jeudi 29 mars 2012


Vigilance

Info

N°46 − mars 2012

Bulletin de

Justice & Libertés

Comité de vigilance contre l’extrême droite et pour le respect de l’Etat de Droit


Politiques libérales

Crises et fascisme

La crise de 1929, comme celle de 2008, est partie des Etats-Unis ; elle s’est rapidement répandue dans les pays développés, en particulier en Europe et en Amérique latine.

Elle a les mêmes causes, surproduction et suraccumulation de capitaux, boom spéculatif des banques. Elle engendre les mêmes effets avec des faillites, un chômage massif, et aux Etats-Unis un endettement des ménages estimé à 10 milliards de dollars.

Quant aux conséquences politiques, la crise de 1929 occasionna un virage à droite et une fascisation dans la plupart des pays : en Amérique latine, 12 pays passèrent à des gouvernements d’extrême droite dont 10 dans le cadre de coup d’état militaire.

(Suite page 2).

Le FN du côté du peuple ? Sarkozy «candidat du peuple» ? On ne va quand même gober ça!

Le ras le bol, la colère de nos concitoyens sont compréhensibles : les mensonges et les promesses non tenues du pouvoir actuel, la crise du capitalisme qui les plonge dans la précarité, l’incertitude devant l’avenir, ou même la pauvreté, les salaires bloqués ou en baisse alors que les prix flambent en sont des raisons suffisantes. (Suite page 4)


En Europe, l’effet politique le plus lourd de conséquence fut la victoire en Allemagne du régime nazi d’Hitler en 1933 avec l’appui de l’oligarchie industrielle de ce pays. Peu après, ce fut les dictatures féroces de Salazar au Portugal et de Franco en Espagne.

A ce premier constat du lien entre crises et fascisme s’ajoute le fait que ultra droite, fascisme, nazisme furent les réponses des milieux dirigeants face au danger de la révolution sociale (vocabulaire d’époque), de la montée en puissance sur la scène politique de la classe ouvrière et à la propagation possible de la révolution d’octobre. En France, dès 1931, les milieux dirigeants de droite, préparent une relève politique d’extrême droite avec un gouvernement Pétain-Laval (Pétain est avec Weygand chef de la branche militaire de la Cagoule). L’objectif est d’abattre la IIIème République (la Gueuse) et d’instituer un gouvernement fasciste avec l’appui de l’Action Française, des Croix de Feu, des Jeunesses Patriotiques, ligues financées par les organisations fascistes d’Italie et d’Allemagne. La montée revendicative des mouvements sociaux, conjuguée à un puissant mouvement antifasciste permit la victoire du Front Populaire, retardant ainsi les plans de l’oligarchie qui touchent tous les domaines : sociaux, politiques, financiers, économiques, moraux.

Les politiques menées de 1920 à 1929 furent des politiques néolibérales (à l’ancienne) c'est-à-dire favorisant les profits d’une caste (les 200 familles) au détriment des besoins sociaux de la population accumulant les inégalités, suraccumulant les capitaux, gonflant de façon inconsidérée le crédit, conduisant ainsi à la crise. La crise de 1929 signe ainsi la condamnation de ce libéralisme. Il a fallu attendre plus de 50 ans pour voir réapparaître des régimes dits néolibéraux, différents des précédents (lire La révolution conservatrice américaine de Guy Sorman) et dont les prototypes entre les années 1970 et 1980 furent les gouvernements de Reagan aux Etats Unis et Thatcher en Grande Bretagne.

Aujourd’hui, bien des choses ont changé : les conditions de production, les progrès scientifiques techniques et médicaux… L’avancée des connaissances dans tous les domaines permet infiniment plus de richesse produite par le travail et le génie humain. Et pourtant, la situation s’apparente à celle de la crise précédente. C’est l’affrontement mondialisé entre le grand capital et le travail. Cette crise est totale, elle affecte tous les aspects de la vie, partout sur le globe, au point de mettre en péril la civilisation et l’existence de la planète. A cet égard, le grand capital utilise à son profit les institutions européennes et internationales, faisant de celles-ci des enjeux de lutte. Tel est le terreau qui permet une porosité accrue entre droite et FN en France.

