vendredi 17 février 2012


Vigilance

Info

N°45 – janvier- février 2012

Bulletin de

Justice & Libertés

comité de vigilance contre l’extrême droite et pour le respect de l’Etat de Droit

Analyse du «projet pour la France» du

Front national

Brun Marine

L’origine de la crise actuelle

Plusieurs études montrent que la crise économique et sociale actuelle prend racine, d’une part, dans la désindustrialisation et les délocalisations massives et d’autre part dans la mise en place d’une stratégie qui a pour objectif déclaré d’augmenter les profits afin de générer une croissance des investissements devant déboucher sur la création de nombreux emplois.

La stratégie consistant à augmenter les profits a porté ses fruits. En effet, «dans les pays développés, les profits ont augmenté de 83% entre 2000 et 2009 se traduisant en dividendes pour les actionnaires et en investissements financiers plutôt qu’en investissements productifs. Les immenses revenus générés ont été employés pour alimenter la spéculation» (1).

Depuis 1980, les délocalisations ont coûté 2 millions d’emplois à la France (500 mille depuis 2000). Conséquences : la part de l’industrie dans le PIB (Produit intérieur brut) est passée de 24% à 14%. (Suite page 2).

Halte à la xénophobie d’Etat!

Communiqué d’Une Autre Voix Juive (UVAJ) (Suite page 6)


Actuellement, il existe «deux France [qui] suivent des chemins opposés»(2). La France touchée par «la désindustrialisation et les plans sociaux à répétition» concerne 65% de la population et est constituée d’ouvriers et d’employés. Autrement dit, 40% d’électeurs- appelés également électorat populaire- sont concernés par cette France qui souffre d’un taux de chômage et d’emploi partiel supérieur à la moyenne nationale. Cette France s’est manifestée par l’abstention aux différentes élections en 2007, en 2008, en 2009 et en 2011.



Un constat amer s’impose : pour l’électorat populaire, «le vote Front national n’est plus un vote de sanction ou d’avertissement mais un vote d’adhésion.»(3)

Au fur et à mesure du développement et de l’approfondissement de la crise, le discours de Marine Le Pen a pris une tournure sociale, passant du néolibéralisme à l’étatisme qualifié d’«ethno-socialiste»(4).

Pourquoi «ethno-socialiste» ? Parce que les fondamentaux du Front national et de Marine Le Pen n’ont pas changé. Par leur choix idéologique et politique, Marine Le Pen et son parti sont fondamentalement d’extrême droite. A vous de juger.

L’ethnicisation du débat politique, basée sur une conception ethnique de la France, forme l’ossature de la politique du Front national. C’est de là que découle sa politique sociale basée sur la «préférence nationale», transformée récemment en «priorité nationale»(5). Pour Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite, «cette petite ouverture» du projet frontiste «reste discriminatoire». «Logement et aides sociales ne seraient plus réservés aux seuls Français. La différence avec la «préférence nationale» est que les étrangers en situation régulière ne sont plus exclus de manière intégrale. Mais ils passent au second, face à un demandeur français, sur des critères non pas sociaux, mais de nationalité»(5). Poussant la logique d’exclusion encore plus loin, nous pouvons en conclure que le «Français de souche» aura l’ascendance sur le «Français immigré».

Il n’y a donc qu’une différence sémantique entre «préférence nationale» et «priorité nationale» qui érige toujours l’exclusion en loi. Le racisme anti arabo-musulman du FN ressort une fois de plus lorsque Marine Le Pen proclame dans son projet présidentiel que les allocations familiales, elles, seraient «réservées aux familles dont un parent au moins est français ou européen».

Comme la «préférence nationale», la «priorité nationale» établit une hiérarchie ethnique- si chère à Jean-Marie Le Pen- dans l’octroi des prestations sociales. N’est-ce pas lui qui disait : «j’aime mieux mes filles que mes cousines et mes cousines que mes voisines» ?

Quelle est l’origine de l’opposition à l’immigration du Front national (FN) et du «projet pour la France» de Marine Le Pen ?

La lecture des discours de Le Pen et des idéologues du FN montre qu’ils ont une conception ethnique du «peuple» qui subordonne les droits des gens à ceux de la communauté ethnique ou de la divinité(6). Et le peuple, selon le FN, est le peuple ethnique, «homogène», dont la composition est fixée depuis des millénaires. Ainsi au XIIe «conseil scientifique» du FN qui s’est déroulé en 1996 sur le thème des origines de la France, les actes diffusés en brochures au sein de l’encadrement parlent de l’importance essentielle donnée au facteur racial dans la définition de la nation.

