elle «se coupe du social, du monde syndical et associatif»
selon Jérôme Guedj, l’élu de l’Essonne. Toujours selon lui : «Je ne
vois pas où on va, j’ai peur qu’on revive 2002 en 2017.» (4)
C’est dans un tel climat d’explosion du
chômage que le ministre du budget, Jérôme Cahuzac annonce qu’il faudra trouver
en 2014 «6 milliards d’euros de recette» en plus pour assurer la
stabilité fiscale. (4)
Un autre gagnant de la crise actuelle
est l’extrême droite. Marine Le Pen et ses alliés identitaires n’hésitent pas à
distribuer des tracts incendiaires à connotation «sociale» devant les usines en
difficulté.
Ainsi le Collectif Antifasciste Rennais
explique : «Le 23 Mars le groupe d’extrême
droite Jeune Bretagne organise à Chartres de Bretagne une conférence
intitulée : «Que faire face à la crise sociale européenne ?». Cette organisation n'a pas choisi cette ville
de façon anodine. Elle compte utiliser
les licenciements et l'attaque patronale de la direction de PSA frappant
l'usine de La Janais, comme les autres sites du groupe, pour se faire connaître
et développer ses thèses xénophobes et violentes.»
«Désendettement- rentrées fiscales
supplémentaires-récession-chômage-baisse du pouvoir d’achat-récession» devient
un cercle vicieux. Alors, pourquoi continuer sur une pente glissante qui
conduit droit à tant de désastres sociaux ? Nous avons combattus ensemble
la «TVA sociale» du pouvoir sarkozyste et, maintenant,
on nous informe que, pour trouver les 6
milliards de recettes supplémentaires pour 2014, «les députés PS envisagent
d’augmenter la TVA à 20,5%» (5) en lieu et place de 20%. Cet
impôt injuste touche en particulier les catégories sociales défavorisées et ne
fera qu’aggraver la récession.
Pour éviter que la politique actuelle
n’entraîne notre pays dans une paupérisation de masse aggravée avec le risque
de développement de l’extrême droite, Justice &
Libertés demande que soit mise en œuvre une politique de justice
sociale et fiscale véritable.
(1)
Jean-Baptiste
Chastand- Le Monde du 27 février 2013.
(2)
Laurence Girard-
Le Monde du 27 février 2013.
(3)
Dominique
Gallois- Le Monde du 28 février 2013.
(4)
Hélène Bekmezian
et Bastien Bonnefous- Le Monde du 28 février 2013.
(5)
Claire Guélaud-
Le Monde du 1er mars 2013.
Les ayatollahs…
(Suite de la 1ère page)
Suite
au processus de «dédiabolisation» du FN-satisfaisant aussi bien pour le
FN que pour ses compères de l’UMP-, c’est maintenant au tour de l’UMP de
s’éloigner du cadre républicain pour se rapprocher davantage du FN, de ses
valeurs et de celles de ses composantes. C’est la démarche de la «droite
décomplexée» si chère à Jean-François Copé et à ses lieutenants.
Ci-dessous, quelques démarches de convergence :
Le
16 janvier 2013, Lionnel Luca, député UMP et un des chefs de file du «Collectif
de la droite populaire», déposait une proposition de loi, cosignée par
Marion Maréchal-Le Pen, Alain Marleix, l’ancien secrétaire d’Etat UMP et
d’autres UMP «décomplexés». La proposition portait sur la reconnaissance
du «génocide vendéen de 1793-1794» (1).
Un
autre signal de convergence est venu de Christine Boutin- une figure des
intégristes au sein de l’UMP- à qui le testament de Louis XVI «révèle son
amour pour Dieu, sa famille et son peuple». Ce signal devrait satisfaire
les intégristes des deux bords.