II) Sarkozisme et Fascisme

La politique de démantèlement des liens de solidarité construits au cours du temps par de multiples luttes sociales et qui sont le fondement de notre action utilisent les thèses du FN, et même, en met en application certaines à l’aide d’un arsenal de lois répressives. Sans recourir à l’énumération bien connue de ces mesures cassant le modèle social français, on peut illustrer les arguments idéologiques utilisés par 4 exemples ;

. Accuser les divers gouvernements de gauche d’être responsables de la crise qui entraine l’austérité, et dénoncer avec un esprit revanchard le programme du CNR, la retraite à 60 ans, la semaine de 37 heures 30… et dans un même mouvement s’attaquer au droit du travail. Au slogan Travail, Famille, Patrie de Pétain, répond en écho le triptyque de Sarkozy Travail, Responsabilité, Autorité.

. Attribuer la responsabilité des souffrances de la population à des boucs émissaires, en propageant une idéologie d’Etat raciste, axée essentiellement sur l’islamophobie, vantant la supériorité de notre civilisation et ses racines chrétiennes (?). Le but est de diviser les salariés, de les opposer les uns aux autres, de rendre la population docile en flattant son besoin de sécurité, bref de distraire l’opinion publique des questions essentielles et d’arriver à dissocier le vote des électeurs de leurs intérêts propres.

. Attaquer les corps intermédiaires. Sarkozy stigmatise les instances de la République, de l’Etat de Droit et ses représentants : les élus, les syndicats, les fonctionnaires etc. sont ainsi livrés à la vindicte populaire.*

.Valoriser le modèle allemand. L’exemple allemand est donné en promotion aux Français pour aider à les convaincre d’accepter toujours plus d’austérité. Pour cela, aidé par une certaine presse, Sarkozy n’hésite pas à falsifier la réalité qui est bien moins brillante que celle qui nous est présentée, sauf, bien sûr, pour une petite caste de privilégiés. La réalité quotidienne pour la population allemande est que des millions d’hommes et de femmes en sont réduits à la soupe populaire et plus de 2 millions de salariés gagnent moins de 5 euros par heure ; la réalité est que plusieurs centaines de milliers de retraités de 65 à 75 ans sont obligés de chercher des petits boulots pour survivre.

Avec des conditions différentes, ces positions politiques présentent des constantes indépendantes de ces époques. Ainsi, le régime de Vichy, désigne dans sa propagande, les responsables de la défaite : le Gouvernement de Front Populaire et ses acquis sociaux (la semaine de 40 heures et les 15 jours de congés payés…), une République, la Gueuse, confisquée par les Rouges, les étrangers, les métèques, les francs maçons, les juifs, les homosexuels. Bref, à deux époques différentes on retrouve la persistance des thèses maurrassiennes d’extrême droite de la fin du XIXème siècle. Et on en connait les monstrueuses conséquences politiques.

Sous Vichy, au-delà du Hitler plutôt que le Front Populaire, les milieux dirigeants vouaient une admiration sans bornes au modèle du IIIème Reich, en particulier pour les structures mises en place pour paralyser toute capacité de défense des salariés, bloquer toute lutte sociale, en clair toute prétention à revendiquer une augmentation de la part des salaires sur la valeur ajoutée créée par ces mêmes salariés. Dès 1940, le gouvernement de Pétain dissout les syndicats, crée des syndicats corporatistes sous contrôle du patronat, et avec le slogan Travaillez plus instaure la semaine de 48 heures à 70 heures selon les branches.