Dans son discours lors du «conseil scientifique», Jean-Marie Le Pen insiste sur l’homogénéité du peuple. Le FN est contre l’immigration, car il faut, selon lui, préserver l’homogénéité du peuple(6). Au cours de son intervention Jean-Marie Le Pen défend longuement l’expression «inégalité des races» et réaffirme : «Oui, il y a inégalité des races comme il y a inégalité des civilisations. Je persiste et je signe»(6).

Le FN et ses cadres sont obsédés par le caractère indo-européen de la nation française d’une part, et par la référence au christianisme d’autre part. Que pense Bernard Anthony, ancien membre du bureau politique, ancien député européen et catholique traditionnaliste, de ses anciens amis du FN ? Selon lui, ses anciens amis sont «païens, antichrétiens, racistes, antinationaux, germanophiles, etc(6)

La nouvelle mouture du programme du FN, publiée en 2001, sous le titre «Pour un avenir français, le programme de gouvernement du front national» explicite, dans le chapitre «immigration», que «la présence et le développement, année après année de colonies de peuplement […] sont pour notre identité nationale une menace mortelle : ils modifient en profondeur la substance même du peuple français […] La France est une nation «venue du fond des âges» et sa population est, pour l’essentiel, fixée depuis plus de deux millénaires. […] Mais, contrairement à l’immigration venue des pays européens au milieu du XIXe siècle et au début du XXe siècle ou aux élites venues des possessions d’outre-mer l’intégration massive de millions de ressortissants immigrés […] détruit cette identité. Il faut donc inverser le courant de l’immigration.»

Le durcissement idéologique du «projet pour la France» de Marine Le Pen répond aux soucis



du programme du FN, concocté par Jean-Marie Le Pen. En effet, comme nous l’avons indiqué plus haut, les arabo-musulmans présentant un danger pour «l’homogénéité de la nation», les allocations familiales, elles, seraient «réservées aux familles dont un parent au moins est français ou européen» donc de souche indo-européenne. Pour inverser le courant de l’immigration, Marine Le Pen veut supprimer le droit du sol ; réduire le nombre annuel de migrants, le ramenant de 200 000 à 10 000 entrées par an, supprimer l’acquisition automatique de la nationalité, établir la double peine, supprimer le regroupement familial, réduire la durée de la carte de séjour de 10 à 3 ans; procéder à une assimilation forcée-via l’école notamment- et à la suppression de certains volets de la Politique de la Ville.

Ce n’est que la première étape d’une purification ethnique, adaptée à la cinquième République, qui devra préparer le terrain aux étapes suivantes, celles conduisant à l’émergence d’une «république pétainiste» et son cortège d’horreur, lorsque Marine Le Pen et son parti prendront le pouvoir.

Jean-Marie Le Pen n’a jamais caché son rêve de purification ethnique. Dans un document intitulé «Contrat pour la France avec les Français : Le Pen président», on lit : «Il conviendrait donc de réexaminer les conditions d’octroi de la nationalité française aux 2500 000 étrangers et immigrés naturalisés français depuis 1974», voire les «nombreux immigrés [à qui] des pratiques illégitimes ont permis, depuis 30 ans, […] d’obtenir la nationalité française.»

Marine Le Pen n’a rien renié

Marine Le Pen n’a rien renié, ni critiqué. Elle ne fait que transformer en «projet politique» le rêve ethnique de son père et autres idéologues du FN. Elle n’a pas critiqué, non plus, les dérapages racistes et pro nazis de son père, lorsqu’il a dit qu’«en France du moins, l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine même s’il y a eu des bavures inévitables

Le 25 avril 2010, à l’occasion de la Journée des déportations, le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, s’est rendu à Vichy. Pour le rabbin «les juifs de France gardent en mémoire que si Vichy a abouti à une faillite morale, que si le gouvernement d’alors s’est déshonoré en contribuant à la perte d’un quart de la population juive de ce pays, les trois quarts doivent leur survie à la sympathie sincère des Français non juifs et à leur solidarité agissante, surtout à partir du moment où ils ont compris que les familles juives tombées aux mains des Allemands étaient vouées à la mort.»(7)

Nous voyons bien que la position de Gilles Bernheim vis-à-vis de Vichy- «une faillite morale »- et des nazis- «les familles juives tombées aux mains des Allemands étaient vouées à la mort»- est claire. Mais Jean-Marie Le Pen ne l’entend pas de cette oreille. Invité du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, dimanche 25 avril 2010, Jean-Marie Le Pen a commenté la visite à Vichy du grand rabbin de France : «peut-être l’a-t-il fait aussi en remerciement de l’action du gouvernement de Vichy(8)