A
l’initiative de Jacques Bompard, élu d’extrême droite et un des fondateurs du
FN, plusieurs responsables d’extrême droite débattront des libertés à
l’Assemblée nationale, où sont invités des représentants de leur mouvance mais
aussi deux membres de l’UMP, qui ont confirmé leur présence à l’AFP. (2)
Convergences
UMP-FN sur la lecture de l’histoire, sur la figure «martyre» de Louis XVI, sur
les «libertés», grâce aux projets de lois, des dialogues et des colloques. Que
veut le peuple de droite ?!!!
Faut-il
rappeler que le travail de «convergence» a commencé sous Nicolas
Sarkozy, conseillé par Patrick Buisson, venu de l’extrême droite. Actuellement,
ledit conseiller continue son travail d’«unification de toutes les droites»
auprès des responsables de l’UMP dont Jean-François Copé qui admet avoir
«adopté pendant la campagne interne pour la présidence du parti une ligne
clivante, dans la continuité de celle préconisée par M. Buisson pour la
campagne présidentielle de M. Sarkozy.» (3)
Voici
ce que pense Patrick Buisson du combat fratricide Copé-Fillon : «Incontestablement,
Jean-François Copé aura fait montre d’un grand courage dans le combat des idées.»(4)
Y
a-t-il une différence notable entre Jean-François Copé et François
Fillon ? Force est de constater que les deux candidats à la présidence de
l’UMP ne ratent aucune occasion pour se réclamer de l’héritage sarkozyste. Le
21 août 2012, sur RMC, Jean-François Copé a parlé de son «lien très
singulier, très personnel» avec Nicolas Sarkozy, et souligné qu’il a «partagé
avec lui tous ses combats» (5)
De
son côté, François Fillon dit haut et fort que «toutes critiques contre le
bilan de Nicolas Sarkozy sont des critiques contre moi-même.»(6)
Ces
déclarations montrent bien que les deux prétendants à la direction de l’UMP
sont, par rapport à Nicolas Sarkozy, des «seconds couteaux», des exécutants
d’un théoricien que Renaud Dély (7) qualifie d’«inventeur de la
droite brune». Les journalistes ne se sont pas trompés lorsqu’ils notent
que dans son programme, François Fillon a intégré des fondamentaux de la
campagne de Nicolas Sarkozy : pas d’aide sociale sans
contreparties ; «assimilation» obligatoire pour les immigrés, qui
seraient «sanctionnés quand ils ne s’intègrent pas» ; fermeté en
matière de sécurité. (8)
A
son tour, Jean-François Copé reprend la plupart des thèmes de campagne de
Nicolas Sarkozy, de la lutte contre l’assistanat à l’immigration
incontrôlée. «Je m’inscris dans sa continuité (…) en incarnant une
droite décomplexée. » (8)
On
voit bien que sur le fond, il n’y a pas de différence notable entre
Jean-François Copé et François Fillon qui a mené campagne sur une ligne
radicale. Il devrait exister de petites différences de méthodes, liées au
parcours ou à la personnalité de chacun.
La
«droite décomplexée» est donc une droite qui cible les couches
défavorisées de la société qualifiées d’«assistés», terme employé par l’extrême
droite. Comme elle, la «droite décomplexée» attise les peurs de la
société en ciblant les «étrangers» -Roms, Musulmans, Maghrébins- qui ne
s’«intègrent» pas et sont la cause des maux dont souffre le pays. En détournant
la colère des travailleurs français vers les travailleurs étrangers et les
sans-papiers, l’étranger devient le bouc émissaire qui protège la grande
bourgeoisie financière et industrielle de la colère populaire. La
stigmatisation des «élites», jetées en pâture au «peuple», la dénonciation
du «système»- la République-, l’éloge des électeurs d’extrême droite
qualifiés de «voix de la France qui souffre», sont quelques traits
caractéristiques du populisme à la française.