III) COMPLEMENTS D’ACTUALITE

Le monde actuel est secoué par une cascade de crises systémiques s’emboitant les unes aux autres. Par ce qualificatif, il faut entendre qu’elles touchent toutes les dimensions de l’activité humaine. Cela signifie en outre que les différents éléments constitutifs de nos sociétés, les institutions, les budgets, l’économique, le social, l’environnemental, le politique, forment un tout étroitement interdépendants où chaque élément peut être cause et effet de crises qui vont fortement perturber tout le système. Une conséquence de cette complexité est que, dans son déroulement au cours du temps, une situation donnée peut déboucher sur une multiplicité de possibilités politiques non prévisibles a priori.

Or, ce que l’on constate au contraire, c’est l’installation, dans la plupart des pays d’Europe, de gouvernements de droite et même d’ultra droite( la France ) ou fascisants (le gouvernement de Victor Ordan en Hongrie ) menant tous des politiques ultra libérales sous la férule de l’Union Européenne, avec ses instruments (Commission Européenne et BCE),elle-même servant de relais à des institutions internationales telles que le FMI ou l’OMC. La raison de cette situation tient dans un rapport de force dans le fameux conflit Capital/Travail, qui est aujourd’hui en faveur du Capital. Ce sont des gouvernements d’ultra droite qui conviennent le mieux pour satisfaire les exigences de profit maximum des gros détenteurs de capitaux. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de comprimer les dépenses publiques et les salaires, de procéder à des défiscalisations massives, provoquant ainsi une augmentation de la dette publique avec des conséquences très graves sur l’emploi, le chômage, la précarité, la santé, l’éducation. Il s’ensuit l’obligation, pour mener une politique néolibérale conséquente, d’un remodelage complet de toutes les sphères de la société, où le citoyen sera dépossédé de tout moyen d’intervention.

En France, c’est Sarkozy qui met en œuvre ce programme. Mais il n’a pu aller jusqu’au bout, car il s’est heurté à une forte résistance populaire qui s’est exprimée par de puissantes manifestations. C’est pourquoi ce théologien du libéralisme est obligé de jouer les prolongations pour terminer le job et éradiquer définitivement ce qui subsiste du programme du CNR. Continuer ce qu’il a commencé, c’est ajouter de l’austérité à l’austérité, aggraver les crises actuelles et en engendrer de nouvelles ; c’est fixer la Grèce comme horizon pour la France.

Il a été esquissé dans les deux premiers paragraphes la présence d’invariants entre des époques et des situations historiques différentes. Malgré ces différences, un élément commun est présent : le Grand Capital, hégémonique, utilisant toujours les mêmes recettes.

Dans ce contexte, l’Union Européenne joue sa partition en menant une offensive concertée destinée à reprendre au niveau supranational tout ce qui a pu être acquis par l’un ou l’autre pays dans les domaines sociaux et dans l’exercice de la démocratie. La signature, vendredi 2 mars, par Sarkozy d’un nouveau traité écrit sous la dictée de Madame Merkel constitutionalise l’austérité à perpétuité. Ce traité qui n’a été soumis à aucune instance parlementaire est un nouveau coup de force contre la souveraineté populaire. Il ne sera pas soumis par référendum au peuple français, alors que Sarkozy propose par ailleurs de multiples référendum destinés à stigmatiser chômeurs et immigrés.

Vouloir concilier les lois du marché et les besoins sociaux (et culturels : la réduction du temps de travail est autant un besoin économique qu’un temps de vie pris sur le temps de travail pour chaque individu ) est une exigence totalement irréaliste, ses deux termes étant irréductiblement incompatibles. Seule une rupture significative, rompant avec le libéralisme peut permettre de mener une politique au service des besoins de la société. Ce sera au peuple de trancher. En connaissance de cause ?

Le mot de la fin :

La guerre des classes existe, c’est un fait, mais c’est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner. C’est Buffett qui a dit ça, deux F, deux T, Pas Marie Georges, non, Warren, première fortune mondiale.

G.M.


[[i] * Paul Kruman, Prix Nobel d’économie a qualifié ces leurres qui ont pour but de distraire la population des questions essentielles d’Armes de distraction Massives (ADM).]