Résumons l’action du gouvernement de Vichy à l’égard des Juifs de France : sur les 75 721 Juifs déportés de France vers les camps nazis-dont 11 400 enfants- entre 2500 et 3000 ont survécu. Pour Jean-Marie Le Pen, il faut encore remercier Pétain ! Marine Le Pen, vice-présidente du FN, n’a rien dit, ni critiqué les propos honteux et pro vichyste de son père. En tant que vice-présidente, elle n’avait qu’à acquiescer et continue à assumer les déclarations et autres prises de positions antérieures de son ancien patron de père.

Dans un article intitulé «En Italie, Marine Le Pen consolide ses liens avec la droite «dure»», Abel Mestre, journaliste du quotidien Le Monde écrit : «Ludovic de Danne, chargé des affaires européenne et des relations avec la presse étrangère, était par contre du voyage ainsi que Frédéric Chatillon. L’ancien leader du Groupe union défense (GUD)-groupuscule étudiant d’extrême droite «musclée»-, qui s’occupe aujourd’hui de la communication de Marine Le Pen…»(9)

Marine Le Pen confie sa communication-secteur stratégique- à l’ancien leader du GUD de et s’affiche sans complexe avec des néonazis endurcis. Elle est présidente du FN, un parti d’extrême droite néo nazi, une création du groupuscule d’extrême droit «Ordre nouveau» qui a rallié le groupe Militant dirigé par d’anciens SS, Pierre et Jean Castrillo. Plus tard, Jean-Marie Le Pen obtiendra le ralliement des nationalistes révolutionnaires néofascistes, de monarchistes, de catholiques intégristes et de cadres de la Nouvelle Droite néopaïenne. Alors bleu Marine ? Non, brun Marine jusqu’à la moelle.

Avec le «projet pour la France» de Marine Le Pen, le FN est aujourd’hui doté d’un projet


global d’extrême droite, couvrant toutes les questions attendues d’un tel parti.

En ce qui concerne «la famille et l’enfance», le FN compte réduire le nombre des avortements. La famille doit être fondée sur l’union d’un homme et d’une femme et ne peut accueillir que des enfants nés d’un père et d’une mère ; opposition à toute demande de mariage homosexuel ou d’une adoption par des couples homosexuels. Les intégristes de tout bord jubilent. Plus réactionnaire et homophobe que le FN tu meurs.

Concernant les anciens combattants, le FN souhaite légiférer pour lutter contre les attaques (médias, filmographe, ouvrages) dont est victime l’Armée française ou ses membres-grande satisfaction des tortionnaires-, notamment au sujet de la période coloniale ; refuser la date du 19 mars 1962 en tant que Journée nationale commémorant la fin de la guerre d’Algérie. Les nostalgiques de l’Algérie française jubilent.

Bref, le «projet pour la France» du FN est un catalogue d’interdits et de menaces dont la peine de mort est, logiquement, la cerise sur le gâteau : interdiction de la recherche médicale et de la thérapie génique sur l’embryon, réduction du nombre des avortements [avant la suppression de la loi Veil ?], abaissement de la majorité pénale, renforcement de la justice des mineurs, réduction des subventions aux associations s’occupant de l’immigration, interdiction des manifestations politiques d’étudiants ou d’enseignants organisées pendant les heures de cours, exigence d’une tenue vestimentaire sobre, renforcement de la sélection à l’Education Nationale, renforcement du racisme organisé dans le domaine sportif, rétablissement de la peine de mort, etc.,etc. Ce projet est digne d’un régime totalitaire et obscurantiste.

Le programme économique du FN est un patchwork, mêlant idées de gauche (le contrôle des banques…) et de droite, et qui a évolué au fil des ans. Le FN abandonne les positions très libérales de son premier leader, son hostilité à l’impôt sur la fortune, pour promettre un Etat stratège, selon une tradition colbertiste d’industrie d’Etat dans certains secteurs stratégiques, ou du moins de politique industrielle.

La mesure phare du programme est la sortie de l’euro et le retour au franc sur la base d’un franc pour un euro. Sortir du système de la Banque centrale européenne permettrait une dévaluation compétitive relançant les exportations, sans créer l’inflation. On sait que la France réalise 50% de ses échanges avec la zone euro. On peut douter que les pays voisins, avec lesquels l’économie française est extrêmement liée restent sans réagir par des mesures de rétorsion : quels en seraient les effets ?