Imitant
Jean-Marie Le Pen au soir du 21 avril 2002, qui prétendait en appeler «aux
petits, aux sans-grades», Nicolas Sarkozy lançait à ses partisans rassemblés
pour son premier meeting d’entre-deux-tours : «Je veux parler aux petits,
je veux parler aux sans-grades, je veux parler aux ruraux qui ne veulent pas
mourir, je veux parler aux travailleurs qui ne veulent pas que celui qui ne travaille
pas gagne davantage que lui […], je veux parler à tous ceux dont l’opinion ne
compte pas parce qu’ils ne manifestent pas, parce qu’ils ne protestent pas,
parce qu’ils ne cassent pas, mais qu’ils ont le droit d’être respectés et,
nous, le devoir de leur répondre !... »(7)
Bref,
c’est le langage et le projet lepénistes qui forment le discours et le projet
de la «droite décomplexée».
Comparant
Nicolas Sarkozy à ses lieutenants, Stéphane Rozès, président de la société de
conseil Cap, écrit : «La droite décomplexée de Nicolas Sarkozy
pouvait emprunter au bonapartisme, au conservatisme ou à la droite
maurassienne, avec la grande plasticité idéologique qui le caractérise. Mais,
aujourd’hui, la droite décomplexée, c’est la ligne maurassienne de Patrick Buisson.»
(9)
Le cœur du projet de la
«droite décomplexée» est rétrograde,
antisocial, xénophobe et raciste.
D’aucuns
pensent que la «droite décomplexée» a perdu le contact avec le pays
réel. «De part et d’autre de l’Atlantique, la guerre à l’impôt, le moindre
d’Etat, la remise en cause des acquis sociaux, le nationalisme, le procès fait
au libéralisme post-1968 en matière de mœurs, ne suffisent plus nécessairement
à unir une majorité. Analogues par leurs origines, les crises d’identité que
traversent les deux droites, française et américaine, supposent de profonds
aggiornamentos.»(10)
L’avenir
nous dira si la «droite décomplexée» est un mirage sans lendemain pour
la droite ou un cauchemar pour les Français.
(1)
Le Monde du 19 janvier 2013.
(2)
L’EXPRESS.fr du 25 janvier 2013.
(3)
Le Monde du 26 janvier 2013.
(4)
Le Figaro du 13 novembre 2012.
(5) Patrick Jarreau- Le Monde du 24 août 2012.
(6) Abel Mestre- Le Monde du 28 août 2012.
(7)
Renaud Dély- La droite Brune- Flammarion ENQUÊTE.
(8)
Alexandre Lemarié- Le Monde du 1er septembre 2012.
(9)
Pierre Jaxel-Truer- Le Monde magazine du 1er décembre 2012.
(10)Philippe Bernard-Service International- Le Monde
du 08 décembre 2012.
Hommage à Stéphane
Hessel (suite de la 1ère page)
Décédé
le 27 février 2013 à 95 ans, Stéphane Hessel fut toute sa vie un infatigable
défenseur des Droits de l'Homme.
Pendant
la Seconde Guerre Mondiale, il participa à la Résistance, fut arrêté et déporté
en camps de concentration, dont il réchappa de justesse.
Devenu
diplomate à l'ONU, il participa à l'élaboration de la Déclaration Universelle
des Droits de l'Homme en 1948, déclaration qui fut pour lui une référence
constante et le conduisit à s'engager dans de multiples combats pour leur
défense, contre toutes les oppressions.
Son
autre référence fut le programme du Conseil National de la Résistance,
programme élaborant une politique de justice sociale pour la France.
En
2010, il publiait : «Indignez-vous !» pour inciter les
jeunes générations à ne pas accepter et à résister contre un monde d'injustices
et d'inégalités.
Cet
ouvrage fut suivit rapidement de : «Engagez-vous !».
Ses
engagements divers et prolongés lui valurent de nombreuses attaques et
calomnies.
Il
nous a montré la voix de l'esprit de résistance et de non- résignation à
l'injustice.
Pour
tout ce qu'il nous a apporté et l'exemple qu'il nous a montré, nous lui rendons
un très sincère hommage.
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