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Le Front national du côté du peuple ? Le piège est vraiment trop grossier !

(Suite de la première page).

Alors que le nombre de millionnaires français n'a jamais été aussi élevé, que l'actionnariat est toujours rentable et que la bourse se porte bien, même pendant la crise, les systèmes de santé, d'éducation et de retraite sont maltraités, l'esprit de solidarité foulé aux pieds.

Beaucoup d'électeurs sont tentés de se tourner vers Marine Le Pen et le Front National, qui se prétend non compromise avec le système, et à l'écoute du peuple français dont elle affirme défendre les intérêts.

Une famille bien enrichie.

Pas plus que le couple Sarkozy, la famille Le Pen ne fait partie des « gens modestes », mais des multipropriétaires : maison de campagne près de Dreux, hôtel particulier à Saint-Cloud (suite à l'héritage du cimentier Lambert), 50 % de parts dans l'hôtel particulier de Montretout (!), estimé à 6,5 millions d'euros. Jean-Marie Le Pen fait régulièrement l'objet de redressements fiscaux, suite à des «oublis» dans ses déclarations. Elles soient donc bien loin, les origines populaires. Difficile alors d'être le candidat des « petites gens » !

Le Front National a déjà gouverné !

Aux élections municipales de juin 1995, Toulon, Marignane et Orange élisent un maire FN, comme « des points d'appui de la reconquête nationale », puis Vitrolles en 1997 : en plus d'une politique anti-culturelle et raciste, cette politique creuse les déficits, à cause d'une gestion calamiteuse. Ces élus ont très vite été battus, et ont disparu de la circulation, sauf Bompard à Orange, qui a quitté le FN, créant la «Ligue du Sud». La Chambre Régionale des Comptes souligne qu'une grande partie des dépenses de la mairie correspondent en réalité à de la consommation personnelle ; Mme Bompard Marie-Claude (maire de Bollène) est dans le même cas, avec des achats de nuits d'hôtel (détente) et de cigares. En voilà qui n'ont pas les « mains propres » !

Marine Le Pen est conseillère régionale dans le Nord Pas de Calais.

Jean-Marie Le Pen et sa fille, élus au Parlement européen de Strasbourg, sont parmi les recordmen de l'absentéisme ; Marine Le Pen siège (très peu : 2 fois sur 25) à la commission « Emploi et Affaires Sociales » du Parlement, dont elle fait partie. Père et fille interviennent rarement, ne proposent rien. Quand ils sont présents, ils votent avec la droite. Louis Aliot, le compagnon de Marine Le Pen, élu en 2010 au Conseil Régional de Languedoc-Roussillon, n'y siège pas souvent... Mépris pour les fonctions électives ou dégât collatéral du cumul des mandats ?

Le Front National est une girouette politique !

Comme le pouvoir sarkozyste a appliqué une grande partie du programme du FN, il est nécessaire pour ce parti de trouver de nouveaux thèmes pour s'y opposer.

Marine Le Pen, conseillère régionale d'Ile de France est pour les OGM, la même, plus tard, conseillère régionale du Nord Pas de Calais, est contre. Avant la catastrophe de Fukushima elle est favorable au nucléaire, après elle est contre. Un jour contre les «privilégiés» qui se battent pour leur retraite, un autre réclamant la retraite au bout de 40 annuités (sans âge de départ), enfin réclamant le départ à 60 ans (désaccord avec le père). Un programme qui varie au gré des sondages et des événements est-il sérieux ?

Le Front National prépare un rapprochement politique avec ceux-là même qu'il dénonce !

Un président bien conseillé : Patrick Buisson, ancien directeur de « Minute », actuel conseiller de Sarkozy, reçoit cet hommage de JM Le Pen : «Il a donné à Sarkozy les mots, les codes, le langage qu'il faut employer vis-à-vis des électeurs du F.N.» Le « Monsieur Opinion » de l' UMP et porte parole de Nicolas Sarkozy est Guillaume Peltier, un ancien du FN, et du MNR de Bruno Mégret. L'extrême- droite est implantée dans l'UMP !