Philippe Lamy, citant Les Droites et l’économie en France au XXème siècle, rappelle qu’il est difficile d’écrire l’histoire des droites radicales et de leur politique économique. Les orientations sont diverses et confuses, avec peu de références historiques en dehors du corporatisme de Vichy ou de l’Etat totalitaire du fascisme qui, à ses débuts, ne récusait pas le libéralisme économique. La stratégie de Marine Le Pen n’est pas idéologique et plus politique.

Une école de pensée est derrière le programme économique du FN. Va-t-on vers un fascisme du XXIème siècle, troisième voie entre capitalisme et communisme ? (10)

La laïcité

Dans son «projet pour la France», le FN veut réaffirmer les principes de laïcité. Pour Marine Le Pen, «il n’y a pas cinquante moyens de lutter contre l’islamisation de notre pays. Il y a soit la laïcité, soit la croisade. Comme je ne crois pas à la croisade, je pense qu’il faut user de la laïcité, qui n’est pas le laïcisme» (Présent du 22 décembre 2010).

Le FN veut s’appuyer sur un principe de la République Française afin de cibler la seule religion musulmane et prolonger ainsi la guerre quadridécennale du FN contre l’immigration.

La lecture par le FN-et par Marine Le Pen- de la laïcité est complètement biaisée, contraire à l’esprit républicain. L’extrême droite et les forces affidées ont transformé la laïcité en instrument d’inquisition et de guerre ethnique.

Pour les vrais républicains la laïcité c’est la tolérance, c’est le vivre ensemble. La tolérance laïque permet la vie en commun dans la diversité des désirs et des couleurs. La laïcité, c’est rechercher les éléments de convergence entre des cultures, des croyances, des philosophies.

La laïcité, ce n’est pas la police de la pensée, qui au pays des Lumières, brimerait les religions, les cultures, les croyances, les philosophies.

La lepénisation progressive de l’UMP

A quand date le début de la lepénisation de l’UMP ? Une chose st sûre : tout porte à croire que l’UMP a adopté définitivement le langage, la politique populiste et anti immigrée de l’extrême droite. Avec l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, la lepénisation de l’UMP s’est accélérée. Nicolas Sarkozy a deux conseillers : le «gaulliste social» Henri Guaino et l’ancien directeur de la rédaction de Minute, puis de Valeurs actuelles Patrick Buisson, issu de l’extrême droite, qui baigne depuis l’enfance dans l’univers de Charles Maurras. Avec le glissement progressif de l’UMP vers les positions droitières, une quarantaine de députés en son sein a formé le «Collectif de la droite populaire» qui prêche les mêmes thématiques que le FN. Le mardi 12 juillet 2011, le «collectif de la droite populaire» a fêté son premier anniversaire autour d’un apéritif «saucisson et vin rouge» au salon Gabriel, à l’Assemblée nationale. C’est une banalisation des méthodes de l’extrême droite au sein même de l’Assemblée nationale. (11)

Mais l’UMP est composée de tendances et les agissements de Nicolas Sarkozy ou du «collectif de la droite populaire» ne pouvaient pas ne pas déranger. Aujourd’hui, la droite et l’UMP en particulier, semblent plus que jamais divisées sur la tactique à suivre. Une droite anti-Le Pen s’est même manifestée en la personne de Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie qui, dans un livre, dénonce le Front national de Marine Le Pen. (12) Madame la ministre en profite pour attaquer sur sa droite les membres de la majorité présidentielle qui seraient tentés par un rapprochement avec le parti d’extrême droite.

Il s’est formée également une aile libérale au sein de l’UMP qui «veut peser sur le candidat Sarkozy(14)

Bref, Nicolas Sarkozy n’arrive plus à unifier l’UMP. En effet, les centristes se regroupent dans un courant «humanitaire». Le trait commun de tous ces courants et contestataires est qu’ils ne mettent pas en cause, du moins ouvertement, la politique raciste de Nicolas Sarkozy. Pourtant, Claude Guéant dit «regretter» ses propos sur les Comoriens de Marseille ou Henri Guaino critique le discours de Grenoble du 30 juillet 2010 du chef de l’Etat, estimant que l’éphémère circulaire sur les Roms avait été «une faute». Pendant ce temps là, Claude Guéant avance presque chaque jour des mesures contre les étrangers. Avant, le ministre ciblait les immigrés clandestins. Désormais, selon le ministre, «la France accueille «trop» d’étrangers en situation régulière(15). La lutte contre les fraudes sociales : Claude Guéant cible les étrangers(16). Une manipulation grossière et populiste de plus par Claude Guéant. En effet, selon la Cour des comptes, la fraude sociale des allocataires-français et étrangers confondus- est estimée à environ 3 milliards d’euros par an et ne pèse rien face à la fraude fiscale des entreprises et des ménages aisés qui s’élève, quant à elle, à 45 milliards d’euros. (18)

On ne peut qu’être d’accord avec le titre du quotidien Libération du 29 novembre 2011 : «Guéant : La voix de Le Pen».