Quelques exemples de ce que déclare «la droite populaire» (44 parlementaires!) : Pour Christian Vanneste et Lionnel Luca (député des Alpes Maritimes), les homosexuels sont «une menace pour la survie de l'humanité».

En septembre 2011, la droite populaire publie un programme en 12 points, dont « accroître la lutte contre l'assistanat », restreindre la Couverture Maladie Universelle, restaurer le délit d'outrage à la Nation etc.

«Minute», hebdomadaire d'extrême droite, a consacré un dossier à Thierry Mariani, ministre des Transports et patron de la droite populaire, dans lequel il affirme que Marine Le Pen « peut faire un beau résultat, mais cela ne lui servira à rien dans l'immédiat » !!!

La «droite populaire», dont l'objectif est constituer «un parti populaire, musclé et national» qui fait un copié -collé des idées de l'extrême-droite, négocie depuis au moins deux ans avec le FN pour une recomposition politique en cas d'échec du sarkozysme avec une partie de l'UMP radicalisée et un FN indispensable pour gagner des élections: le FN (représenté par Paul-Marie Coûteaux) et l'UMP (Guillaume Peltier) se rencontrent régulièrement. Pour préparer une alliance ? Voulons-nous imiter ce qui s'est passé en Italie (la Ligue du Nord associée au gouvernement Berlusconi), ou ce qui se passe en Hongrie, où des milices en uniforme paradent dans la rue ? De bien mauvais souvenirs...

Mais ça ne s'arrête pas là : en février, Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, a affirmé l'inégalité des civilisations devant les étudiants de l'UNI (syndicat d'extrême-droite). Arno Klarsfeld président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, nommé par Sarkozy, a proposé le 13 mars la construction d'un mur de 130 kilomètres entre la Grèce et la Turquie : «Un mur c'est fait avec des barbelés, un mur quoi.» : ça tourne mal dans la famille des chasseurs de nazis !

Autre thème commun au FN et à l'UMP : la lutte contre la fraude sociale (Sécurité sociale, allocations chômage et familiales), qui est évidemment inadmissible, mais difficile à évaluer par définition (entre 4 et 20 milliards d'euros !, 1/ 1000e des dépenses de l'Etat selon le député PS Le Guen), mais il faut aussi se référer aux fraudes aux cotisations des employeurs, qui coûterait entre 8 et 15 milliards d'euros selon un rapport du député UMP M. Tian.

Ce n'est plus une passerelle qui relie le FN à l'UMP, c'est un véritable boulevard !

Le Front National n'a pas changé !

Il s'agit d'une nouvelle répartition des rôles: au père les dérapages verbaux, les discours racistes et d'exclusion (pour ménager la vieille garde), à la fille le vernis de respectabilité (pour conquérir de nouveaux électeurs). Notons qu'à l'UMP, on retrouve la même répartition des tâches entre un Xavier Bertrand et un Guéant p. ex.

Alors que Marine Le Pen prétend défendre les services publics (auxquels les Français restent attachés), sur des sites amis du FN on peut lire ceci : « un grand nettoyage par le fond de cette chienlit de fonctionnaires privilégiés, incapables et arrogants qui s'imaginent être au-dessus des lois et des règles ». Pendant le mouvement pour la défense des retraites, qui a mobilisé des centaines de milliers de manifestants et obtenu le soutien d'une très large majorité de nos concitoyens, elle a traité ceux qui luttaient «d'émeutiers». Pour lutter contre la dette, il faut «réduire les dépenses», donc évidemment couper dans les budgets sociaux et réduire encore le rôle protecteur de l'Etat, ou les dépenses des collectivités locales. Pas un mot sur les taux abusifs pratiqués par les banques privés. Le FN veut alléger le coût du travail, augmenter le temps de travail par des incitations salariales (bref, «travailler plus pour gagner plus») ; pas un mot sur la dégradation des conditions de travail. Bref, ces propositions aggraveront nos conditions de vie et de travail.