Même Jean-Pierre Raffarin commence à s’agacer de l’attaque permanente dont fait l’objet l’ensemble des étrangers : «ne mélangeons pas tous les immigrés, ne faisons pas des immigrés des adversaires globaux. L’immigré qui respecte la règle, c’est un ami de la République, un ami de la France.»(17)

Pour Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), un think tank libéral et proche de l’UMP, le basculement du Sénat à gauche, s’explique ainsi : le débat sur la laïcité, la loi sur la burqa, le discours de Grenoble ont été contre-productifs : ils ont créé un malaise au sein de l’électorat modéré. Les discours de la Droite populaire, ses formules à l’emporte-pièce sont une insulte à l’intelligence.»(13)

Est-ce le début de la fin de cette bande raciste qui nous gouverne? Espérons qu’il en soit ainsi. Les sondages montrent que la majorité des Français attend des mesures concrètes et efficaces pour résoudre la crise économique et sociale qui inquiète sérieusement. La recherche de bouc émissaire ne suffit plus pour cacher l’incompétence d’une clique raciste à bout de souffle.

Communiqué Paris, le 14 décembre 2011

Halte à la xénophobie d’Etat !

Comme en 2007 lors de la campagne électorale, pour se dédouaner de sa politique antisociale qui enfonce, sous couvert d’austérité, le pays dans la crise, attirer les voix d’extrême droite et diviser le peuple, la droite gouvernementale intensifie actuellement son argumentation xénophobe à un niveau inégalé depuis la crise des années 30 et ce de la part des plus hauts responsables de l’Etat.

Pas un jour ne passe sans une nouvelle déclaration du ministre de l’intérieur contre les étrangers. Les arguments de sinistre mémoire et les méthodes utilisées par le gouvernement Sarkozy pour les stigmatiser, les désigner chaque jour à la vindicte publique, ne peuvent que révolter les signataires d’Une Autre Voix Juive. Alors que l’injustice sociale et l’atteinte aux droits démocratiques s’accentuent, désigner tour à tour les étrangers employés en France, les étudiants diplômés étrangers, les demandeurs d’asile, les Roms… comme boucs émissaires, prétendre que le droit de vote des étrangers aux élections locales constitue une grave menace, est attenter aux valeurs de la République et à l’universalité des droits humains. C’est ainsi nier tout ce que les étrangers ont apporté et apportent, aujourd’hui encore, à notre pays par leurs compétences, leur travail et leurs cultures. C’est nier leur participation aux combats pour la libération de la France.

Devant cette chasse aux étrangers chaque jour plus agressive et cette incitation ouverte au racisme, Une Autre Voix Juive s’élève avec indignation contre les propos et les méthodes utilisés par le gouvernement Sarkozy et appelle à les condamner.


(1) Bruno Palier- Directeur de recherche du CNRS au Centre d’études européennes de Sciences Po et membre du conseil scientifique de Terra Nova- Le Monde du 07/12/2011.

(2) Philippe Guilbert, sociologue- Le Monde du 07/12/2011.

(3) Le Point de rupture, Fondation Jean-Jaurès- cité par Le Monde du 07/12/2011.

(4) Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique- Le Monde du 07/12/2011.

(5) Le Monde du 22/11/2011.

(6) Les voleurs d’avenir. René MONZAT.

(7) Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) du 25 avril 2010.

(8) Le Monde du 27 avril 2010.

(9) Le Monde du 23-24 octobre 2011.

(10) Groupe de travail Extrême droite & Economie, travail et droits de l’Homme de la LDH. Compte-rendu de la réunion, à la LDH à Paris, du 27 septembre 2011 sur le programme économique du Front national.

(11) Le Monde du 14 juillet 2011.

(12) Le Monde du 28 juin 2011.

(13) Le Monde du 28 septembre 2011.

(14) Le Monde du 10 novembre 2011.

(15) DNA du 29 novembre 2011.

(16) Le Monde du 29 novembre 2011.

(17) Politis n°1180 du 8 au 14 décembre 2011.

(18) Politis- N° 1181- du 15 au 21 décembre 2011.