Par rapport aux syndicats, le FN préfère des corporations, moins revendicatives et plus facilement contrôlables. Sur ce point encore, Nicolas Sarkozy est très proche du parti lepéniste : «J'ai compris que les vrais blocages ne viennent pas du peuple français, mais de certains syndicats...» ; Corinne Lepage rappelle alors que «c'est comme ça qu'a commencé la montée des fascismes en Europe dans les années trente».

Quant aux femmes, on les renvoie à la maison avec un revenu parental ; on déremboursera l'IVG tout en s'en prenant au Planning Familial (donc restreignant l'accès à la contraception). Une nouvelle fois, les femmes seront doublement victimes d'un système oppressif.

Même si le discours a changé, le fond n'a pas changé : il reste le même, raciste, avec le mythe de «la France éternelle», le recours à une politique autoritaire. Sa prétendue défense de la laïcité est une façon de s'en prendre aux musulmans.

Marine Le Pen prétend traiter la question de l'immigration à travers des dossiers concrets (donc non plus comme l'obsession de son père) : l'économie, le logement, avec la même base de mensonges sur les « profiteurs », puisque les travailleurs immigrés cotisent aux différentes caisses, paient des impôts, bref ils contribuent positivement à l'économie française.

L'extrême-droite a toujours joué le rôle de chien de garde du capitalisme : Hitler, qui a été élu au départ, a pu tromper bien des Allemands, par la création d’emplois, en mettant en avant la défense du peuple et la sécurité : la suite est connue.

Le discours de l'extrême-droite flatte le peuple, mais dès qu'il est pouvoir, il défend le capitalisme qui le finance : il s'agit d'un masque.

Bref, le Front National nous prend pour des imbéciles !

Il défend l'emploi ? Mais dans les Bouches du Rhône il a voté contre une subvention au groupe Fralib (thé et infusions) pour maintenir l'emploi !

Il est boycotté par les médias ? Il passe autant sur les radios et à la télévision que les autres groupes politiques, et beaucoup plus que certains !

Il prétend ne pas pouvoir exposer son programme et ses idées, mais il passe son temps à se plaindre à propos des 500 signatures qu'il a bien sûr obtenues !

Il défend le peuple ? Mais quand le voit-on se mobiliser pour la justice sociale ?

Alors, chers concitoyens, si vous êtes en colère....

Il y a suffisamment de candidats aux présidentielles en France (8 : en-dehors du FN et de l'UMP) pour exprimer votre rejet du sarkozysme.

Mais s'occuper de la politique, ce n'est pas seulement voter tous les cinq ans, vous pouvez aussi agir :

en renforçant un syndicat

en allant demander des comptes à votre député lors de ses permanences: c'est lui qui vote les lois et les mesures qui nous concernent

en vous engageant dans une association qui renforce la solidarité

en militant dans un parti politique ou dans un collectif (contre la dette, contre le racisme, pour la défense des services publics...)

en participant à des discussions politiques avec vos collègues, vos amis, vos proches afin de démasquer l'extrême-droite

en imposant une politique sociale et l'égalité entre les citoyens, qui se soucie du bien-être de la population

La situation n'est pas désespérée : selon un récent sondage (janvier) 72 % des Français ne font pas confiance à Marine Le Pen pour exercer des responsabilités gouvernementales : allez, encore un effort !

Contre les discours de haine, contre les lendemains en «brun marine», organisons la démocratie ; contre le désespoir, le découragement, reconstruisons le vivre ensemble, la solidarité...

Le courage politique, ce n'est pas de se serrer la ceinture : le Conseil National de la Résistance a imposé la sécurité sociale, la retraite, la liberté de la presse après la seconde guerre mondiale, alors que la France était ruinée et exsangue... Alors, à nous de jouer, pour la justice et les libertés !

JLH.



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